Hollywood et le terrorisme: action et interactions
A la suite de la vague d'attentats aux Etats-Unis, Hollywood a décidé de retarder, voire de modifier certains films tournés avant le 11 septembre, qui montraient les tours du World Trade Center ou qui traitaient de terrorisme et d'attentats : la bande annonce de "Spider-Man", où l'homme-araignée tisse sa toile entre les tours, a été supprimée ; la sortie de "Colateral damages" dans lequel Arnold Schwarzenegger joue le rôle d'un pompier qui perd toute sa famille dans un attentat, a été retardée.
Si la plupart des Français juge ces décisions compréhensibles (82%), beaucoup les trouvent quand même exagérées (42%, contre 55% d'avis contraire). Les plus jeunes (48% des moins de 35 ans) et dans une moindre mesure les hommes (45%), sont les plus nombreux à considérer qu'Hollywood "en fait un peu trop".
Dans le détail, on constate que l'assentiment varie fortement en fonction du type de décision prises. Près de six Français sur dix se déclarent ainsi "plutôt d'accord" avec la décision de "retarder la sortie des films", contre 40% de "plutôt pas d'accord". L'opinion est plus partagée lorsqu'il s'agit de "modifier les films en enlevant ou en retournant les scènes qui traitent du terrorisme ou qui montrent des attentats" (51% de "plutôt d'accord", contre 47% "plutôt pas d'accord", les plus jeunes (57%) et les hommes (54%) se montrant même majoritairement opposés à cette modification). Près de deux Français sur trois sont encore contre "la suppression des images qui montrent le World Trade Center". Cette désapprobation est encore plus forte chez les hommes (65%) et les plus jeunes (70% des moins de 35 ans), le cœur du public des films d'action.
De fait, si les Français semblent comprendre la volonté des Américains de faire place au deuil pendant quelque temps, supprimer les images des "Twins towers" ne leur semble pas vraiment justifié. Pour la majorité des Français, ces modifications risquent de dénaturer les films : 44% des personnes interrogées déclarent qu'a priori, le fait qu'Hollywood ait décidé de modifier certains films leur donne moins envie d'aller les voir. C'est notamment le cas de la moitié des moins de 35 ans, gros consommateurs de films d'action. Seulement 20% des sondés sont d'avis contraire.
Le terrorisme et les attentats constituent depuis longtemps une source d'inspiration des productions hollywoodiennes. Avions détournés, Maison-Blanche détruite, Pentagone ou tours attaqués sont autant de scénarii déjà imaginés. Cela explique sans doute que la majorité des Français (58%), en particulier les femmes (63%) et les plus de 35 ans (66%), pense que "les films catastrophes et les films d'action qui traitent de terrorisme ou d'attentats ont pu donner des idées aux terroristes, sur le choix de leurs cibles et les méthodes employées". Seuls les moins de 35 ans et les catégories socioprofessionnelles supérieures rejettent majoritairement cette hypothèse.
L'influence réciproque entre Hollywood et le terrorisme devrait d'ailleurs perdurer si l'on en croit l'opinion publique. Pour les trois quarts des personnes interrogées, "les attentats du 11 septembre auront une influence importante sur la production Hollywoodienne des prochaines années (en terme de choix de sujets et du ton employé pour les traiter) ; 28% estiment même qu'ils auront une influence "très importante". En revanche, rares sont les Français à souhaiter que les attentats fassent "rapidement" l'objet d'un film en tant que tel : juste 15% d'entre eux seraient d'accord, "pour rendre hommage aux victimes et aux sauveteurs". Un tel projet est toutefois envisageable à plus long terme, la moitié des interviewés souhaitant "qu'Hollywood produise un film sur ce sujet, mais, par décence vis-à-vis des victimes, dans un certain nombre d'années seulement ". Soulignons enfin que trois personnes sur dix estiment qu'Hollywood doit "s'interdire de produire un tel film".