Fusions d'entreprises : les cadres européens plutôt sereins

Les cadres européens se sont faits aux fusions-acquisitions. L'enquête Ipsos / L'Usine Nouvelle montre que la majorité de ceux qui ont vécu l'expérience s'estiment plutôt gagnants.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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France Telecom s'empare de l'opérateur mobile britannique Orange ; Terra Networks, filiale Internet de l'espagnol Telefonica rachète le portail américain Lycos. Les fusions-acquisitions sont devenues si fréquentes qu'elles en sont presque entrées dans les mœurs. Plus de la moitié des cadres européens a d'ores et déjà connu une fusion ou un rachat, une fois (25%), ou même plusieurs fois (28%). Il n'y a guère qu'en Espagne où la majorité des cadres (59%) n'a pas encore été confronté à pareille situation.

Les fusions-acquisitions semblent aujourd'hui mieux vécu par les cadres, peut-être parce qu'elles sont mieux préparées. La forte majorité de ceux qui ont connu une fusion au sein de leur entreprise n'a pas été surpris. Les trois-quarts des cadres européens déclarent d'ailleurs avoir été suffisamment informés de la fusion. Les deux tiers des managers interrogés n'ont pas vécu de période d'incertitude quant à la pérennité de leur poste, leurs responsabilités précises au sein de l'entreprise, les objectifs qui leurs sont fixés ou les moyens dont ils disposent.En revanche, près de la moitié des cadres européens, et surtout 63% des cadres français, regrettent de n'avoir pas été suffisamment consultés. Les problèmes de confidentialité liés à ce type d'opérations ne facilitent en général pas la tache de la communication interne des entreprises.

Une large part des cadres concernés par une fusion s'est vu confier plus de responsabilités (44%), soit presque la même proportion que ceux pour qui rien n'a changé (43%). En revanche, ceux qui suite à la fusion ont perdu une part de leurs responsabilités, ceux qui ont volontairement quitté leur travail, ou ceux qui ont été licenciés sont, pour chaque pays, largement minoritaires. Ces résultats doivent toutefois être nuancés par le fait que les cadres sont certainement, plus que les autres catégories socioprofessionnelles, tentés de valoriser leur fonction, et peu enclins à déclarer une perte de responsabilité.

Ceux enfin qui n'ont pas encore vécu de fusion sont quant à eux plutôt sereins. Si on leur annonçait demain que leur société fusionnait avec une autre, ils auraient "une réaction de confiance" pour 43% d'entre eux. Les plus sceptiques sont les Allemands (35% éprouveraient "une réaction de crainte") et surtout les Britanniques (44%). Ces derniers ont certainement encore en mémoire les premières vagues de fusions-restructurations, motivés par les gains de productivité, qui ont fait passer des pans entiers de l'industrie britannique sous pavillon étranger, comme ce fut le cas pour l'automobile notamment.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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