Européennes : Nicolas Sarkozy fait aussi bien que Philippe Séguin
La dernière vague des intentions de vote européennes Ipsos-le Point montre que la liste RPR-DL conduite par Nicolas Sarkozy obtient aujourd'hui le même score que celle que comptait emmener Philippe Séguin en janvier. Les explications de Pierre Giacometti.
La liste RPR / DL connaît une seconde progression consécutive, atteignant 19% d'intentions de vote. Le choc consécutif à la démission de Séguin est-il définitivement digéré ?
La dernière enquête réalisée par Ipsos pour le Point avant la démission de Philippe Séguin créditait la liste RPR/DL de 19% d'intentions de vote. Un mois plus tard, nous retrouvons ce niveau. Nicolas Sarkozy a réussi à combler le déficit de crédibilité lié à l'accident de parcours grave qu'a connu cette liste avec la démission de Philippe Séguin. Il faut néanmoins rester prudent sur les évolutions d'intentions de vote relatives à la liste Sarkozy/Madelin et à la liste socialiste conduite par François Hollande qui progresse également d'un point, et ceci pour deux raisons. D'une part, à un mois du scrutin, la campagne est inexistante et l'électorat français est encore faiblement cristallisé. Dans cette phase de cristallisation qui va intervenir dans les semaines qui viennent, on sait que traditionnellement les listes qui se situent au centre du spectre électoral , celles qui rassemblent le plus fort potentiel, peuvent très vite voir leur capital d’intentions de vote perdre leur strate la plus friable et la plus sensible à la concurrence. N’oublions pas que notre offre est encore incomplète : les nombreuses "petites" listes qui ne sont pas encore intégrées dans le dispositif d'intentions de vote occuperont in fine un espace qui aura pour effet de restreindre celui des "grandes" listes
Peut-on dire que la progression de la liste RPR-DL se fait au détriment de la liste conduite par François Bayrou qui perd 1,5 points ?
Il est encore trop tôt pour parler d'un effet de vase communiquant entre ces deux listes. Sur ces trois dernières semaines, la liste Bayrou bénéficie d'une dynamique assez positive. Elle était autour de 7/8 % il y a deux mois. Elle oscille aujourd'hui autour entre 9 et 11% selon les instituts. Elle a donc véritablement franchi une étape. C'est cependant la liste dont les chiffres sont les plus fragiles. Seulement 52% de ses électeurs potentiels se déclarent sûrs de leur choix. Une liste centriste souffre toujours de l'instabilité ou de la volatilité de ses électeurs. Plus encore pour un scrutin sans campagne. L'absence de cristallisation touche en réalité toutes les listes. Il y a donc fort à parier que comme en 1994, les phénomènes les plus brutaux d'intentions de vote se manifesteront dans la dernière ligne de la campagne.
La liste de Bruno Mégret ne parvient pas à décoller, stagnant à 3% d'intentions de vote. Peut-on s'attendre, comme le suggère son leader, à une forte progression dans le dernier mois de campagne ?
L'enquête Ipsos / Le point a été réalisée avant la décision de justice favorable à Jean-Marie Le Pen Cela peut contribuer à accroître le handicap de légitimité auprès d’un électorat sensible à la dimension de "chef naturel" Dans cette dernière enquête la liste qui sera désormais celle du FN atteint 6,5% des intentions de vote, soit plus du double que le score enregistré par Bruno Mégret. A l'extrême gauche, la concurrence entre la liste LO/LCR et la liste PC semble nettement plus ouverte. On enregistre une progression de la liste Laguiller/Krivine, difficilement explicable par les effets de campagne. Tout se passe comme si la composante protestataire de l’électorat de gauche, en partie désorientée par le parcours de Daniel Cohn-Bendit, peut-être troublée par le positionnement de la liste conduite par Robert Hue, à la fois liste de gouvernement et liste critique, ne parvenait pour l’instant à désigner son porte drapeau privilégié. Cela conduit à l’instabilité des tendances, encore observée dans cette dernière enquête. Dans ce contexte, la liste du PC est celle qui fait preuve de la plus grande stabilité depuis le début de la campagne, en niveau d’intentions de vote et en certitude de choix. Avec 8,5% d'intentions de vote, elle se situe pour l'instant à son niveau traditionnel enregistré depuis quelques années, mais ne parvient véritablement à décoller et à atteindre le seuil symbolique des 10%, décisif pour légitimer la stratégie de reconquête électorale de Robert Hue.