Europe : la droite devance la gauche au Parlement
Le mythe de l’Europe rose n’a pas résisté au scrutin du 13 juin 1999. Les socialistes du Vieux Continent soulignaient avec contentement leur présence au pouvoir dans onze des quinze Etats de l’Union. Cette position institutionnelle européennes semblaient renforcée par la récente nomination, à la tête de la Commission, de Romano Prodi, ancien chef du gouvernement de centre-gauche de l’Italie.
Le résultats des élections au Parlement européen montre que la réalité politique est sensiblement plus complexe. Le cinquième vote des citoyens de l’Union se traduit par une assez nette victoire de la droite au détriment d’une social-démocratie hier encore dominante à Strasbourg. Au terme de ce scrutin, le PSE (parti des socialistes européens) perd son titre de première formation du Parlement européen au profit de son rival conservateur, le PPE (parti populaire européen). Celui-ci gagne 24 sièges et dispose désormais de 225 député contre seulement 180 (moins 34) aux sociaux-démocrates.
Le repli des socialistes est d’abord imputable au vote britannique. Au Royaume-Uni, le "New Labour" a subi une chute spectaculaire en passant de 43% à 29% des votes. Symétriquement, les Conservateurs, plus critiques à l’égard de la construction européenne, ont bondi de 27% à 37% des suffrages. Cette évolution s’est traduite par un basculement en sièges d’autant plus important que la loi électorale a changé : les Travaillistes de Tony Blair ont perdu 33 sièges dans la bataille.
En Allemagne, l’impopularité du gouvernement de Gerhard Schröder a coûté deux points et sept sièges au SPD. La gauche a mieux limité les dégâts en Italie et elle a un peu progressé en Espagne.
La situation du nouveau Parlement européen ne saurait cependant être interprétée en termes d’affrontements droite-gauche. D’autres logiques, d’intérêts nationaux ou de positions à l’égard de l’Europe, viennent brouiller ce clivage. Le PPE abritera, par exemple, à la fois les fédéralistes de l’UDF et les membres du RPR. L’assemblée de Strasbourg est d’ailleurs traditionnellement le lieu de compromis entre chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates, les deux courants politiques dominants du Vieux Continent. La décision des amis de Romano Prodi de rejoindre les rangs du PPE, alors que lui-même est issu de la coalition de gauche italienne, est évocatrice de ces convergences.
Ces deux courants auront encore à tenir compte des groupes plus marginaux. Celui des écologistes a grossi de dix membres, notamment en raison des performances réalisées en Belgique et en France. Le comportement du troisième groupe du Parlement européen, celui des "libéraux", est assez imprévisible dans le mesure où il abrite, comme d’autres, des députés de sensibilités très diverses. Les " libéraux-démocrates " britanniques, qui y font une entrée en force, ont souvent des positions plus à gauche que celles des Travaillistes de leur propre pays. L’Europe parlementaire n’est pas d’une clarté cristalline.

La catégorie "autres" regroupe les élus dont l'affiliation n'est pas encore connue ou confirmée (extrème gauche française, chasseurs, démocrates italiens, ou néo-gaullistes).