Etats-Unis : les Républicains risquent d’être désavoués
Une enquête réalisée après le vote par le Congrès en faveur de la procédure de destitution de Bill Clinton montre que cet acte risque de handicaper les candidats républicains lors des élections à la Chambre des Représentants du 3 novembre.
Les Républicains vont-ils être sanctionnés, lors des élections du 3 novembre à la Chambre des représentants, pour leur acharnement contre Bill Clinton ? C’est l’hypothèse surprenante que suggère la dernière enquête du Washington Post réalisée du 8 au 10 octobre auprès de 802 adultes. Interrogés après la décision du Congrès d’engager une procédure de destitution à l’encontre du président des Etats-Unis, les sondés se montrent plus sévères à l’encontre de la majorité républicaine qui a soutenu cette décision.
Le vote du Congrès hostile au président n’a nullement entamé la popularité de Bill Clinton. Bien au contraire, le taux d’approbation de son action a grimpé de 4 points depuis la dernière enquête pour atteindre les 67%. Pour la première fois, une majorité d’Américains se déclarent hostiles à l’action du Congrès : 45% d’approbation (-7) contre 49% (+5) de désapprobation. Il est notable que ce mouvement de réprobation consécutif à l’engagement de la procédure d’impeachment (critiqué par 52% des sondés) est aussi prononcé parmi les électeurs les plus décidés à voter aux prochaines élections.
Entre Bill Clinton et la majorité républicaine du Congrès, les Américains préfèrent apparemment toujours le premier : respectivement 52% et 34%. L’écart est toutefois moins net parmi les électeurs probables du 3 novembre (47% contre 41%). Ce phénomène n’est pas surprenant en lui-même : les démocrates craignent qu’une partie de leur électorat, désorienté par les rebondissements de l’affaire Lewinsky, ne soient tentés de bouder les urnes qui ne sont traditionnellement jamais très fréquentées aux Etats-Unis.
D’après cette enquête, seulement 56% des personnes interrogées se déclarent " certaines d’aller voter " le 3 novembre. Un taux d’abstention élevé des sympathisants démocrates – tout particulièrement des femmes – pourrait permettre aux Républicains d’engranger une victoire électorale en dépit de la persistante popularité présidentielle.
L’issue de la compétition apparaît toutefois fort incertaine à en juger par ce sondage. Seulement 46% (-6%) des personnes interrogées se disent aujourd’hui prêtes à réélire leur représentant tandis que 43% (+1) seraient disposées à voter pour un autre candidat. Toujours en se limitant aux probables votants, aussi nombreux (43%) sont désormais ceux qui pensent que les Démocrates font un aussi bon travail que les Républicains pour résoudre les " principaux problèmes auxquel le pays doit faire face dans les prochaines années ". D’après cette enquête, enfin, 51% (+2) des électeurs inscrits auraient l’intention de voter Démocrate et 42% (-2) Républicain. Pour l’immense majorité des personnes interrogées, l’affaire Lewinsky n’aura pas d’incidence sur leur choix. Il reste à vérifier si une partie de l’électorat démocrate, tout de même troublée par le comportement du président, ne s’abstiendra pas le jour du vote. L’enjeu de ces élections est important puisque c’est la prochaine Chambre des Représentants qui devra décider du sort du président des Etats-Unis.