Gestion des municipalités : les Français veulent être davantage consultés

A la veille des élections Municipales, l'étude Ipsos-Le Moniteur décrypte les attentes à l'égard des futurs élus. Vingt ans après les lois de décentralisation, les résultats de l'enquête attestent de l'intérêt des Français pour la politique au niveau local, et reflètent la dimension pragmatique de leurs préoccupations.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Apparemment satisfaits par l'utilisation des deniers publics locaux, les citoyens manifestent un désir de transparence et de participation.

A l'heure du bilan, 61 % des personnes interrogées estiment que l'argent public est bien utilisé par les élus (contre 33 % d'avis contraires). Même s'il est à modérer (6 % seulement pensent que l'argent public est très bien utilisé), ce jugement contraste avec la relative désaffection des citoyens à l'égard de la politique au niveau national. C'est dans le Nord-Ouest que la satisfaction est la plus grande (69 % des sondés) et dans le Sud-Est qu'elle est la moins marquée (54 % néanmoins). En dépit de cette satisfaction globale, 80 % des sondés aimeraient disposer de davantage d'information sur la façon dont leurs élus utilisent cet argent (contre seulement 15 % d'avis contraires). Ils en font même une priorité. Ce souhait d'une information accrue se retrouve de façon équilibrée à Paris et en Province (80 % des interviewés dans les deux cas). Les affaires de la mairie de Paris ne semblent donc pas avoir éveillé plus particulièrement la curiosité des Parisiens. Assez logiquement, c'est au sein des groupes sociaux les plus favorisés (en terme de niveau d'études comme de revenu) que ce souhait est le plus marqué.

Mais il faut souligner ici que la loi prévoit déjà l'accès du public à tous les documents du budget municipal. Or, si 77 % des personnes interrogées ont déjà accédé d'une manière ou d'une autre aux décisions de leur conseil municipal, la plupart se sont contentées de lire des publications ou des communiqués de leur commune à ce sujet (71 % d'entre elles). 42 % seulement des sondés ont pris connaissance des grandes lignes du budget de leur commune (contre 58 % qui ne l'ont jamais fait) et 23 % seulement ont consulté des documents du budget de leur municipalité, soit une minorité. Cette apparente contradiction entre le désir d'une transparence accrue sur l'utilisation de l'argent public et le comportement réel des interviewés résulte très certainement d'un déficit d'information. 

En effet, si le public reçoit régulièrement dans sa boîte aux lettres des publications et des communiqués de sa mairie, sait-il, pour autant, qu'il est autorisé par la loi à consulter les documents du budget municipal et donc à recevoir davantage d'information s'il en fait la démarche ? Sans doute pas… D'ailleurs, si 23 % des sondés ont déjà consulté des documents du budget de leur commune, cette moyenne est plus élevée parmi les cadres supérieurs (30 %), les personnes ayant un niveau d'études supérieur (30 %), et celles ayant d'importants revenus (38 %), c'est-à-dire au sein des classes sociales favorisées, dont l'accès à l'information est plus grand. Cette moyenne est également plus élevée parmi les habitants des communes rurales (31 %) dont la taille favorise également la circulation de l'information.

Toujours est-il que les Français souhaitent plus de transparence, ou du moins un accès facilité aux informations concernant l'utilisation de leur argent. Ce désir s'accompagne de celui de participer davantage aux affaires de la cité. En effet, 84 % des personnes interrogées sont favorables au référendum local pour décider de la réalisation d'un projet (contre 14 % d'avis contraires). Les Français se sentent donc concernés par la vie de leur municipalité, ce qui se traduit de deux façons : la volonté d'y participer directement, d'être associés à certaines décisions de leurs élus et celle d'un droit de regard sur les activités du conseil municipal.

A travers l'exemple des transports et de l'environnement, on observe la vigilance des citoyens pour une utilisation pratique des budgets municipaux.

Dans le secteur des transports, les interviewés attendent de leurs élus qu'ils améliorent en priorité les liaisons interurbaines (pour 36 % d'entre eux) et la circulation au sein de leur commune en général (29 %). Il faut souligner ici une spécificité de l'Ile-de-France : pour 50,6 % de ses habitants, l'amélioration des liaisons interurbaines constitue une priorité. Il est vrai que les Franciliens se plaignent souvent du manque de liaisons inter-banlieues et de la banlieue vers Paris. Les sondés souhaitent également l'amélioration de l'accès à leur lieu de travail (21 %, sachant que, fort logiquement, les retraités et les plus de 60 ans sont moins concernés par cette préoccupation, de même que les inactifs). En revanche, l'accès aux zones de commerce et de loisirs semble étonnamment moins important aux yeux des Français (11 et 10 % respectivement ; la desserte des zones de loisirs préoccupe néanmoins davantage les moins de 35 ans puisque 14 % d'entre eux en font une de leurs préoccupations, ce qui est assez logique encore une fois). On retrouve l'amélioration des moyens de déplacement dans leur commune en tête des priorités des Français concernant l'environnement (pour 28 % d'entre eux). Elle arrive à égalité avec la mise en place de la collecte et du traitement des déchets . 27 % des personnes interrogées attendent également de leurs élus une amélioration de la qualité de l'eau potable et 22 % le développement des espaces verts. L'amélioration de l'esthétique des communes arrive en dernière position (pour 15 % des sondés). Il semble donc que les Français accordent surtout de l'importance aux réalités pratiques (transports, qualité de vie, santé) et préfèrent que leurs élus investissent dans ces secteurs.

Loin donc d'être délaissée par les Français, la politique locale interpelle les citoyens. Ceux-ci manifestent avant tout le désir d'une transparence accrue et veulent veiller au bien-fondé et à l'utilité réelle des dépenses de leur commune.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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