Français et logement : légère décrispation des inquiétudes

La vague 2014 du baromètre Ipsos pour Nexity révèle que les Français sont légèrement décrispés par rapport aux problématiques de logement. En revanche, ils sont bien conscients qu’une politique du logement efficace doit passer par une coordination des acteurs au niveau national, intercommunal et local.

Auteur(s)
  • Sarah Duhautois Directrice Adjointe Corporate Reputation
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En ce début d’année 2014 et alors que le nombre de chômeurs dépasse largement les 3 millions, les sujets qui préoccupent plus que jamais les Français sont le chômage et l’emploi : 59% d’entre eux, soit une hausse de 15 points par rapport à septembre 2011, les citent en premier. Le pouvoir d’achat arrive en 2ème position avec 34% (-6 pts par rapport à septembre 2011). La dimension économique est donc bel et bien prégnante dans l’esprit des Français. En comparaison, le logement n’est cité que par 20% des Français (en hausse de 2 points) et arrive en bas de classement, devant l’environnement.

Pourtant, la situation en matière de logement continue d’être jugée délicate puisque 78% des Français pensent qu’il est difficile de trouver un logement aujourd’hui en France. Il semble cependant que le pire serait derrière nous.

Ainsi, cette proportion, bien que toujours très élevée, est en baisse de 5 points par rapport à septembre 2013 (mais proche du niveau de janvier dernier).

De même, le sentiment que les choses en France en matière de logement vont plutôt se dégrader a cessé d’augmenter depuis plus d’un an, et c’est désormais le pronostic d’un statu quo qui prédomine : ainsi, 54% des Français pensent que les choses ne vont pas changer, une proportion en hausse de 8 points par rapport à septembre 2013, et de 14 points par rapport à septembre 2012. Un quart des Français estiment, de leur côté, que la situation va se dégrader(en baisse de 3 points).

D’ailleurs, les Français sont un peu moins pessimistes qu’en septembre 2011 pour la génération de leurs enfants. Ils sont désormais 27% à penser que la génération de leurs enfants connaîtra une situation meilleure que la leur en ce qui concerne le logement, soit une proportion en hausse de 10 points.

Le pronostic quant à l’évolution des prix va dans le même sens, puisque de plus en plus de Français pensent que les prix vont baisser à l’achat : 29% dans le neuf et même 47% dans l’ancien, en hausse de 8 points pour chacun. La communication des principaux acteurs du marché de la transaction immobilière sur la thématique des prix, très largement reprise par les médias début janvier, a sans doute retenu l’attention des Français. En ce qui concerne la location, les évolutions sont moins importantes : 6 points de plus chez ceux qui pensent que les prix vont baisser dans le neuf (17%) et 3 points de plus pour l’ancien (26%). Le pronostic d’une augmentation des prix des logements en location est donc toujours largement majoritaire, respectivement 72% et 58%, mais affiche son niveau le plus bas depuis le début du baromètre en septembre 2011.

 

Coût et disponibilité du foncier : les priorités d’action

En conséquence, la limitation de la hausse des loyers reste, selon les Français, la priorité des actions à entreprendre en matière de logement (45%) mais elle baisse de 4 points. La limitation de la hausse des prix à l’achat baisse également de 2 points,au 3ème rang des priorités, derrière un objectif plus qualitatif d’efficacité énergétique (« rendre les logements plus économes en énergie », une priorité pour 35% des Français, + 3 points) La construction de logements figure quant à elle au 4è rang des priorités (25%, +1pt).

Sur ce point, les Français considèrent que la meilleure façon de favoriser la construction de logements serait d’aider l’accession à la propriété (31%, -2 pts) mais également de traiter le foncier en libérant des terrains appartenant à l’Etat (28%, -2 pts). La proportion de Français qui citent l’incitation fiscale à l’investissement immobilier (17%) est en hausse de 3 points, l’accélération des procédures administratives pour l’obtention d’un permis de construire (13%) en hausse de 1 point et le financement par de l’argent public de la construction de logements de 2 points, arrivant à 7% seulement.

À un échelon plus local, les Français pensent que les principaux freins à la mise en œuvre d’une politique efficace et adaptée sur leur territoire sont à chercher du côté de la disponibilité des terrains (32%) et des systèmes de financement (30%). Foncier et prix du logement apparaissent là aussi comme les principales difficultés à surmonter, à un échelon national comme local. Viennent ensuite les règles administratives (24%), la multiplicité des documents d’urbanisme (16%) ou encore la coordination entre villes voisines (13%). Les relations avec les promoteurs ne sont pointées du doigt que par 8% de la population.  

 

Politique du logement : les Français en appellent à l’intercommunalité

Si l’aide à l’accession à la propriété est jugée comme le meilleur moyen de favoriser la construction de logement, c’est à l’Etat d’en assurer la mise en place, pour 48% des Français (+2 pts). 30% pensent que c’est à l’intercommunalité de s’en charger (-2 pts) et seulement 18% à la commune (+1 pt).

En ce qui concerne la politique du logement en général, c’est en revanche à l’intercommunalité qu’une majorité relative de Français (41%, -4 pts) considère que la tâche doit incomber, quand 35% pensent que c’est à l’Etat (+2 pts) et 20% à la commune (+4 pts).  De fait, la place occupée par le logement dans l’action gouvernementale semble jugée insuffisante : moins de 4 Français sur 10 pensent qu’elle est importante (37%) contre 6 sur 10 qui pensent qu’elle ne l’est pas (60%).On le voit ici, même si l’intercommunalité reste l’échelon considéré comme adéquat par une majorité relative de Français, la perception que l’Etat constitue l’échelon le plus efficace en matière de logement est en légère hausse. Les plus pessimistes sur la situation du logement dans notre pays sont ceux qui partagent le plus cet avis : 42% de ceux qui pensent qu’il est très difficile de trouver un logement aujourd’hui en France, 47% de ceux qui pensent qu’il y a un problème général et non localisé de pénurie de logement et 42% de ceux qui pensent que les choses en matière de logement vont se dégrader.

Ces pessimistes sont aussi ceux qui, contrairement à la majorité des Français, pensent que la politique du logement doit être uniforme, avec des dispositifs d’aide et de défiscalisation identiques sur tout le territoire : 52% de ceux qui pensent qu’il très difficile de trouver un logement partagent cet avis, contre 44% qui pensent à l’inverse que la politique du logement doit être différente selon les régions et les zones du territoire, dirigée vers celles qui en ont le plus besoin. Si l’on considère les Français dans leur ensemble et non plus seulement les plus pessimistes d’entre eux, la majorité est plutôt du côté de ceux qui en appellent à une politique différenciée (55%), contre 43% à une politique ciblée.

 

Le jugement vis-à-vis de l’action de sa municipalité en matière de logement est assez positif

Deux mois avant les élections municipales, le bilan que dressent les Français sur l’action de leur municipalité en matière de logement est globalement assez positif : 66% d’entre eux en ont une vision positive, contre 28% une vision négative. Il est partagé par l’ensemble des catégories de population dans les mêmes proportions, exception faite des Franciliens qui, touchés plus gravement pas la crise du logement, émettent des jugements plus sévères : 57% dressent un bilan positif, 35% un bilan négatif.

Dans le détail, c’est en matière de rénovation des quartiers anciens (65% de jugement positif vs 26% de négatif) et d’aménagement de nouveaux quartiers (62% de positif et 28% de négatif) que le bilan est le plus élogieux, ce qui tendrait à montrer le dynamisme des municipalités au cours des dernières années. Les opinions relatives à la construction sont plus mesurées, avec environ une majorité de Français qui dresse un bilan positif (56% pour l’autorisation de construire de nouveaux logements privés, 52% pour celle de logements sociaux). Enfin, c’est l’aide pour l’accession à la propriété qui semble avoir été la plus timide : seuls 37% des Français font un bilan positif de l’action de leur municipalité sur le sujet, alors que 38% en font un bilan négatif et que 25% ne sont pas en mesure de se prononcer. Mais c’est, rappelons-le, un sujet qui doit relever de la responsabilité de l’Etat selon 48% des Français, bien plus que de celle des communes (18%).

Compte tenu du jugement plutôt favorable des Français à l’égard de leur municipalité, il n’est pas étonnant que 71% des Français fassent confiance à leur maire pour faire en sorte que la ville de demain soit plus agréable à vivre. Même s’ils sont une moindre proportion (59%) à penser que la question du logement est un sujet important pour leur prochain maire dans le cadre des élections municipales,

Au total, même si les choses semblent s’éclaircir un peu, les Français restent bien conscients que la situation du logement dans notre pays va bien au-delà d’un simple phénomène conjoncturel de crise, et qu’il faudra du temps avant qu’elle ne s’améliore vraiment. Si la perception et les pronostics sur les prix s’améliorent, ils restent un problème majeur pour l’accès au logement de tous, et en particulier des catégories sociales les plus fragiles.

L’ensemble des acteurs doit donc être mobilisé, chacun selon sa compétence, pour une politique du logement efficace sur l’ensemble du territoire et en particulier dans les zones les plus tendues. 


Fiche technique :

Etude réalisée par téléphone les 24 et 25 janvier 2014 auprès de 949 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. L’échantillon est construit selon la méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de famille, catégorie d’agglomération et région).
Méthodologie de l’Indicateur du logement neuf : étude réalisée par en face à face du 17 au 20 janvier puis du 31 janvier au 3 février 2014 auprès de 1 939 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. L’échantillon est construit selon la méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de famille, catégorie d’agglomération et région).

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  • Sarah Duhautois Directrice Adjointe Corporate Reputation

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