Faible réaction de l'opinion publique aux "affaires"
Moins deux points. La baisse d'avis favorables concernant l'action de Jacques Chirac en tant que président de la République n'a rien de spectaculaire, compte tenu du contexte : les Français ont en effet été interrogés le week-end suivant les révélations sur les marchés truqués d'Ile de France, où Jacques Chirac pourrait être directement impliqué. Avec 55% d'avis favorables contre 34% d'avis défavorables, le solde de popularité du président est aujourd'hui encore largement positif. Pour autant, le président est loin de retrouver ses hauts niveaux de popularité enregistrés avant l'affaire Méry. Depuis les confessions posthumes de l'ancien financier du RPR, le président a en effet perdu une dizaine de points d'opinions favorables, essentiellement chez les proches de la gauche plurielle, qu'il n'a pas regagné depuis. La structure de sa popularité enregistre les effets de la radicalisation de la cohabitation. Si les sympathisants de droite font bloc derrière Jacques Chirac (88% d'opinions favorables chez les sympathisants RPR, en hausse de huit points), les proches de la gauche plurielle sont en revanche de plus en plus critiques (42% d'opinions favorables chez sympathisants de gauche, soit trois points de mois que le mois dernier).
Si Jacques Chirac n'est pour l'instant que peu touché par les affaires, Lionel Jospin, lui, semble complètement épargné. Le climat ne pèse pas sur sa popularité, qui progresse ce mois de trois points, à 56% d'opinions favorables, soit un point de plus que la popularité présidentielle. La popularité du Premier ministre est orientée à la hausse quelle que soit la proximité politique des répondants, à droite comme à gauche. Toujours fortement soutenu dans son propre camp, il enregistre ainsi 81% d'avis favorables auprès des proches du PS (+4), et satisfait les trois-quarts des sympathisants de gauche (75%, +3). Le Premier ministre, qui enregistre la troisième hausse consécutive de sa popularité, se remet ainsi progressivement de la sévère chute enregistrée en septembre dernier, suite à une rentrée sociale mouvementée et surtout au conflit sur le prix des carburants.
De toutes les personnalités politiques testées dans ce baromètre, Elisabeth Guigou enregistre ce mois-ci la plus forte baisse. La nouvelle ministre de l'Emploi et de la Solidarité perd cinq points d'opinions favorables sur l'ensemble des personnes interrogées, six points chez les sympathisants de droite, et trois points chez les proches de la gauche plurielle. Avec 56% de jugements favorables, contre 24% de jugements défavorables, elle conserve toutefois la troisième place du palmarès des leaders politiques, derrière le consensuel Bernard Kouchner (64% d'avis favorables) et Jack Lang (61%), à égalité avec Jean-Pierre Chevènement et juste devant Martine Aubry (54%), dont la popularité se stabilise depuis qu'elle a quitté son ministère.
A droite, les sympathisants se massent derrière la candidature de Philippe Séguin à la mairie de Paris. Le député des Vosges est aujourd'hui soutenu par 70% des proches de la Droite parlementaire, soit une progression de neuf points par rapport au mois dernier. Plus globalement, le durcissement de la cohabitation semble profiter aux personnalités de droite, mieux jugées dans leur propre camp : Alain Juppé gagne onze points (66% d'opinions favorables), Michèle Alliot-Marie en gagne huit (55% d'opinions favorables), et François Bayrou progresse de six points (57% de jugements favorables). On n'observe en revanche pas de phénomène symétrique chez les sympathisants de gauche, la plus forte progression étant à mettre à l'actif … d'Alain Juppé (28% de jugements favorables, +5). Même si elle a quitté le gouvernement, Martine Aubry reste la personnalité la plus populaire à gauche, avec 75% d'avis favorables (+2), soit le même score que Bernard Kouchner. Jack Lang rétrograde quant à lui à la troisième position, avec 72% de bonnes opinions (-6).
Au palmarès des partis politiques enfin, Les Verts reste en cette fin d'année le parti préféré des Français (57% de jugements favorables, 33% de jugements défavorables), devant le Parti Socialiste (52% de jugements favorables) . Les autres partis enregistrent tous un solde d'opinion négatif, mais sans grande évolution par rapport aux enquêtes précédentes. Pas plus que le président de la République, les partis impliqués dans l'affaire des marchés d'Ile de France (RPR et PS notamment) ne sont pour l'instant sanctionnés par une opinion, qui semble aujourd'hui d'abord lassée et blasée par ce type de scandales.