FORUM ADOLESCENCES 2005

Un adolescent sur deux déclare avoir déjà rencontré un problème important. 91% d’entre eux disent avoir reçu l’aide d’un adolescent de leur entourage. Deux données issues de l’enquête réalisée par Ipsos Santé auprès d’adolescents de 13 à 18 ans pour la Fondation Wyeth, en partenariat avec Fil Santé Jeunes. Initiée à l’occasion du Forum adolescences qui a lieu le 12 mai, cette étude mesure le ressenti des adolescents à propos de leurs problèmes et s’intéresse plus particulièrement à la solidarité entre jeunes.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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L’enquête réalisée par Ipsos Santé pour la Fondation Wyeth met en évidence des résultats riches, dressant le portait d’une adolescence contrastée : celle de jeunes qui connaissent des problèmes, souvent graves, et doivent apprendre à les régler ou à vivre avec eux. Qui ont de vraies difficultés et développent pour y faire face des formes de solidarité entre pairs. Et qui ne constituent certes pas une population homogène, tant on observe tout au long de l’enquête des différences notables en terme de sexe, de catégories d’âge ou de milieu social.

L’enquête a été réalisée en face-à-face, du 16 février au 23 mars 2005, auprès d’un échantillon de 803 adolescents âgés de 13 à 18 ans. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas, de sexe, d’âge, de taille d’agglomération et de région.  

La prévalence élevée des problèmes importants parmi les adolescents

Environ un adolescent sur deux (53%) déclare avoir déjà rencontré un problème d’une nature importante.

Parallèlement, chacun voit autour de lui d’autres jeunes rencontrer des problèmes : en moyenne, les adolescents interrogés ont le sentiment que des problèmes graves touchent ou ont touché à un moment donné de 4 à 5 de leurs pairs sur 10 (4,4 en moyenne).

Presque tous les jeunes connaissent au moins un pair concerné par des problèmes importants.

  • Selon les jeunes, en moyenne 4.4 jeunes sur 10 de leur entourage rencontreraient actuellement des problèmes importants
  • 3.9 adolescents sur 10 déclarent avoir rencontré un  problème dans les 6 derniers mois
  • 3.2 adolescents sur 10 déclarent avoir actuellement un problème important

Certes, ces problèmes ne sont pas tous d’une même gravité, de même qu’ils interviennent avec des niveaux de fréquence variable : 7% déclarent rencontrer souvent ces problèmes, 25% parfois et 21% rarement.

Leur fréquence n’est pas la même dans toutes les catégories de cette population. Elle est plus élevée parmi les jeunes filles, les 15-16 ans, les adolescents vivant dans un foyer séparé ou divorcé, les grandes agglomérations. Les problèmes sont également davantage déclarés parmi les adolescents qui se sentent adultes  et parmi ceux qui perçoivent leur milieu social comme défavorisé.

Typologie des problèmes rencontrés

Les difficultés touchant ces jeunes sont de nature diverse, et varient selon les populations.

Une hiérarchie se dégage pourtant bien, au premier rang de laquelle apparaissent les problèmes familiaux (57%), devant les difficultés scolaires (35%) et les problèmes sentimentaux (30%). Moins fréquents, les difficultés psychologiques (12%) et les problèmes d’addiction (12%) ne touchent pas moins une proportion significative des jeunes.

Les problèmes perçus comme les plus graves ne sont pas les plus importants

Pour les jeunes interrogés, tous les types de problèmes ne représentent pas le même degré de gravité.

Parmi les grands domaines qui leur ont été proposés, la problématique des drogues et des toxicomanies est de loin perçue comme la plus grave (53%), devant les problèmes familiaux (28%) ; les difficultés psychologiques arrivent en troisième position (11%). Au total des deux réponses, les problèmes psychologiques sont cités par près de 4 jeunes sur 10 comme un des deux problèmes les plus graves (37%).

Il existe donc manifestement des décalages entre les problèmes considérés comme les plus graves (toxicomanies et difficultés familiales) et ceux qui sont les plus fréquemment rencontrés (problèmes familiaux et difficultés scolaires).

Des différences notables existent selon les catégories interrogées. Les jeunes filles déclarent, plus que les garçons, des problèmes familiaux, sentimentaux et des difficultés d’ordre psychologique. De leur côté, les adolescents sont plus nombreux à dire avoir rencontré des problèmes scolaires ou d’addiction.

Le constat est préoccupant, mais nous sommes loin d’un mal-être généralisé : en effet, la plupart des adolescents se sentent bien.

Loin du sentiment d’indifférence, des pratiques de solidarité développées

La plupart des jeunes interrogés se sentent concernés par les problèmes des jeunes de leur entourage (71%). Ce sentiment est plus fréquent encore parmi les jeunes femmes (76%) et les 17-18 ans (82%) et en agglomération parisienne (80%).Les adolescents se sentent d’autre part d’autant plus concernés par les difficultés de leurs pairs qu’ils ont de leur côté été exposés à des problèmes (76%) ou qu’ils ont reçu une aide de la part d’autres jeunes (80%).

Ces adolescents interrogés se disent donc concernés par les problèmes des jeunes qui les entourent. Ils reconnaissent également avoir trouvé les autres adolescents concernés par leurs soucis quand eux-mêmes ont été confrontés à des problèmes.

Que de larges majorités de jeunes se préoccupent ainsi des difficultés des autres quand elles interviennent, c’est évidemment une condition essentielle pour que la solidarité intra-générationnelle puisse se matérialiser.

Des formes de solidarité existent bien…

… Les jeunes l’ont rencontrée. Ils sont en effet très nombreux à avoir à la fois reçu des demandes d’aide ou demandé eux-mêmes de l’aide, à avoir encore aidé ou été aidé.

8 jeunes sur 10 ont ainsi déjà reçu une demande d’aide de la part de proches – et 20% déclarent que cela leur est souvent arrivé. Ils sont tout aussi nombreux à déclarer avoir déjà eu l’occasion d’aider un jeune qui avait des problèmes. Cette solidarité semble un peu plus féminine (88%) que masculine (74%). On la retrouve aussi avec une fréquence plus élevée parmi les jeunes qui ont déjà rencontré des problèmes importants (87%).

Mais à l’inverse, parmi les jeunes interrogés qui admettent avoir eu des problèmes, un peu plus de 8 sur 10 disent eux aussi avoir demandé de l’aide à leurs pairs, et la plupart estiment que les jeunes de leur entourage ont fait quelque chose pour les aider.

L’enquête permettait de mettre en évidence les catégories de problèmes pour lesquels de l’aide est le plus souvent demandée par les adolescents. Les difficultés familiales, sentimentales et scolaires sont celles sur lesquelles reposent le plus souvent ces formes de solidarité entre jeunes, tandis que les problèmes de toxicomanies et les troubles psychologiques font l’objet d’échanges beaucoup moins fréquents.

Ces domaines varient selon les types de populations : la solidarité concernant le domaine sentimental semble plus fréquente dans la population féminine ; les demandes d’aide au sujet de problèmes familiaux culminent dans le cas de parents séparés ; les échanges dans le domaine scolaire sont plus fréquents parmi les 13-14 ans ; l’aide dans le domaine des toxicomanies concerne davantage les garçons.

Les pairs, des interlocuteurs privilégiés en cas de difficulté

On comprend mieux que ces demandes d’aide soient aussi fréquentes si l’on considère que les adolescents de l’entourage sont perçus comme les premiers interlocuteurs en cas de problèmes, ceux vers qui l’on se tourne, ceux dont on attend des réponses : s’ils étaient confrontés à des difficultés, les jeunes interrogés seraient 60% à demander de l’aide en priorité aux jeunes de leur entourage ; à ce titre, les pairs devancent les parents, cités par 40%, ou des adultes autres que leurs parents (18%).

 

L‘aide est importante, mais l’aide ne résout pas tout

La fréquence des solidarités témoigne de l’importance qu’elle revêt. Ces solidarités ne permettent évidemment pas de résoudre tous les problèmes.

Aider est de façon générale considéré comme difficile par les trois-quarts des adolescents interrogés.

Certes, les aides trouvent une forme d’efficacité, mais celle-ci semble toute relative : une large majorité d’adolescents interrogés estiment bien que l’aide fournie à ceux qui la demandaient avait été efficace ; mais la plupart la jugent plutôt efficace (71%), tandis que rares sont ceux qui la qualifient de très efficace (13%).

Il en va de même des jeunes qui ont été aidés et peuvent en témoigner : la plupart ont trouvé une forme d’efficacité dans la solidarité rencontrée (64%) ; mais seule une minorité peut attester du fait que l’aide a été très efficace (14%).

D’autant que la solidarité n’est pas un concept générique qui s’applique de la même manière à tous les domaines. Les problèmes de toxicomanies, jugés les plus graves, sont aussi un de ceux pour lesquels les jeunes se sentent le moins souvent à l’aise (9%) à l’idée d’apporter une aide. Seuls les problèmes psychologiques semblent leur paraître encore plus difficiles à gérer.

C’est dans le domaine scolaire, par ailleurs jugé le moins grave, que les adolescents se déclarent le plus souvent à l’aise pour aider leurs pairs (34%). Les problèmes familiaux sont considérés à la fois comme un domaine de grande gravité et comme un champ où les adolescents ressentent une latitude d’action.

Conclusions

On est frappé dans cette enquête par la proportion importante de jeunes qui déclarent rencontrer des difficultés importantes. 

Certes, il s’agit là d’une enquête déclarative, subjective par nature, qui ne permet pas de décrire de façon précise la réalité de ces difficultés et leur degré de sévérité, sans doute très variable. Il est cependant incontestable que ces problèmes touchent toutes les catégories de population, dans tous les milieux sociaux, même si certaines catégories sont sans doute plus exposées que d’autres.

Dans ce contexte, les formes de solidarité apparaissent très développées.

La plupart des jeunes interrogés ont reçu, à un moment ou à un autre des demandes d’aide de la part de leurs pairs. La plupart de ceux qui ont rencontré des difficultés disent aussi avoir fait appel à des jeunes de leur entourage. Ce qui frappe, c’est que la recherche d’une aide de la part des pairs reste rarement vaine. Des réponses sont fournies, une aide est apportée, souvent avec une forme d’efficacité.

Cette aide est d’autant plus importante que c’est d’abord vers les jeunes de leur entourage que semblent se tourner les adolescents en situation de difficulté.

La solidarité intra-générationnelle ne résout pas tous les problèmes, pas plus bien sûr qu’elle ne peut faire disparaître leurs origines multiples.

Elle n’en reste pas moins une ressource précieuse pour des adolescents confrontés à des difficultés.


Fiche technique :

Sondage effectué pour : LA FONDATION WYETH, en partenariat avec FIL SANTE JEUNES

Dates du terrain : du 16 février au 23 mars 2005.

Echantillon : 803 personnes, constituant un échantillon national représentatif de la population des adolescents de 13 à 18 ans.

Méthode : Echantillon interrogé en face-à-face à la sortie des collèges et lycées.
Interviews réalisées dans un endroit choisi par l'adolescent.
La représentativité de l'échantillon est assurée par la méthode des quotas de sexe, d'âge, de région et selon la scolarité (catégories d'établissement)

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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