Et si la gauche était au pouvoir...
Bernard Kouchner sera l'invité de l'émission 100% citoyen, diffusée vendredi prochain sur LCI, où il réagira à l'enquête Ipsos-Le Point-LCI sur l'image actuelle de la gauche et du PS. Selon cette étude, la majorité des Français estime que la situation de la France serait globalement la même si la gauche avait gagné la dernière présidentielle. Dans le détail, on constate que 30% des interviewés pensent que la gauche ferait mieux sur l'avenir des retraites, l'éducation, ou le système de santé. En revanche, les Français jugent en majorité qu'elle ferait moins bien sur le contrôle de l'immigration ou la sécurité. Le sondage confirme par ailleurs la forte popularité de Bernard Kouchner, à gauche comme à droite.
Comme d'habitude sur les questions relatives au clivage gauche/droite, la majorité des Français, et même des proches des deux courants, se réfugie derrière l'item "du pareil au même". L'idée que gauche et droite appliquent, par choix ou par contrainte, la même politique est majoritaire. Ainsi, la moitié des Français, des sympathisants de gauche ou des proches de la droite parlementaire pensent que "si la gauche avait gagné l'élection présidentielle, la situation de la France aujourd'hui serait globalement la même". Les autres se répartissent équitablement entre ceux qui estiment que "la situation serait meilleure" (18%) ou "moins bonne" (17%).
Cette impression d'ensemble ne doit toutefois pas masquer les clivages perçus sur des sujets plus précis. En ce qui concerne le système de santé, l'avenir des retraites et l'Education, 30% des personnes interrogées jugent que la gauche ferait "mieux", et 50% "pareil" (item le plus souvent choisi par les sympathisants de droite). Les jugements à l'égard de la politique du gouvernement sont sévères sur ces thèmes. Même sur la question des impôts, une personne sur quatre croit que la gauche ferait mieux, et 52% "pareil". La gauche apparaît en revanche moins crédible sur les thèmes du contrôle de l'immigration et surtout de la sécurité. Sur ce dernier point, près de la moitié des Français, un tiers des sympathisants de gauche et les trois quarts des proches de la droite parlementaire jugent que la gauche ferait "moins bien" que l'actuelle majorité.
La sévérité à l'égard de l'action gouvernementale n'est toutefois pas vraiment capitalisée par la gauche en général, et le PS en particulier. Interrogés sur le parti qui conduit l'opposition la plus efficace, seulement 28% des Français, 38% des sympathisants de gauche, et juste la moitié des proches du PS désignent le Parti Socialiste. Le PS est tout de même le parti le plus souvent cité, devant l'UDF (17%), l'extrême gauche et le Front National (respectivement 12 et 11%). Mais, alors même que plusieurs réponses étaient possibles, plus du quart des interviewés ne choisissent aucune des formations proposées (27%). Ce manque de soutien, jusque chez les personnes se déclarant proches de ce courant confirme si besoin était le déficit de crédibilité dont souffre aujourd'hui le PS, régulièrement mesuré dans le palmarès des partis politiques Ipsos-Le Point (dans la dernière vague, le PS se retrouve à la quatrième place, derrière Les Verts, l'UDF et l'UMP).
Le PS souffre peut-être d'un manque de lisibilité sur son action. Déjà, les Français ont du mal à en désigner un chef de file. La popularité de François Hollande reste faible (35% d'avis favorables au dernier baromètre de l'action politique ), et ni Jack Lang, ni Laurent Fabius, ni Dominique Strauss-Kahn ne se détachent pour une candidature à la présidentielle 2007. Symptomatiquement, lorsque l'on demande aux Français qui de ces trois leaders ils souhaiteraient le plus voir candidat à la présidentielle, la majorité préfère ne pas se prononcer.
Pourtant, certaines des propositions du PS semblent en phase avec l'opinion. La proposition de loi sur l'interdiction du port du voile islamique à l'école, présentée mercredi 12 novembre par François Hollande, correspond au souhait de près de deux Français sur trois (contre un tiers qui pense "qu'une loi n'est pas nécessaire, c'est au chef d'établissement qu'il appartient d'apprécier la situation au cas par cas"). Les socialistes ont également souhaité l'organisation d'un référendum sur la future constitution européenne : pour l'instant, la moitié des Français aurait "plutôt tendance à voter oui", contre un tiers de "plutôt favorable au non".
Le dernier volet de l'enquête portait plus spécifiquement sur l'avenir de Bernard Kouchner. Les réponses des interviewés confirment la très forte popularité de l'ancien Ministre de la Santé du gouvernement Bérégovoy (1992-1993), chez les sympathisants de gauche, mais aussi et surtout chez les proches de la droite parlementaire. Ainsi, les deux tiers des sympathisants de gauche et 70% des proches de la droite souhaiteraient qu'il accède à "de hautes responsabilités dans une organisation internationale". Toutes tendances confondues, une majorité assez nette de Français le verrait même bien "Ministre de la Santé d'un gouvernement nommé par Jacques Chirac" (62% chez les sympathisants de droite). Plus d'un Français sur deux, et les deux tiers des proches de la gauche souhaitent encore qu'il se présente aux élections européennes ou régionales. Le plébiscite s'arrête pourtant là, la majorité des interviewés ne souhaitant ni qu'il crée une nouvelle formation politique, ni qu'il se présente à la prochaine présidentielle.