Europe : le décalage entre envies et moyens de consommer est de plus en plus fort
Après la guerre en Irak, la nouvelle vague du baromètre de la consommation en Europe Ipsos-Sofinco montre que les Européens restent dans l’expectative, se réfugiant dans l’épargne en dépit de leurs envies de consommer. Dans ce climat plutôt morose, l'adhésion à la monnaie unique marque le pas.
Pas de rétablissement de la confiance à l'issue du conflit Irakien
La fin du conflit en Irak a peu de répercutions sur l'indice global de propension à consommer (indice 104, + 1 points). Celui-ci reste ainsi à son niveau le plus bas depuis son "décrochage" de novembre dernier et est inférieur de 6 points à celui observé il y a un an, en mai 2002. Cette stabilité se retrouve au sein de tous les pays européens.
Le moral des consommateurs stagne ainsi au plus bas : seulement 37% (+ 3 points) se déclarent aujourd'hui confiants dans la situation économique de leur pays contre 60% (-2 points) pessimistes. Ce pessimisme macro-économique touche l'ensemble des catégories de population et n'épargne finalement que les Britanniques (53% d'optimistes contre 43% de pessimistes) et les Espagnols ( 52% d'optimistes contre 41% de pessimistes), ces deux pays retrouvant un solde positif au cours de cette dernière vague. A l'inverse, l'Allemagne se trouve face à une situation de pessimisme généralisé et en pleine expansion : 84% (+6 points) de ses consommateurs se déclarent aujourd'hui pessimistes quand ils pensent à l'évolution de la situation économique de leur pays.
Concernant l'appréhension de l'évolution de son propre niveau de vie, même stabilité globale : 51% (+1 point) envisagent l'évolution de leur niveau de vie et de leur pouvoir d'achat avec optimisme contre 45% ( - 1 points) avec pessimiste. L'indice de confiance micro-économique a perdu 14 points depuis mai 2002 et stagne aujourd'hui à son plus bas niveau depuis la création du baromètre. Au sein des différents pays, il enregistre une légère hausse en Italie (+ 15 points) et en Espagne (+6 points) et reste à des niveaux historiquement bas en Allemagne (indice 2, - 5 points).
Un décalage de plus en plus accru entre les envies et les moyens de consommer
Si la confiance économique reste stable, cette vague enregistre en revanche des signes forts d'une situation de pression pour les consommateurs européens, de plus en plus nombreux à afficher une nette contradiction entre leurs envies de consommer et leurs moyens.
Cette frustration naît d'abord d'un léger regain de l'envie de dépenser qui, si elle reste en retrait par rapport à l'année dernière, n'en dénote pas moins un possible sursaut de la consommation au cours des prochains mois. 62% (+2 points) des consommateurs européens déclarent ainsi avoir envie de dépenser, qu'ils en aient ou non les moyens. Cette hausse est notamment très sensible chez les Allemands (60%, + 7 points) et chez les Italiens (75%, + 4 points), ces derniers restant en tête de l'indicateur devant la France (72%, + 2 points). En terme de catégories de population, l'envie de dépenser tend nombreux à se rétablir au cours de cette vague. C'est notamment le cas des hommes (60%, + 5 points), des 55-64 ans (57%, + 6 points) et des foyers disposant de revenus supérieurs (63%,+ 6 points).
Cette hausse d'envie de consommer se heurte cependant à une pression financière accrue. Ainsi, 54% des Européens (-1 point) déclarent qu'ils ont plus de mal à mettre de l'argent de coté aujourd'hui que l'année dernière, à la même époque. En Italie et en Allemagne, ce taux atteint le niveau record de 70%.
Dès lors, la priorité reste plus à l'épargne : 60% (-2 points) des Européens estiment qu'en cas d'une hausse de leur revenu, ils mettraient en priorité cet argent de coté. Plus frappant encore , les intentions de consommation, traditionnellement en hausse à la veille de l'été, marquent nettement le pas par rapport à celles observées lors de la vague de mai dernier (indice 104 contre 108 en mai 2002 et en mai 2001). Elles atteignent ainsi un niveau historiquement bas pour cette période de l'année.
En France : des indicateurs qui continuent de baisser
La France arrive aujourd'hui en second position européenne sur l'indice global (indice 107), exactement à mi-chemin entre la Grande-Bretagne (indice 121) et l'Allemagne (indice 96). Si cette situation est globalement enviable, on notera que c'est le seul pays à enregistrer une baisse de son indice global (-1 point) au cours de cette vague. Par ailleurs, certains indicateurs témoignent d'une situation loin d'être solide.
C'est notamment le cas des indicateurs de confiance : aujourd'hui 57% des Français se déclarent pessimistes sur la situation économique du pays, ce qui les placent en avant dernière position (devant l'Allemagne) sur cet indicateur. Ils arrivent par ailleurs bon dernier en terme de confiance micro-économique : 58% envisagent ainsi l'évolution de leur niveau de vie et de leur pouvoir d'achat avec pessimisme, contre 45% des Européens en moyenne.
Autre indicateur inquiétant, les intentions d'achat restent au niveau de février dernier (indice 105), alors qu'elle devrait traditionnellement décoller à la veille des grandes vacances. Cette stabilité est d'autant plus inquiétante qu'elle s'établit alors que l'indicateur est à son plus bas depuis la création du baromètre.
Enfin, si les Français semblent pour l'instant moins soumis que leur voisins à la pression des prix (41%) ont plus de mal à mettre de l'argent de coté par rapport à l'année dernière contre 54% en moyenne) , cette pression augmente néanmoins sensiblement (+4 points) lors de la vague.
L'Euro : des opinions "gelées" pour la troisième vague consécutive
De manière assez surprenante, l'opinion vis à vis de l'Euro semble plus évoluer en fonction du moral économique du consommateur qu'au fil de l'acclimatation des Européens à l'utilisation de la monnaie unique. Ainsi, plus d'un an après sa mise en circulation, une majorité d'Européens (56%, + 1 points) estime aujourd'hui que l'euro présente plus d'inconvénients que d'avantage pour le consommateur, tandis que 34% (- 1 point) défendent l'idée inverse.
Malgré une légère baisse de l'opinion allemande à l'égard de la monnaie unique (45% d'opinion positive, - 3 points) , ces derniers restent sans conteste les européens les plus fervents de la nouvelle monnaie, devant les Français (40% ; +1 point), les Espagnols (33% ;- 1 point) et surtout les Italiens (12% ;+1 point). Effet du débat interne sur l'adhésion de la Grande-Bretagne à l'Euro ? Etrangement, les Britanniques sont plus nombreux (35%, - 4 points) à voir dans la monnaie unique plus d'avantages que d'inconvénients pour le consommateur que certains pays ayant adopté l'euro. Les supporters britanniques de l'euro se recrutent surtout chez les moins de 45 ans ( 42% d'opinion positive) et les revenus supérieurs (48% d'opinion positive).
Sommaire de l'étude:
L'INDICE SOFINCO-IPSOS
- L'indice européen de la consommation
- L'indice de confiance économique
- L'indice de l'envie de consommation
- L'indice du potentiel de consommation
- L'indice d'intentions de consommation
RESULTATS DU BAROMETRE
QUESTION COMPLEMENTAIRE
LES CONSOMMATEURS EUROPEENS ET L'EURO