Entreprises : PME, les mieux cotées
L'enquête Ipsos/CGPME montre que les petites et moyennes entreprises bénéficient d'une bonne image dans l'opinion publique. Les Français sont en revanche beaucoup plus méfiants face aux grandes entreprises et à leurs dirigeants.
Déficit d'image des grandes entrepises
Si un peu plus de la moitié des Français ont aujourd'hui une "bonne image" de l'entreprise (55%, contre 42% d'avis contraire), on constate que cette perception est étroitement liée à la taille de la firme. Ainsi, les PME de moins de 250 salariés sont perçues positivement par les trois quarts des Français (73%). En revanche, seulement 40% des personnes interrogées ont une bonne image des grandes entreprises (54% de "mauvaise image"). Les jugements sont encore plus sévères à l'égard des multinationales, avec seulement 31% de bonnes opinions, contre 60% de mauvaises.
Les plans sociaux, les faillites et les scandales financiers concernant les grandes entreprises - et leur médiatisation - ont très certainement entamé leur crédit dans l'opinion. Dans un contexte d'augmentation du chômage, le poids des plans sociaux est d'autant plus mal perçu qu'il s'accompagne parfois d'annonces de profits importants. Pour beaucoup, c'est la "citoyenneté" des entreprises qui est ici en jeu, que ce soit au niveau des relations avec les salariés (Danone, Alcatel, Vivendi, …), du respect de l'environnement (TotalFinaElf et le naufrage de l'Erika), voire des deux à la fois (Metaleurop).
Par ailleurs, il semble que l'éloignement des Français par rapport aux institutions et aux élites que l'on mesure depuis de nombreuses années concerne également à présent les patrons. La moitié des personnes interrogées déclarent avoir une "mauvaise image" des chefs d'entreprises de plus de 250 salariés (contre 43% qui sont de l'avis contraire) et 62% ont une opinion négative des patrons de multinationales (contre seulement 26% qui en ont une bonne image).
En revanche, 88% des interviewés ont une "bonne image" des patrons de PME.
On retrouve ici un net clivage fonction de la taille de l'entreprise. Là encore, les récentes médiatisations "d'affaires" qui ne touchent plus seulement le milieu politique mais directement des chefs d'entreprise, présentés comme corrompus ou extrêmement privilégiés, ne manquent pas d'influencer l'opinion publique (cf. affaire Elf par exemple).
Dans un contexte de récession économique, la publication des feuilles de salaires, des indemnités de licenciement ou du nombre de stock-options de grands patrons d'entreprises ont certainement aussi contribué à dégrader leur image (affaires Philippe Jaffré, Jean-Marie Messier…).
Les PME, plus proches du salarié ?
C'est dans les PME de moins de 250 salariés que les Français ont aujourd'hui le plus confiance, pour assurer le dynamisme du tissu économique ou pour soutenir ses salariés. Ainsi, ils déclarent faire le plus souvent confiance aux entreprises de moins de 250 salariés pour permettre "l'épanouissement de leurs salariés" (62% contre 23% pour les grandes entreprises et 7% pour les multinationales), pour leur "offrir de réelles responsabilités" (62% contre 23% pour les grandes entreprises et les multinationales) et, dans une moindre mesure, pour leur offrir "le meilleur niveau de formation et de qualification" (45% contre 35% pour les grandes entreprises et 14% pour les multinationales).
C'est aussi dans les PME que les Français ont le plus confiance pour créer des emplois (66% contre 19% pour les grandes entreprises de plus de 250 salariés et 10% pour les multinationales) ou pour assurer l'insertion des jeunes (68% contre 20% pour les grandes entreprises et 6% pour les multinationales).
Un bon chef d'entreprise est un bon manager
Lorsqu'on interroge les Français sur les qualités principales d'un bon chef d'entreprise, les notions de management sont plus souvent citées que les caractères stratégiques ou commerciaux. Pour la majorité, un bon chef d'entreprise doit d'abord "savoir motiver ses salariés" (53%) et "s'entourer de personnes compétentes" (46%). C'est principalement le capital humain qui est ici mis en avant. Un bon tiers des interviewés estime encore qu'un patron doit avoir une "vision à long terme de l'entreprise" et 23% qu'il doit "savoir déléguer une partie de ses responsabilités".
Les qualités liées au développement économique stricto-sensu ne viennent qu'ensuite. Une minorité citent le fait d'être "un bon commercial", de "savoir concevoir de nouveaux produits ou services" (14%). Le fait de "faire des bénéfices" est finalement l'item le moins souvent cité pour juger de la qualité du chef d'entreprise, par 9% des personnes interrogées.
Les patrons possèdent-ils toujours ces qualités ? En tout cas, la grande majorité des salariés interrogés ont une plutôt bonne image de leur patron : 88% éprouvent pour lui du "respect" (64% l'éprouvent fréquemment), 74% de la "sympathie" (dont 33% fréquemment) et près d'un sur deux un "sentiment d'admiration" (47%).
A contrario, un salarié sur cinq avoue éprouver "du mépris", un sur quatre "de la crainte".