Femmes seules, argent et crédit : un monde sans pitié…

Au-delà des clichés et des images d’Epinal, IPSOS et GE MONEY BANK ont cherché à dresser un panorama complet des rapports qu’entretiennent aujourd’hui les femmes vivant seules avec l’argent. Comment le perçoivent-elles ? Est-il plutôt une source de liberté ou d’angoisse ? Quel est leur état d’esprit ? Quelle est leur situation financière actuelle ? Comment la gèrent-elles ? Quels problèmes rencontrent-elles et comment s’en accommodent-elles ? Est-ce qu’elles parlent d’argent ? Et si oui, avec qui ?

Pendant très longtemps, la chose a été entendue, s’il est un domaine dans lequel les femmes célibataires savaient mieux y faire que n’importe qui, c’était de dépenser l’argent qu’elles n’avaient pas. De la Dame aux camélias à Nana, la littérature du 19ème siècle ne manque pas de ces grandes figures féminines vivant seules, sans argent à elles, et qui se sont attachées à dilapider la fortune des autres. A l’époque, pour beaucoup, si ces héroïnes, ces « flambeuses » sans foyer sont libres, c’est grâce ou au dépend des hommes et de leur argent. Depuis, les femmes dans leur ensemble se sont presque entièrement affranchies de la tutelle des hommes, et pas seulement dans le domaine financier. Elles ont accédé dans leur grande majorité à une autonomie complète. La plupart d’entre elles sont aujourd’hui actives. Comme les hommes, elles ont obtenu et affichent désormais une très grande liberté dans l’utilisation d’un salaire qui leur appartient en propre. Ces évolutions ont aussi eu de fortes répercussions sur les perceptions des femmes célibataires. Dans les années 80, elles ont donné naissance à une nouvelle image de la femme vivant seule: celle d’une personne se voulant l’équivalent de son alter ego masculin, toujours fortement éprise de liberté et revendiquant désormais une autonomie complète dans chacun des domaines de sa vie, qu’il soit professionnel, financier ou sentimental. L’argent serait alors devenu l’un des principaux symboles de son indépendance, lui permettant justement de ne dépendre de personne et lui donnant la garantie même d’être libre et de faire ce qu’elle veut. Entre temps, crises économiques et récessions sont passées. Quelle est la réalité actuelle ?

Une étude en deux volets a été menée autour de la thématique « les femmes seules, l’argent et le crédit » : une étude qualitative utilisant le protocole Krisis et une enquête quantitative réalisée auprès de 609 femmes vivant seules et issues d’un échantillon représentatif de la population française. Ces deux études montrent que la réalité est aujourd’hui beaucoup plus contrastée qu’il n’y paraît. Si les femmes vivant seules se montrent toujours éprises de liberté, il semble aussi qu’elles subissent de plein fouet les conséquences d’une situation économique de plus en plus difficile. Certes, le désir d’indépendance et le sentiment d’être « plus » libre que les autres restent très prégnants, mais elles expriment aussi de très fortes inquiétudes quant à l’avenir et aux possibilités qu’il leur offre. Leurs craintes sont d’autant plus vives, qu’elles ont le plus souvent le sentiment que leur liberté est fictive et qu’elle ne trouve que peu d’objet sur lequel elle pourrait s’exercer. Facteur aggravant, les femmes seules considèrent que la société telle qu’elle est organisée aujourd’hui, soit fondée sur un modèle de famille traditionnel, ne leur offre pas vraiment les moyens d’être aussi autonomes que les autres, notamment en ce qui concerne les possibilités de crédit…et les rêves en pâtissent.

Si dans l’idéal l’argent reste d’abord une source de liberté, dans les faits, il les angoisse fréquemment

Lorsqu’on leur pose directement la question, à savoir est-ce que l’argent est pour elles plutôt une source de liberté ou plutôt une source d’angoisse, les femmes vivant seules se montrent globalement très partagées. Si presque la moitié d’entre elles avoue éprouver d’abord des sentiments liés à l’indépendance et à l’autonomie (48%), une proportion très importante fait en revanche rimer ce mot avec la crainte (40%). Les autres avouent éprouver les deux sentiments à la fois (9%). A l’analyse, ces résultats recoupent des réalités très différentes. D’abord les 35-59 ans, c'est-à-dire la tranche la « plus » active de cette population se montre aujourd’hui un peu plus angoissée (45% contre 42%), de même que les plus jeunes (46% contre 43%). Seules les plus âgées se montrent apparemment plus sereines (55% pensent d’abord à la liberté). Le sentiment d’angoisse est par ailleurs plus présent chez les femmes à revenus modestes (50%) et, surtout, chez celles ayant au moins un enfant à charge (53%).

Même si argent et liberté restent aujourd’hui fortement corrélés pour les femmes vivant seules, l’angoisse semble très présente au quotidien. Ainsi elles affirment majoritairement avoir fréquemment ou parfois le sentiment qu’elles auront du mal à finir le mois (55%). Parmi elles, 21% se le disent même fréquemment. Là encore, les femmes les plus actives, celle de la tranche 35-59 ans, se montrent particulièrement inquiètes sur ce sujet puisque 68% d’entre elles affirment éprouver cette crainte (29% la ressentent même souvent). Les plus jeunes ne sont pas en reste puisque plus de la moitié des moins de 35 ans estime être dans le même cas (61%). Logiquement, seules les plus âgées se montrent plus sereines (58% d’entre elles ne ressentent pas cette crainte). Toutefois 42% d’entre elles éprouvent des inquiétudes quant à leur capacité à pouvoir finir le mois. Par ailleurs, la majorité des femmes seules avoue aussi rencontrer fréquemment ou parfois des difficultés financières (53%) et plus généralement les tranches d’âge les plus jeunes (67% pour les 35-59 ans et 67% pour les moins de 35 ans).

Le plus grave, c’est que dans le même temps, elles ne sont qu’une minorité à dire avoir le sentiment de ne pas bien savoir gérer leur budget (seulement 38%). A contrario, 6 femmes sur 10 vivant seules estiment qu’elles le font correctement (60%). Les problèmes financiers rencontrés relèvent donc pour la grande majorité d’entre elles, d’abord et avant tout d’un manque de moyens. Bien qu’elles aient le sentiment de faire les choses comme il le faut, la plupart des femmes interviewées affirment pourtant avoir du mal à s’en sortir. Dans le détail, on note que logiquement seules les plus jeunes avouent majoritairement ne pas vraiment savoir y faire. Leurs modes de vie sont aussi plus fréquemment moins organisés que celui des plus âgées et les postes de dépenses moins fréquemment « figés ». La situation des femmes les plus âgées est beaucoup plus inquiétante car dans leur très grande majorité elles ont aujourd’hui le sentiment de bien savoir gérer leurs ressources (70%). Mais face à des coûts fixes de plus en plus lourds (loyer, essence, abonnements divers) et des rentrées salariales qui ne suivent pas, elles ont de plus en plus de difficultés à trouver l’équilibre.

Les femmes seules élevant un ou plusieurs enfants expriment des difficultés et des inquiétudes encore plus fortes que les autres. 67% d’entre elles se disent fréquemment ou parfois qu’elles vont avoir du mal à finir le mois et plus globalement, 70% avouent rencontrer des difficultés financières. Plus grave, pour 23% d’entre elles, les problèmes rencontrés sont fréquents. Conséquence, lorsqu’elles pensent à leur situation financière actuelle, il leur arrive aussi d’éprouver fréquemment ou parfois des craintes quant à l’avenir de leurs enfants (74% parmi lesquelles 38% disent les ressentir fréquemment). En effet, les enfants représentent un double motif d’inquiétude et de frustration : - inquiétude car l’ascenseur social grippé rend plus précaire leur accession à l’emploi malgré des sommes importantes consacrées par leurs mères à leurs études, - frustration car, sans cesse sollicités par la société de consommation, les enfants ont de grosses demandes en matière de biens et de services.

Une situation d’autant plus angoissante qu’en cas de difficulté financière importante, la majorité des femmes vivant seules ne semble pas pouvoir compter sur une aide importante

Si les problèmes financiers pèsent autant sur la qualité de vie des femmes vivant aujourd’hui seules, ce n’est très certainement pas seulement parce qu’elles rencontrent pour la plupart de réelles difficultés tout en ayant le sentiment de tout faire pour bien gérer leur budget. C’est aussi parce que dans les faits, elles estiment le plus souvent que si leur situation devenait vraiment très difficile, elles ne pourraient le plus souvent pas compter sur une aide « importante ». Ainsi, lorsqu’on leur demande qui pourrait les soutenir en cas de problèmes financiers importants et quel serait le niveau de l’aide reçue, plus de la moitié d’entre elles nous disent qu’elles ne pourraient disposer que de peu, voire même d’aucun soutien (52%). Par ailleurs, symboliquement, il est difficile pour ces femmes seules qui revendiquent leur indépendance de demander un soutien financier à leur famille car cela vient à accepter une certaine emprise et un droit de regard qu’elles jugent insupportables. Logiquement, la tranche des moins de 35 ans se montre plus optimiste (69% d’entre elles affirment qu’elles pourraient obtenir beaucoup d’aide auprès d’au moins une personne). De fait, pour la plupart d’entre elles, les parents tout comme la famille proche sont encore là.
Les banques se montrent aussi très certainement peu réticentes à leur consentir des prêts au vu de leur jeunesse. En revanche, les tranches plus âgées, c'est à dire les 35-59 et les 60 ans et plus se montrent beaucoup plus esseulées (respectivement 53% et 58% des femmes appartenant à ces tranches disent qu’elles ne pourraient obtenir que peu ou pas du tout d’aide). Plus grave, 48% des femmes avec enfants avouent aussi qu’elles ne pourraient obtenir que peu ou pas du tout d’aide. On note aussi que plus les femmes ont un niveau de revenu bas, moins elles affirment pouvoir bénéficier d’une aide importante.

Dans le détail, les résultats de l’enquête montrent que la famille est la principale source d’aide potentielle (69% des femmes interrogées affirment qu’elles pourraient y avoir recours mais seulement 33% d’entre elles estiment qu’elles pourraient obtenir un soutien important). La banque arrive juste derrière en seconde position (citée par 68% des interviewées). Là encore, le niveau de revenus est logiquement extrêmement clivant, les tranches les plus basses affirmant plus fréquemment que les autres ne pas pouvoir y avoir recours (seulement 64% de celles ayant un revenu net mensuel de moins de 1 200 €). Les amis apparaissent comme les derniers à pouvoir apporter une aide financière substantielle (cités par seulement 38% des femmes seules).

Alors si elles ne peuvent pour la plupart compter que sur peu ou aucune aide extérieure, ont-elles les moyens de s’en sortir par elles-mêmes ? Rien n’est mois sûr. Si elles étaient amenées à faire face à une dépense soudaine, les femmes vivant seules considèrent le plus souvent qu’elles pourraient mobiliser moins de 750 € (33%) ou, dans une moindre mesure, entre 750 € et 3000 € (26%). Seule une minorité pourrait disposer de sommes plus importantes, de 3000 à 7 500 € (18%) ou plus de 7 500 € (11%). En soi, le niveau des sommes mobilisables n’est pas négligeable. Toutefois, les résultats de l’enquête laissent apparaître que la plupart d’entre elles n’arrivent certainement pas à avoir un niveau d’épargne très important. La grande majorité des femmes vivant seules ne dispose donc pas d’une réserve de sécurité conséquente en cas de coup dur ou de dépense imprévue. Là encore, les femmes les plus jeunes annoncent des niveaux de réserve fréquemment plus bas que la moyenne. 77% des moins de 35 ans ne pourraient pas mobiliser une somme supérieure à 3000 €, tout comme 64% des 35-59 ans. Le niveau de revenus est là aussi clivant (49% des tranches les plus basses ne peuvent pas mobiliser plus de 750 €).

Financièrement parlant, être une femme seule aujourd’hui semble être un statut qui génère fréquemment du malaise : le sentiment de manquer de moyens, quoiqu’on fasse

Les résultats de l’enquête montrent que le contexte économique a très probablement eu une influence très négative sur la situation des femmes vivant seules. Certainement très fragilisées par les conséquences de la situation économique actuelle, elles se montrent fréquemment « en panne » de rêves ou avouent qu’elles auront du mal à les réaliser. Ainsi, presque la moitié des femmes vivant seules affirme ne pas avoir de rêve aujourd’hui (47%) et 29% avouent qu’elles ont des rêves mais qu’il leur sera difficile de les réaliser. Seulement 15% des interviewées affirment qu’elles ont des rêves qu’elles vont certainement réaliser un jour et une très faible proportion affirme avoir réussi à le faire (7%). Au vu des résultats, l’image de la femme vivant seule et réussissant coûte que coûte à aller jusqu’au bout de ses ambitions semble quelque peu se déliter. Seules les plus jeunes se montrent majoritairement optimistes en pensant qu’elles réussiront à réaliser leur rêve un jour. La tranche intermédiaire des 35-59 ans se montre plus dubitative : 41% d’entre elles estiment qu’il leur sera difficile de réussir à les réaliser et 33% n’ont même plus de rêve en particulier. Logiquement, les femmes les plus âgées sont celles qui affirment le plus fréquemment ne pas avoir de rêve (67%). Alors, financièrement parlant, les femmes vivant seules sont-elles toujours aussi libres ?

En fait, elles considèrent très majoritairement qu’elles se sentent aujourd’hui plus libres que les femmes vivant en couple pour gérer comme elles le souhaitent leurs dépenses au quotidien (75%). Parmi elles, 44% considèrent qu’elles le sont beaucoup plus. La force de ce sentiment est normalement corrélée au niveau de revenus.

En revanche, pour le reste, les femmes vivant seules décrivent globalement leur situation financière comme un peu moins intéressante que celle des femmes vivant en couple.

Elles sont d’abord très partagées sur leur plus ou moins grande capacité à se projeter dans l’avenir et planifier leurs futurs achats ou investissements. Si 45% pensent qu’elles ont moins de possibilités, une proportion très similaire (44%) soutient l’opinion inverse. En ce qui concerne le fait d’être informée sur la meilleure façon de gérer et d’investir son argent, 40% des femmes interrogées considèrent qu’elles le sont moins que celles vivant en couple tandis que les autres estiment qu’elles le sont plus (40%) ou ni plus, ni moins (10%).

Mais au moins lorsque l’on vit seule et sans une « mauvaise conscience » masculine à la maison pour venir vous reprocher vos dépenses, est-ce qu’on se sent plus capable de flamber et de dépenser tout à coup de très fortes sommes d’argent en vêtements et en loisirs ? Non. Plus de deux tiers des femmes vivant seules affirment qu’elles se sentent moins capables de le faire (67%). Mieux, elles affirment même massivement être plus économes et attentives que les autres à ce que leur argent ne soit pas gaspillé (67%). Parmi elles, 36% considèrent même l’être beaucoup plus que les femmes vivant en couple.

Dans le même temps, les interviewées se disent aussi le plus souvent plus inquiètes des conséquences possibles d’un gros problème financier sur leur vie (50% dont 25% de beaucoup plus). Là encore, les femmes vivant seules avouent qu’elles rencontrent des difficultés : elles ont beau avoir le sentiment de faire plus attention et de moins dépenser, elles pensent pour beaucoup avoir moins de moyens pour se projeter dans l’avenir et se montrent aussi plus inquiètes. La majorité d’entre elles en retire très certainement une réelle insatisfaction. Lorsqu’elles sont amenées à décrire leur situation personnelle, elles avouent massivement avoir une forte envie de dépenser (64%)…tout en précisant qu’elles n’en n’ont pas les moyens (72%). En effet leur vision assombrie et incertaine de l’avenir les amènent à deux types de comportements : soit à ne pas dépenser et à se priver, soit à se faire plaisir de façon raisonnable sur le moment sans projection dans l’avenir et donc sans rêves ou projets futurs.

…et d’être insuffisamment prises en compte : les crédits existants aujourd’hui ne sont pas adaptés à leur statut alors qu’elles les utilisent beaucoup

Au-delà du malaise, les résultats de l’enquête laissent même penser que les femmes vivant seules aujourd’hui éprouvent une certaine frustration sur le plan financier. Plus spécifiquement, elles ont majoritairement le sentiment que le crédit est un produit qui tel qu’il est aujourd’hui, ne les concerne pas vraiment et ne les prend pas véritablement en compte. Elles considèrent ainsi que pour une femme seule, il est beaucoup plus difficile d’obtenir un crédit car elles n’ont pas de co-emprunteur (70% dont 41% sont même tout à fait d’accord avec cette affirmation). C’est encore plus fortement ressenti par la tranche d’âge intermédiaire des 35-59 ans (78%) et par celles dont le niveau de revenu est inférieur à 2000 €. Facteur aggravant, elles estiment aussi le plus souvent que les organismes de crédit proposent peu de crédits adaptés à leur situation (59%). Dans le même temps, elles pensent aussi que pouvoir obtenir un crédit est quelque chose de plus important pour elles car elles ont souvent moins de moyens que les autres (74% dont 41% de tout à fait d’accord avec cette affirmation).
La phase qualitative a mis en avant le fait que les femmes seules se trouvent face au crédit dans un statut de « mineur » doublement dévalorisant car elles ont une vie professionnelle à part entière et un statut de chef de famille avec responsabilité des enfants : tout repose sur elles. Malgré cela, pour recourir au crédit, elles se retrouvent dans une posture de « quémandeuse » et d’obligation de se justifier. Elles ont alors l’impression de représenter un risque pour les banques ou autres organismes financiers.

Au final, ce sont des acteurs économiques dans un système économique qui ne les reconnaît pas car fonctionnant sur l’hégémonie du modèle familial classique, ce qui génère un fort sentiment d’exclusion.
Si les femmes vivant seules sont aussi critiques vis-à-vis du crédit c’est aussi très certainement parce qu’une part importante d’entre elles affirme aussi y avoir recours. Nombreuses sont celles qui parlent en connaissance de cause. 40% d’entre elles disent avoir pris au moins un crédit au cours de ces 5 dernières années (contre 60% qui affirment le contraire). Les types de produits les plus usités sont le crédit à la consommation (21%), devant le crédit immobilier (16%), le crédit de financement automobile ou moto (16%) et, dans une moindre mesure, les crédits de consolidation (8%). Globalement, les tranches d’âge intermédiaires déclarent plus fréquemment avoir eu recours au crédit (59% des 35-59 ans). On note aussi que plus le niveau de revenu est élevé, plus les femmes déclarent avoir utilisé un ou plusieurs crédits au cours de ces 5 dernières années (27% pour la tranche des moins de 1200 €, 50% pour celle allant de 1200 à 2000 € et 59% pour celle égale ou supérieure à 2000€). Les femmes ayant au moins un enfant déclarent aussi un niveau de recours supérieur à celui de l’ensemble (54%).

Les motifs du recours à un futur crédit à la consommation : d’abord le logement devant la voiture

Sur ce sujet, les femmes vivant seules étonnent encore par le sérieux de leurs réponses. Tout au long des résultats de l’enquête, on a pu voir que l’argent est un sujet qui rime rarement avec légèreté ou plaisir. Ainsi, si demain elles devaient prendre un crédit, dans l’idéal, ce serait d’abord et avant toute chose pour investir dans un logement (39%). Quelle que soit la classe d’âge ou de revenu, ce poste est toujours cité en premier, même si logiquement les femmes ayant le moins de revenus (et donc très probablement le moins d’apport) se montrent en léger décalage par rapport aux autres (39% contre 47% pour les revenus les plus élevés). Les classes d’âge les plus jeunes se positionnent aussi fort naturellement plus fréquemment sur ce poste. Si en second les femmes citent la santé et la beauté (18%), c’est essentiellement le fait des femmes les plus âgées (27%), qui sont aussi celles qui se montrent les moins intéressées par la possibilité de recourir à un nouveau crédit. Les plus jeunes ne citent ce poste que rarement (3% pour les moins de 35 ans et 11% pour les 35-59 ans). Ces dernières se positionnent beaucoup plus fréquemment sur la voiture (23%) qui arrive en troisième position au global (15%) mais en seconde position sur leur tranche d’âge. Le voyage est aussi un investissement qui intéresse une part non négligeable des interviewées (13%), quelles que soient les tranches d’âge et de revenus. Les autres postes de dépenses arrivent à des niveaux beaucoup plus bas, que ce soit l’habillement (4%) ou les loisirs (2%).
En effet, au cours de l’étude qualitative, les femmes interrogées font nettement le distinguo entre le crédit « futile » et le crédit « utile ». Le crédit utile recouvre le logement, la voiture, les études des enfants, des investissements lourds du type électroménager, ameublement tandis que le crédit dit futile recouvre des dépenses moins importantes pour lesquelles selon son attitude et ses schémas mentaux, on fera appel au crédit ou non.

Parler d’argent : des habitudes et des attitudes qui varient fortement en fonction de l’âge ou du niveau de revenus

Le fait n’est pas nouveau, parler d’argent est une chose que l’on accomplit plus ou moins facilement en fonction de son âge ou de son niveau de vie. Si les femmes vivant seules nous affirment aujourd’hui majoritairement que c’est pour elles un sujet comme les autres, libre et sans tabou (54%), il n’en reste pas moins vrai que les différences de génération jouent pour beaucoup.

Plus on avance en âge, moins l’argent apparaît comme un sujet libre. Le niveau de revenu joue aussi un peu. Si 64% des personnes gagnant 2000 € et plus considèrent que c’est un sujet comme les autres, seulement 47% de ceux vivant avec moins de 1200€ par mois pensent de même.

Les résultats de l’enquête montrent surtout que les femmes vivant seules acceptent de parler de leur argent assez facilement lorsque la discussion porte sur le sujet et qu’on leur pose des questions au cours de la conversation. Dans leur très grande majorité, elles disent accepter de parler de leur niveau de salaire ou de pension de retraite (76%), de leur patrimoine (70%) et dans une moindre mesure de leur niveau d’endettement (62%). Les personnes avec lesquelles les femmes seules ont le plus de facilité à parler d’argent évoluent et changent avec l’âge.

Ainsi, logiquement, les plus jeunes expriment peu d’empathie avec leur banquier sur ce sujet (seulement 3% des moins de 35 ans), elles préfèrent évoquer le sujet avec leurs parents (54%), leurs frères et sœurs (16%) ou leur conjoint (15%). Les tranches intermédiaires, plus mûres mais aussi ayant des rapports plus souvent difficiles avec l’argent, oscillent entre leurs parents, leur meilleure copine…et leur banquier. Enfin, les 60 ans et plus affirment pouvoir évoquer le sujet plus facilement avec leurs enfants ou leurs petits enfants (45%) ou leur banquier (23%).

Reste que là encore, lorsqu’elles sont amenées à parler d’argent avec un proche, c’est le plus souvent pour aborder le sujet sur un ton sérieux. La plupart d’entre elles affirment d’abord que ce serait plutôt pour lui donner des conseils et lui faire la morale pour des problèmes d’argent (48%), plutôt que pour lui raconter leur dernière folie (34%). L’âge et le niveau de revenus sont logiquement particulièrement clivants.
En général, le contenu d’une conversation sur l’argent pour ces femmes seules porte sur le manque d’argent et pas sur son abondance. En fait on parle d’autant plus d’argent que l’on n’en a pas assez. Ne plus parler d’argent et ne plus avoir à compter signifierait alors que l’on s’est libérée du problème de manque.

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