Elections Présidentielle et législatives : la droite et la gauche dos à dos
L'étude Ipsos / Le Point portant sur les intentions de vote législatives et présidentielle dévoile un rapport de forces gauche/droite très équilibré. Si les scrutins avaient lieu dimanche prochain, Jacques Chirac sortirait vainqueur d'un face à face avec Lionel Jospin pour la présidentielle, mais la droite serait devancée par la gauche dans les duels du second tour des législatives.
Pour qui les Français voteraient-ils dans l'hypothèse où des élections législatives auraient lieu aujourd'hui ? D'après l'enquête menée par Ipsos auprès d'un échantillon représentatif d'électeurs, le candidat de la gauche plurielle devancerait le candidat UDF / RPR / Démocratie Libérale de deux points, par 51% contre 49%. A deux ans de l'échéance normale de renouvellement de l'Assemblée Nationale, le rapport de forces est à peine moins équilibré qu'en mars dernier, quand la précédente étude faisait état d'un parfait équilibre 50 / 50. La gauche l'emporterait aujourd'hui dans les tranches de revenus intermédiaires (108 000 - 300 000 F). La droite obtiendrait quant à elle une majorité de voix dans les tranches de revenus les plus élevés (plus de 300 000 F). Plus surprenant, les tranches de revenus les plus modestes (moins de 108 000 F) souhaiteraient également l'alternance, et préféreraient majoritairement le candidat de droite, par 52,5% contre 47,5% des intentions de vote exprimées.
Cet équilibre dans le rapport de force gauche / droite, se retrouve également dans les intentions de vote au premier tour. La gauche plurielle obtiendrait 46% des voix, sans changement depuis le mois dernier, alors que la droite emporterait 40% des suffrages (-1 point), le solde bénéficiant aux partis d'extrême droite, avec 9% d'intentions de vote pour le Front National et 2% pour le Mouvement National Républicain de Bruno Mégret.
Le Parti communiste, avec 9% des intentions de vote (+ 1 point par rapport à mars dernier) devance à nouveau les Verts (8%, -1 point). Un candidat du Rassemblement pour la France n'obtiendrait quant à lui que 4% des suffrages (-2 points). Ce score plutôt faible traduit bien la difficulté du RPF à s'implanter dans le paysage politique, et ce malgré l'attirance des Français pour la personnalité de Charles Pasqua. Ce dernier arriverait en effet en troisième position d'un virtuel premier tour d'élection présidentielle, avec 9% des intentions de vote.
Charles Pasqua serait toutefois nettement distancé par Jacques Chirac et Lionel Jospin, qui emporteraient chacun un tiers des suffrages exprimés. Cette proportion très importante confirme la bipolarisation du débat politique autour des deux têtes de l'exécutif. D'ailleurs, près d'une personne sur quatre et une personne sur cinq n'ont pas souhaité exprimer d'intentions de vote pour respectivement un premier et un second tour de législative. En revanche, il n'y a plus que 15% de sans réponses pour les intentions de vote d'un premier tour de présidentielle, et seulement 13% pour un duel Chirac/Jospin au second tour. C'est incontestablement la perspective d'un tel affrontement qui intéresse aujourd'hui les Français. Les 33 et 32% d'intentions de vote pour Chirac et Jospin respectivement, taux rarement atteints jusqu'alors pour un premier tour, traduisent tout autant une volonté de "vote utile" des Français dès le premier tour que l'absence d'alternative crédible à gauche comme à droite à la candidature des deux têtes de l'exécutif. Peut-être à cause de la cohabitation, l'attention des Français est plus que jamais focalisée sur une confrontation Chirac/Jospin.
Derrière Charles Pasqua, Robert Hue obtiendrait la quatrième place au premier tour, avec 7% des intentions de vote exprimées. Bien que son score soit inférieur de près de deux points à celui qui était le sien lors de l'élection de 1995 (8,7%), le secrétaire général du Parti communiste ne s'en sort finalement pas si mal, eu égard aux performances des autres candidats potentiels.
Jean Marie Le Pen obtiendrait au premier tour 6% des suffrages, devançant largement son rival Bruno Mégret (1%). Mais, avec un score cumulé à 7%, l'extrême droite n'obtiendrait même pas la moitié du score de Jean-Marie Le Pen lors de la présidentielle de 1995 (15,2%). François Bayrou, Arlette Laguiller, Jean Saint Josse ou Dominique Voynet sortiraient tous dos à dos de ce premier tour virtuel, avec chacun un "maigre" 3% des voix. Le résultat décevant de la candidate écologiste, comparativement au score potentiel des Verts aux législatives (8%) révèle peut-être un déficit d'image pour la ministre de l'environnement.
Si les élections avaient lieu aujourd'hui, c'est l'actuel président de la république qui verrait son mandat renouvelé. Jacques Chirac remporterait la présidentielle, en dominant Lionel Jospin de 4 points (52% contre 48%). Son avance diminue toutefois de deux points par rapport au mois dernier (53% / 47% en mars), en partie du fait d'une détérioration du report de voix des électeurs de Jean-Marie Le Pen en sa faveur au second tour.
A deux ans des deux scrutins, cette étude montre combien l'électorat français semble d'ores et déjà se cristalliser autour des deux têtes de l'exécutif. Plus que les municipales ou les législatives, c'est vraiment le duel Chirac / Jospin qui aujourd'hui passionne les Français.