Forte médicalisation des Allemands et des Français
Les résultats de l'enquête réalisée par Ipsos Opinion pour Impact Médecins montrent que la population allemande est celle qui consulte le plus. C'est toutefois la France qui arrive en tête en ce qui concerne la prise de médicaments prescrits.
1) Les consultations médicales en Europe
La population des cinq pays interrogés consulte un médecin, en moyenne par habitant, cinq fois dans l’année. Seuls 18% des interviewés n’ont pas consulté au cours des douze derniers mois. A l’inverse, un cinquième de la population européenne a consulté sept fois ou plus.Cette valeur moyenne ne doit pas occulter des situations nationales très diverses.
La population allemande se révèle ici, de très loin, celle qui consulte le plus souvent, avec 7 consultations en moyenne au cours des douze derniers mois. Moins d’une personne sur dix n’y a pas vu de médecin sur l’année, tandis que 28% ont consulté sept fois ou plus.A l’inverse, on ne relève au Royaume-Uni que 3,2 consultations sur la même période, soit plus de deux fois moins.La France s’établit dans la moyenne, avec 5,3 consultations par an, à un niveau relativement proche de celui de l’Espagne (4,8). En Italie enfin, 4,1 consultations ont été effectuées dans la dernière année.
Mais une moyenne n’exprime pas tout, et deux phénomènes intéressants sont observables dans ces distributions :
- En dépit d’une moyenne bien inférieure à celle de l’Allemagne, la France se situe au même niveau que cette dernière en terme de proportion de la population n’ayant jamais consulté sur l’année : 9% dans chacun de ces pays, des niveaux bien inférieurs aux autres nations. La position de l’Allemagne exprime en fait la proportion relativement importante d’individus (28%) ayant consulté sept fois ou plus.
- L’Espagne n’est certes pas le pays où l’on consulte le moins. On y trouve cependant la plus forte proportion de population n’ayant pas consulté dans l’année (29%).
Avec 6 consultations en moyenne sur l’année, les femmes visitent sensiblement plus que les hommes (4 consultations).L’âge est également un critère déterminant : en dessous de 35 ans, le nombre moyen de consultations est stable (3,8). Au dessus, il s’élève : 5,6 entre 35 et 49 ans, 7,9 au-dessus de 65 ans.
2) Le nombre de médicaments pris au cours des sept derniers jours
La hiérarchie observée ici ne se superpose pas à celle du nombre de consultations médicales.
La France arrive en tête des médicaments différents prescrits, avec 1,9 médicaments pris en moyenne, et la plus faible proportion n’en ayant pas pris du tout, d’entre tous les pays (51%). 16% de la population déclare en outre avoir pris 4 produits prescrits ou plus (12% en Allemagne ; 6% à 7% dans les autres pays).
L’Allemagne est en seconde position (1,4 médicaments), devant l’Espagne (1,1) et, à des niveaux identiques, l’Italie et le Royaume-Uni (0,9).
Au final, le nombre de médicaments prescrits pris en France par habitant sur la période considérée est presque deux fois plus élevée que celle qu’on relève dans des pays comme l’Italie et le Royaume-Uni.
En revanche, les Français s’inscrivent dans la moyenne en ce qui concerne le niveau d’automédication sur la période, avec 0,4 médicaments différents de moyenne par habitant, au niveau des Italiens et des ressortissants du Royaume-Uni. Les Allemands se situent à un niveau comparable (0,5 médicaments). En revanche, les espagnols se situent un peu en-deça (0,2 médicaments).
Selon les pays, ce sont entre 75% (Allemagne) et 85% des ressortissants qui n’ont pris aucun médicament hors prescription.
Si l’on considère enfin l’ensemble des médicaments pris, que ce soit sur prescription médicale ou en automédication, sur l’ensemble des pays, plus d’un individu sur deux (52%) a utilisé un produit pharmaceutique au cours des sept jours considérés au moment de l’enquête.
Sur l’ensemble des personnes interrogées dans les cinq pays considérés, de grandes tendances sociodémographiques se dessinent : les femmes utilisent un peu plus de spécialités pharmaceutiques que les hommes (1,9 contre 1,3).
La consommation de médicaments s’élève avec l’âge : 0,7 produits en dessous de 35 ans, 1 entre 35 et 49 ans, 1,9 entre 50 et 64 ans, pour atteindre 3,7 spécialités à partir de 65 ans.
Si l’on ne note pas de différences selon les catégories professionnelles, le niveau de revenu est quant à lui un critère discriminant : la consommation médicale décroît avec celui-ci, passant de 2,2 médicaments parmi les revenus les plus modestes à 1 chez les revenus les plus élevés.
Logiquement, le nombre de médicaments pris au cours des sept derniers jours est d’autant plus grand que les consultations médicales constituent une pratique fréquente.
3) La perception subjective de l’état de santé
Une très large majorité de la population européenne interrogée considère, sur la même période hebdomadaire, avoir jouit d’un état de santé très satisfaisant (33%) ou plutôt satisfaisant (48%). Selon 14%, cet " état général " était peu satisfaisant, et pour 5%, pas du tout satisfaisant.
Peu de différences se font jour selon les pays, si ce n’est une propension un peu moins importante des italiens à déclarer un état de santé " très satisfaisant " (23%).
Cet indicateur prend toute sa signification lorsqu’on le déchiffre à l’aune de la consommation médicale.
Le sentiment subjectif de son propre état de santé entretient un lien étroit avec le nombre de médicaments pris. La proportion d’européens jugeant " très satisfaisant " leur état de santé, est de 37% parmi les personnes n’ayant pris aucun médicament au cours des sept derniers jours. Elle décline de façon quasi linéaire pour atteindre 5% parmi les personnes ayant utilisé au moins quatre produits différents.
A noter qu’il se trouve presque un européen sur dix (9%), estimant son état de santé " très satisfaisant ", mais ayant pris trois produits pharmaceutiques ou plus au cours de la semaine écoulée. Cette proportion s’élève même à 14% en France.