Intentions de vote au référendum : le "non" accroît son avance

A 55% d'intentions de vote pour le Non, contre 45% au Oui, la dernière vague de l'Observatoire du référendum sur la constitution européenne réalisée par Ipsos pour Le Figaro et Europe 1 confirme la dynamique favorable au Non enregistrée depuis fin avril. Les trois inversions de tendances déjà relevées pendant cette campagne et le niveau élevé de l’indécision, particulièrement dans l’électorat de gauche, invitent tout de même à la précaution quant à l’issue finale. Près d'une personne sur quatre, certaine d'aller voter, n'a pas exprimé d'intention de vote, et 11% déclarent pouvoir encore changer d'avis. Le renversement du rapport de force d'ici à dimanche constituerait malgré tout une surprise.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Chiffres clés

  • Le Non est à 55% d'intentions de vote, +2 points en 5 jours, +8 points depuis le 29 avril ;
  • Les deux tiers des électeurs "certains d'aller voter", et 85% de ceux qui pensent voter Non, déclarent leur choix "définitif" ;
  • Le souhait de victoire du Non (43%) reste de 8 points supérieur au souhait de victoire du Oui (35%) ;
  • Près d'un électeur sur deux pronostique la victoire du Non, 23% la victoire du Oui, 28% ne se prononcent pas ;
  • Pour une large majorité des électeurs, l'opinion sur "la Constitution européenne" (73%, +6 points en une semaine) et sur "la situation économique et sociale de la France" (69%, +3 points) s'avèrent décisives dans le choix du bulletin ; comparativement, l'opinion sur "Jacques Chirac et le gouvernement" est citée comme décisive par moins d'un électeur sur trois.


Plus deux points en cinq jours, plus 8 points depuis le 29 avril. La progression du Non dans la dernière ligne droite semble presque s'accélérer à l'approche du scrutin. La dynamique favorable au Non se confirme en tous cas avec la dernière mesure d'intention de vote réalisée mardi et mercredi par Ipsos : à 55%, contre 45% au Oui, l'avance est désormais nette. Le Non est à 63% sur l'ensemble de l'électorat de la gauche parlementaire (PC-PS-Verts), et à 56% chez les sympathisants socialistes ; il est en tête dans toutes les catégories d'âge jusqu'à 60 ans, dans toutes les catégories de revenus sauf celle supérieure à 3000€ par foyer et par mois. Le Non est encore choisi par 60% des actifs, alors que le Oui reste majoritaire chez les inactifs (52%).
On retrouve aujourd'hui le point le plus haut atteint par le Non sur toute la campagne, 55% mi avril. Mais si l'actualité plus favorable de la deuxième quinzaine d'avril (décollage de l'airbus A380) et la forte mobilisation de l'électorat UMP et UDF avait alors permis au Oui de reprendre l'avantage, une nouvelle bascule du rapport de force paraît aujourd'hui beaucoup plus difficile, si près du scrutin. Il y certes dans les 11% d'électeurs qui déclarent pouvoir encore changer d'avis et surtout les 23% des personnes interrogées, certaines d'aller voter, qui n'ont pas exprimé d'intentions de vote, le réservoir suffisant pour infléchir la tendance. De là à inverser le rapport de force, il faudrait une répartition des voix des indécis très favorable au projet de constitution. Les autres indicateurs de l'observatoire ne plaident pas dans ce sens.

On relèvera par exemple la spectaculaire progression du pronostic de victoire du Non depuis deux semaines : 27% le 13 mai, 41% le 20 mai, 49% aujourd'hui. Symétriquement, la part des électeurs à penser que le Oui allait l'emporter s'est effondrée, pour atteindre 23% aujourd'hui, le plus bas niveau enregistré pendant cette campagne Ce chiffre révèle peut-être un certain découragement des partisans du Oui, peu propice à une forte mobilisation. En terme de souhait de victoire, le Oui perd aussi du terrain : pointé aujourd'hui à 35% (contre 46% il y a un mois), la majorité relative des électeurs souhaite aujourd'hui la victoire du Non (43%).
L'analyse des motivations du choix semble enfin contredire l'idée du vote "sanction contre le gouvernement". La majorité des électeurs déclarent en effet que c'est d'abord leur "opinion sur la Constitution européenne" (73%, +6 points), et "la situation économique et sociale de la France (69%, +3 points) qui joueront un rôle "décisif ou important" au moment de mettre le bulletin dans l'urne. A contrario, 62% des interviewés jugent que "leur opinion sur Jacques Chirac et le gouvernement" sera secondaire ou négligeable dans leur choix.
Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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