Eté nuageux pour la classe politique
L’été 2003 avait été marqué par la canicule, et la polémique sur la réactivité du gouvernement. En dépit d’un mois d’août 2004 plus calme, d’une croissance meilleure que prévue, et d’une reprise de l’investissement, la popularité de l’exécutif ne bénéficie pas d’une embellie. Les cotes du président de la République et du Premier ministre restent toutes les deux stables, sous le seuil des 50% de bonnes opinions. Jacques Chirac obtient 49% d’avis favorables, et Jean-Pierre Raffarin 36% (+1 point). Sans doute, les tensions au sein de la majorité, dues à la campagne pour la succession d’Alain Juppé à la tête de l’UMP, l’annonce des chiffres sur la progression du chômage et la hausse du prix de l’essence ne sont pas étrangères à ces stagnations.
Les principaux ministres du gouvernement pâtissent eux aussi de ce flottement : le ministre de l’Intérieur, Dominique de Villepin, perd 4 points d’opinions favorables (50%), de même que Michèle Alliot-Marie, la ministre de la Défense (47%). Philippe Douste-Blazy, le ministre de la Santé, est quant à lui crédité de 48% de bonnes opinions (-1 point).
Autre enseignement de ce baromètre : la cote de popularité de Nicolas Sarkozy est stable, à 60% d’opinions favorables, alors même qu’il a été très présent sur la scène médiatique cet été. Il gagne 2 points à droite, où il demeure l’homme politique le plus populaire, devant Jacques Chirac (86% d’opinions favorables contre 79%). Par contre, la popularité du ministre baisse nettement à gauche (38% d’opinions favorables, -8 points). Alors qu’il était jusqu’à présent la personnalité de la majorité préférée des personnes proches de la gauche, il est maintenant devancé par François Bayrou, Jean-Louis Borloo, et Dominique de Villepin. Les rumeurs sur sa candidature à la présidence de l’UMP, ses prises de position plus tranchées, depuis son passage à l’Economie et aux Finances, et notamment la remise en cause des 35 heures, semblent peu à peu éloigner de lui les sympathisants de l’opposition.
De son côté, le ministre de l’Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, connaît une évolution symétrique. Sa cote de popularité est stable (48% d’opinions favorables), mais son positionnement plus social, conformément à la ligne fixée par le chef de l’Etat au lendemain des élections régionales, son opposition à l’étalement de la hausse du SMIC, lui valent une baisse à droite (61%, -4 points), et une hausse auprès des sympathisants de gauche (47%, + 6 points).
La stabilité ou la baisse de popularité de la plupart des membres du gouvernement tranche avec la remontée des présidentiables socialistes relevée ce mois-ci. Dominique Strauss-Kahn gagne 7 points (43% d’opinions favorables), Laurent Fabius 5 points (40%), Jack Lang 3 points (61%), et Bertrand Delanoë 2 points (60%).
C’est aussi à gauche que se situe la personnalité politique préférée des Français : Bernard Kouchner est, comme le mois dernier, en tête de ce palmarès, à 70% d’opinions favorables. Un chiffre à souligner, puisqu’il faut remonter à novembre 1999 pour retrouver un score aussi important pour l’ancien ministre de la Santé ou pour toute autre personnalité du baromètre.