Faire fortune en Europe par le travail et le risque
L'enquête européenne Ipsos-Sofinco montre que les attitudes des jeunes face à l'argent sont très contrastées selon le pays considéré. Comparatif des comportements en Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Pays-Bas, Portugal.
L'argent est-il un sujet tabou ? Des réponses contrastées en Europe
Globalement, les Européens parlent de leur argent mais plus de leur salaire (56%) que de leur patrimoine (47%) et évidemment que de l'endettement (45%). Sur l'ensemble des pays, plus on est jeune et plus on est riche, plus on parle aisément des questions d'argent.La France est par excellence le pays où les questions d'argent ne sont pas un problème puisque 70% des Français acceptent de répondre lorsqu'on leur parle de leur salaire, 65% lorsqu'on leur parle de leur patrimoine et 56% au sujet de leur endettement.Sur tous les pays, c'est en Grande Bretagne et au Portugal que l'on évoque le moins facilement les questions de salaire puisque seulement 47% des Anglais ou des Portugais acceptent de parler de ce sujet dans leur entourage proche. En revanche, au Portugal, on parle plus facilement de son patrimoine (49%).
Une décontraction plus homogène chez les jeunes Européens
Chez les jeunes, la tendance de l'ensemble des Européens est confirmée. Plus on est jeune plus on parle avec facilité d'argent. 62% acceptent de parler de leur salaire (vs 56% sur l'ensemble), 52% de leur patrimoine (vs 47%). Seuls les problèmes d'endettement semblent encore une fois plus difficiles à aborder puisque seulement 47% d'entre eux acceptent d'en parler (vs 45% sur l'ensemble).Les attitudes des jeunes Européens ont tendance à s'harmoniser. Les écarts d'attitudes constatés auprès de l'ensemble de la population sont nettement plus faibles auprès des plus jeunes. Ainsi, si auprès de l'ensemble de la population on observe sur les questions de salaire un écart de 23 points (différence France vs Grande Bretagne) cet écart n'est plus que de 5 points chez les 15-29 ans.
Sur la préférence épargne / dépense les jeunes Européens ont dans chaque pays une attitude très contrastée
Si l'on considère toute la population, près d'un Européen sur deux (49%) préfère épargner pour constituer un patrimoine à transmettre à ses descendants contre 42% qui préfèrent dépenser. C'est auprès des foyers les plus nombreux (4 personnes 55%, 5 et plus 57%) qu'on retrouve les comportements les plus " fourmis ".L'Italie arrive en tête de cette tendance puisque 67% des Italiens préfèrent pouvoir transmettre un capital, de même au Portugal (64%) et en France (57%) : une culture latine. A l'inverse, en Allemagne et aux Pays Bas (culture saxonne) on préfère profiter en dépensant respectivement 55% et 59%.
A l'inverse, chez les jeunes Européens de 15 à 29 ans on relève une légère préférence pour la dépense (48%) par rapport à l'épargne (46%). Mais ce résultat cache de nettes différences nationales.Les aspirations sont davantage tournée vers l'épargne en France, en Italie, au Portugal et en Belgique alors que dans les pays Anglo-saxons les jeunes de moins de 30 ans expriment une préférence pour la dépense (Allemagne, Grande Bretagne et Pays Bas). A noter l'attitude spécifique des jeunes Espagnols qui sont plus proches de cette préférence anglo-saxonne que de celles de leurs voisins latins.
C'est au Portugal, en Italie, en Espagne et en Grande Bretagne que la différence entre générations est la plus forte. Dans ces pays, auprès des jeunes, la tendance à dépenser son argent est beaucoup plus forte chez les moins de 30 ans.
Les clés de la fortune vues par les jeunes Européens : le risque chez les Saxons, le travail plus au Sud
Globalement, les jeunes Européens estiment que pour faire fortune il vaut mieux créer sa propre entreprise (38%). C'est un rêve avant tout masculin, plus caractéristique des jeunes de 15-19 ans. Un autre moyen qui ressort de façon plus nuancée serait l'investissement dans l'immobilier (26%), moyen plus rationnel et plus séduisant notamment pour les jeunes femmes. Enfin certains pensent qu'il vaut mieux spéculer en bourse (22%) notamment dans le Nord, en Allemagne (44%) ou aux Pays Bas (22%).
Les jeunes Français identifient plusieurs moyens de faire fortune même si la création d'entreprise arrive en tête (39%). En revanche, en Espagne (51%) et en Italie (49%) le rêve de la Start up existe et serait de loin, le meilleur moyen de faire fortune. Au Portugal, l'Eldorado pourrait être l'investissement immobilier (45%).Les systèmes de jeu de hasard sont crédibles dans seulement trois pays : France (14%), Grande Bretagne (13%) et Belgique (18%).
Pour l'ensemble des jeunes Européens, il faut surtout travailler pour faire fortune (38%) bien qu'ils soient 32 % à penser qu'il faut prendre des risques : les filles en général croient davantage au travail pour faire fortune alors que les garçons sont plus enclins à croire à la prise de risque. Enfin les 15-19 ans, peut être plus idéalistes, pensent qu'être honnête est une condition sine qua none à la réussite.
Au niveau des différences culturelles, c'est par le travail qu'on arrive à la fortune en France (43%) en Grande Bretagne (54%) alors que la prise de risque paraît plus lucrative en Allemagne (42%), aux Pays Bas (42%) et dans une moindre mesure en Belgique (36%) et au Portugal (32%).Les Espagnols s'en remettent davantage au destin (26%) alors que l'honnêteté apparaît comme une condition à la fortune en Italie (20%) et au Portugal (19%).
On note un lien fort entre le moyen de faire fortune et l'attitude à adopter : Spéculer en Bourse et prendre des risques en Allemagne ou au Pays Bas, investir dans l'immobilier et prendre des risques au Portugal, créer sa propre entreprise et beaucoup travailler dans les autres pays d'Europe.
Les motivations à changer de travail pour les jeunes Européens : d'abord l'argent au Nord, le contenu du travail et l'évolution de carrière au Sud.
Globalement, la motivation pécuniaire est primordiale pour changer de travail (46%) et cette tendance s'observe tant chez les filles que chez les garçons. L'avantage temps libre (16%) arrive très loin derrière et cette place ne varie pas non plus en fonction du sexe. En revanche, la possibilité d'évolution de carrière, seconde motivation en importance (36%), apparaît comme un cheval des bataille plus féminin, alors que la création d'entreprise (19%) est une fin sensiblement plus masculine.Au niveau de la motivation pécuniaire si le sexe n'est pas différenciant l'âge l'est davantage. Ainsi, chez les 15-19 ans elle arrive largement en tête, chez les 20-24 ans elle arrive quasiment à égalité avec l'évolution de carrière.Enfin, l'expatriation semble être un rêve de jeunesse qui décroît avec l'âge, de près de 20% chez les 15-19 ans , cette motivation passe à 9% chez les 25-29 ans.
La motivation pécuniaire est primordiale pour changer de travail chez les Allemands (65%) et les Hollandais (63%). Dans une moindre mesure, gagner plus d'argent est également la première motivation en Grande Bretagne (51%) loin devant les autres.Dans certains pays, l'intérêt pour l'argent est à égalité avec le plan de carrière notamment en France (respectivement 40% et 41%) et en Espagne (37% et 36%).On soulignera la particularité Italienne où l'intérêt du métier (38%) prime sur les autres raisons motivant un changement de travail.L'expatriation ne concerne que les Belges (24%). De la même façon " aller vivre dans une région où la qualité de vie est meilleure " est un ressort uniquement pour les Français (23%) et les Belges (24%).Avoir une charge de travail moins importante est la dernière motivation au Portugal (10%), en Belgique (12%) et en Italie (13%).Enfin, les Allemands ne semblent pas croire que " l'herbe soit plus verte ailleurs " puisque seulement 5% seraient prêts à changer de travail pour aller dans une région où la qualité de vie serait meilleure.
Un parallèle France-Allemagne qui révèle de profondes différences de valeurs
Les trois valeurs clés des jeunes Allemands pourraient être résumées par argent/risque/dépense alors que celles des jeunes Français seraient plus proches de travail/carrière/épargne.
En effet, pour les jeunes Allemands il faut prendre des risques pour faire fortune, la bourse étant un moyen idéal. Ils sont principalement motivés par un " bon " en salaire pour changer de métier. Dans cette philosophie d'attrait pour le gain ils s'inscrivent davantage dans un désir de dépenser que d'épargner.
Les jeunes Français sont plus attachés à la valeur du travail : pour faire fortune il faut beaucoup travailler, créer son entreprise étant selon eux le meilleur moyen d'y parvenir.Avoir une possibilité de carrière plus intéressante est chez eux le ressort principal au changement de poste. Dans cette optique de construction ils s'inscrivent davantage dans une stratégie de gestion de leur argent et préfèrent très majoritairement l'épargne à la dépense.