Forte baisse de la popularité de l'exécutif

A l'approche de l'élection présidentielle, le baromètre de l'action politique Ipsos-Le Point s'oriente à la baisse. Chirac et Jospin perdent respectivement dix et sept points de jugements favorables, tandis que les personnalités de droite baissent jusque dans leur propre camp.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
Get in touch

Plus l'on se rapproche de l'échéance électorale, plus les jugements se radicalisent. La popularité des leaders politiques fait ainsi les frais du lancement de la campagne présidentielle. Premier concerné, Chirac perd dix points de jugements favorables, mais conserve un solde tout juste positif de bonnes opinions (47% contre 46% d'avis défavorables). La baisse de popularité est néanmoins sévère, en particulier chez les jeunes (de 63 à 46%, - 17 points de bonnes opinions). S'il conserve un large crédit auprès de l'électorat potentiel de droite (77% de jugements favorables, soit tout de même une baisse de dix points), il est jugé de plus en plus sévèrement par les sympathisants de gauche (68% de jugements défavorables, en progression de 22 points).

Moins forte, la baisse subie par Lionel Jospin le fait pourtant basculer pour la première fois depuis son arrivée à Matignon dans l'impopularité, avec 43 de jugements favorables (-6) contre 52% d'avis défavorables (+9). Le Premier ministre ne conserve une majorité de bonnes opinions que chez les plus jeunes (48%, -5, contre 45% d'avis contraires) et dans les foyers les plus modestes (50% contre 46% de jugements défavorables dans les foyers dont le revenu mensuel net est inférieur à 7500 F). Il enregistre en revanche une forte dégradation de sa popularité à droite, avec aujourd'hui 76% de mauvaises opinions (+16), contre 20% de jugements favorables (-16). Les jugements restent presque stable chez les sympathisants de gauche (72% de bonnes opinions).

En terme de popularité, Lionel Jospin ne devance plus Jacques Chirac que chez les cadres supérieurs. Les deux têtes de l'exécutif sont quasiment à égalité chez les employés et les ouvriers, mais le chef de l'Etat domine dans toutes les autres catégories socioprofessionnelles, et dans toutes les catégories de revenu.

Le "troisième homme" de la présidentielle fait figure d'exception dans ce baromètre : Chevènement conserve une remarquable popularité. Toujours aussi consensuel, il recueille 61% de jugements favorables chez les sympathisants de droite (-3), et 53% de bonnes opinions dans l'électorat de gauche (-5), pour rester, avec un total de 52% de jugements favorables, à la troisième place du palmarès, derrière Bernard Kouchner (61%) et Jack Lang (54%). Il occupe même la deuxième place du classement établi par les sympathisants de droite, derrière cette fois Alain Juppé, l'une des rares personnalités de l'opposition à progresser (65% de jugements favorables, +1). En revanche, l'électorat conservateur se montre particulièrement sévère avec les personnalités de la droite parlementaire engagées directement ou indirectement dans la campagne. Madelin perd ainsi auprès des sympathisants de droite huit points de bonnes opinions (51%), quand Sarkozy en perd dix (47%). François Bayrou (41% de jugements favorables, -10 points), Charles Pasqua (41%, -11) ou Philippe Séguin (39%, -7) deviennent même majoritairement impopulaires dans leur propre camp. On n'observe pas de phénomène symétrique à gauche, où les clivages plus lisibles de la gauche plurielle rendent la concurrence moins forte et l'électorat de chaque candidat un peu plus compréhensif envers les leaders des autres courants.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

Société