Europe : la menace terroriste stimule une demande de défense commune
L'édition 2004 du baromètre Ipsos -EADS "l'Europe et ses moyens de défense" révèle le sentiment, partagé par la grande majorité des Européens, de vivre dans un monde de plus en plus menaçant, dominé par le terrorisme international. Dans ce contexte, ils justifient amplement le droit des forces armées de leur pays à intervenir dans les situations les plus diverses.Par ailleurs, le souhait de voir l'Europe capable d'intervenir militairement indépendamment des Etats-Unis n'a jamais été aussi fort. Il en résulte une demande très marquée de politique européenne de défense commune ; les partisans d'une augmentation de l'effort de défense sont plus nombreux que ceux qui en souhaitent une diminution.
Un monde menaçant : dans des proportions massives, les Européens jugent importants les différents types de menaces qui peuvent peser sur la paix et la sécurité dans le monde.
Pour plus de 6 Européens sur 10, les menaces qui pèsent globalement sur la paix et la sécurité dans le monde ont, dans leur ensemble, encore progressé par rapport à l'année dernière . Un tiers considère qu'elles n'ont pas varié et seuls 5% jugent qu'elles ont régressé.
Le terrorisme international reste considéré comme la principale menace pour les européens (71% le considèrent comme une menace « très importante » et 95% comme une menace très ou assez importante) ainsi qu'au sein de 4 pays testés sur 5 (exception faite de l'Espagne où, la crainte liée à la prolifération des armes de destruction massive, domine). En 3ème place, la crainte de la montée des extrémismes (89%) confirme la prégnance du couple extrémisme-terrorisme.
Le droit d'intervenir : « l'humanitaire et le sanctuaire ». Dans ce contexte menaçant, les Européens justifient amplement le droit des forces armées de leur pays à intervenir dans les situations les plus diverses.
La quasi totalité des Européens considère toujours légitime l'intervention des forces armées de leur pays dans un cadre humanitaire (95%), 9 sur 10 l'approuvent encore pour la défense du territoire national. On est par ailleurs frappé par les soutiens massifs des interventions « dans le cadre de missions de maintien de la paix avec les Nations-Unies » (82%) ou de lutte contre le terrorisme (79%).
Le pouvoir d'intervenir de manière indépendante des Etats-Unis : jamais le souhait de voir l'Europe capable d'intervenir militairement indépendamment des Etats-Unis n'a été aussi fort.
Le « contexte irakien » et les questions posées sur le rôle des Etats-Unis amène les européens à souhaiter avec encore plus de force une capacité d'intervention européenne indépendante. Elle concerne 78% des Européens et enregistre notamment un bond spectaculaire en Italie.
Un fort besoin de politique de défense commune. Au souhait d'indépendance à l'égard des Etats-Unis répond une aspiration réaffirmée de poursuivre la construction d'une politique européenne de défense commune.
Elle apparaît largement souhaitable à l'ensemble des Européens (82%), aucun pays ne faisant défaut dans ce tableau. Les Allemands (90%) et les Français (83%) apportent les soutiens les plus massifs à cette idée commune
Les Européens souhaitent se donner les moyens de cette politique de défense commune : Celle-ci doit notamment passer par les éléments suivants :
Une industrie d'équipement et de technologie de défense efficace apparaît comme un des moyens de cette politique de défense commune.
Une politique commune de développement et d'achat souhaitée par des proportions croissantes d'Européens.
Une politique européenne commune d'achat et de conception de technologies et d'équipements de défense reste ainsi souhaitée par près des trois-quart des Européens interrogés (73%), avis partagé par 87% des Allemands et encore 57% des Anglais
Une Agence Européenne de la Défense :
dans ce contexte, bien qu'encore peu connu, le projet d'Agence Européenne de la Défense est plébiscité .
Si la notoriété de l'Agence Européenne de l'Armement ne concerne aujourd'hui qu'environ 1 Européen sur 6, le projet suscite, pour ceux qui en ont connaissance, un enthousiasme global net (81%). Une telle initiative trouverait ses meilleurs soutiens au sein des populations française et allemande.
Les partisans d'une augmentation des dépenses consacrées à la technologie et aux équipements de défense plus nombreux que ceux qui en souhaitent une diminution.
Dans un contexte économique difficile, les Européens se montrent logiquement plus circonspects quand il s'agit d'aborder le problème des dépenses, quel que soit le domaine abordé.
Les partisans du statu-quo progressent cette année pour regrouper 48% des personnes interrogées (avec deux groupes clairement distincts sur cet item : des maxima de 62% et 60% en Allemagne et en France et des minima de 35% à 37% en Grande-Bretagne, Italie et Espagne).
Fiche technique :
Quatrième vague de l'enquête réalisée pour EADS depuis 4 ans.
Cette année, l'enquête a été réalisée par téléphone du 14 au 22 novembre 2003,
auprès d'un échantillon de près de 5000 personnes âgées de 18 ans et plus.
950 en Allemagne, 937 en Espagne, 965 en Italie, 952 en France et 950 en Grande-Bretagne.