Enquête d’opinion auprès des Français à la veille des élections municipales
A deux semaines du premier tour des élections municipales, Ipsos et la Gazette des Communes ont souhaité dresser un état des lieux des préoccupations des Français, afin d’appréhender les facteurs et thématiques les plus à même de peser dans les urnes. Pour ce faire, Ipsos a interrogé les 22 et 23 février un échantillon de 941 personnes, représentatif de la population française.
Si le logement social constitue aux yeux des Français l’un des enjeux majeurs des élections municipales, l’importance à accorder à la lutte contre l’insécurité fait davantage débat
Près d’un Français sur deux (49%) estime qu’il n’y a aujourd’hui pas assez de logements sociaux dans sa commune. A l’opposé, le nombre de logements sociaux est jugé suffisant pour 38% des Français, tandis que seuls 5% d’entre eux estiment qu’il y en a trop.
Cette impression d’une offre insuffisante de logement sociaux est reprise par la plupart des catégories de Français : elle est soulignée par les personnes vivant en zone rurale (50%) comme par celles qui résident dans l’agglomération de Paris (46%, même si ces derniers se révèlent un peu plus en retrait sur la question), par les plus modestes (55%) comme par les plus aisés (46%), par les sympathisants de la gauche parlementaire (56%) comme par ceux de l’UMP (43%) et du MoDem (54%).
Seuls les électeurs de Nicolas Sarkozy au second tour de l’élection présidentielle oscillent entre suffisance et insuffisance du nombre de logements sociaux, ces deux points de vue étant chacun partagés par 42% d’entre eux.
Ces résultats viennent confirmer l’importance qu’accordent les Français à la question du logement social dans leur ville : rappelons en effet que lors d’une étude réalisée par Ipsos ces dernières semaines, les Français habitant dans les grandes villes (plus de 50.000 habitants) plaçaient le logement social à la seconde place des priorités de leur future équipe municipale au cours des six prochaines années (41%), juste derrière l’environnement, le cadre de vie et la propreté de la ville (45%), mais devant des problématiques telles que les transports en commun, la sécurité des biens et des personnes, la circulation et le stationnement ou l’action sociale.
A ce titre, si la lutte contre l’insécurité avait occupé une place très importante dans les débats précédant les élections municipales de 2001 et, plus encore, l’élection présidentielle de 2002, force est de constater que les programmes des candidats aux élections municipales de 9 et 16 mars prochains accordent une importance moindre à ce thème.
La réaction des Français est à cet égard assez mitigée : une courte majorité d’entre eux (53 %) estime que c’est une bonne chose que l’on parle moins d’insécurité car cela « laisse de la place dans le débat pour aborder d’autres priorités », mais 44% jugent au contraire que cela est regrettable, la lutte contre l’insécurité devant selon eux « être plus présente qu’elle ne l’est actuellement dans la campagne électorale ». Parmi ceux qui aimeraient voir l’insécurité occuper une place plus importante dans les programmes des candidats aux prochaines municipales, on trouve les plus jeunes (les moins de 25 ans), les retraités, les Français aux revenus modestes, mais aussi les électeurs de Nicolas Sarkozy et, logiquement, les sympathisants du Front National.
Jouissant d’une notoriété grandissante, les structures intercommunales sont désormais un acteur de poids dans la campagne pour les élections municipales
Les structures intercommunales (communauté d’agglomération, communauté de communes, syndicat d’agglomération nouvelle) semblent aujourd’hui assez bien ancrées dans le paysage politique local : en effet, seules 16% des personnes interrogées ignorent si leur commune fait partie d’une telle structure, un chiffre probablement moins élevé qu’il y a quelques années. Au total, 71% des personnes interrogées déclarent que leur commune fait partie d’une structure intercommunale, tandis que 13% affirment le contraire.
Les 18-24 ans (29%) les inactifs (23%), les personnes les plus modestes (23%), les personnes sans diplôme (27%) ainsi que les personnes n’affichant aucune proximité partisane (20%) semblent être les moins au fait de l’appartenance, ou non, de leur commune à une structure intercommunale.
Plus visibles, les structures intercommunales sont également appelées à jouer un rôle déterminant dans la vie politique locale : ainsi, 81% des Français dont la commune fait partie d’une structure intercommunale déclarent qu’ils tiendront compte, au moment de leur choix de vote, « de l’action, des réalisations, du bilan et des orientations prises par cette structure intercommunale », dont 49% « tout à fait ». Dans le même temps, respectivement 81% et 82% des Français déclarent qu’ils tiendront compte du bilan de l’équipe sortante ou du programme et des projets des listes en présence au moment de leur choix de vote.
Il apparaît donc que le bilan et les actions entreprises par la structure intercommunale dont fait partie leur commune détermineront tout autant le choix de vote des Français que le bilan de l’équipe municipale sortante ou que le programme des listes en présence.
En outre, le fait que l’on parle beaucoup plus cette année que lors des précédents scrutins municipaux de l’enjeu que représente le contrôle de certaines d’entre elles, très disputé et se jouant à quelques sièges de conseillers près (Lille, Bordeaux, Lyon) devrait renforcer cette tendance.