Elections législatives en Italie : Berlusconi favori
Silvio Berlusconi, critiqué par la presse et une partie de la classe politique européenne pour son implication dans des affaires douteuses, son emprise sur les médias italiens ou l'alliance de son parti avec l'extrême droite, conserve, selon les dernières enquêtes d'opinion publiées, une légère avance sur son rival de centre gauche Francesco Rutelli. Il faudrait une forte mobilisation des abstentionnistes pour que la coalition de l'Olivier puisse inverser la tendance et rester au pouvoir le 13 mai prochain.
La Maison des libertés (Casa delle liberta, CDL), coalition de centre-droit regroupant notamment Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, l'Alliance Nationale (Fini) et la Ligue du Nord du très controversé leader d'extrême droite Bossi semble en mesure de remporter le 13 mai prochain les élections législatives en Italie. Les dernières enquêtes d'opinion, réalisées juste avant la date butoir d'interdiction de publication de sondages, confèrent à la coalition de Berlusconi une légère avance sur l'Olivier, coalition de centre gauche au pouvoir ces cinq dernières années. Francesco Rutelli, ex Verts, choisi pour succéder à Giuliano Amato en cas de victoire, est toujours en retard sur le "Cavaliere" : moins 5 points, selon la dernière enquête Ipsos (1) réalisée entre le 18 et le 23 avril 2001 (48% pour la CDL contre 43% pour l'Olivier). La partie n'est pourtant pas tout à fait perdue pour l'ancien maire de Rome, la dynamique de campagne plaidant en sa faveur. L'Olivier accusait en effet un retard de 15 à 20 points, selon les mesures réalisées en septembre dernier par les différents des instituts de sondage italiens.
Si la CDL est toujours largement en tête dans les provinces riches du Nord de l'Italie, une forte mobilisation au Sud de la botte pourrait peut-être permettre à l'Olivier de renverser la tendance. L'issue du scrutin dépendra fortement de la mobilisation des indécis, évalués aujourd'hui à 25% du corps électoral. Chaque camp dispose pour cela de bonnes et de plus mauvaises cartes dans son jeu.Pour la CDL, il semblerait que la campagne anti Berlusconi, lancée par l'hebdomadaire britannique The Economist et reprise par de grands quotidiens européens (Die Welt en Allemagne, El Mundo en Espagne, voire Libération en France) soit source de mobilisation pour les sympathisants de la CDL. En revanche, le score de la coalition de centre droit pourrait souffrir d'une moindre mobilisation des proches de l'extrême droite, qui manifestent aujourd'hui leur mécontentement face à un programme jugé trop centriste, notamment en ce qui concerne "l'abandon de la volonté sécessionniste face au Sud spoliateur et assisté", rapporte le quotidien Le Monde dans son édition du 30 avril.
On peut également imaginer que les avertissements proférés par le ministre Belge des affaires étrangères Louis Michel, qui annonce de possibles sanctions de l'union européenne à l'encontre d'un gouvernement qui compterait parmi ses représentants des personnalités d'extrême droite, seront prises en considération par certains électeurs ; la Belgique prendra en effet la présidence de l'union européenne le 1er juillet prochain.
De son côté, l'Olivier peut payer cher la division de la gauche italienne. Le Parti Radical d'Emma Bonino, l'Italie des Valeurs d'Antonio di Petro, l'ancien magistrat, ou la Refondation communiste de Bertinotti refusent toujours toute entente avec la coalition de centre gauche. A contrario, les renforts de Giuliano Amato, l'actuel président du conseil et de Massimo d'Alema, son prédecesseur, qui ont assuré qu'ils participeraient au gouvernement en cas de victoire, motiveront peut-être leurs supporters à se rendre aux urnes.
La partie s'annonce tout de même difficile pour la gauche italienne. Le baromètre des tendances des Opinions Publiques en Europe Ipsos-AFP montre en effet que les Italiens souhaitent majoritairement l'alternance depuis maintenant deux ans et demi !
L'Italie est, de tous les pays testés dans ce baromètre, celui où régulièrement le gouvernement est le plus sévèrement jugé. Silvio Berlusconi, l'homme le plus riche d'Italie, semble donc bien parti pour devenir également, au soir du 13 mai, l'homme le plus puissant.
(1) Etude Ipsos, réalisée les 18, 19, 20, 23 avril 2001 sur un echantillon de 1600 individus représentatif de la population italienne inscrite sur les listes électorales
Source : Baromètre Tendances des Opinions Publiques en Europe, Ipsos-AFP