Internet, dangereux pour les enfants ?
1. Près des deux tiers des parents se déclarent préoccupés par l'utilisation que font ou pourraient faire leurs enfants d'Internet. Un tel niveau d'inquiétude peut-il brider le développement du Net ?
L'internet familial est victime d'une double stigmatisation. En premier lieu, il s'agit d'une offre extérieure, complexe, changeante et protéiforme, vis à vis de laquelle les parents ne savent pas véritablement comment se positionner. Il est sans doute plus simple pour un parent de gérer l'offre télévisuelle que l'offre internet. Qui plus est, l'outil informatique est souvent mieux connu des enfants que des parents. On rappellera ici que l'équipement informatique des foyers se fait dans une grande partie des cas sous la pression directe ou indirecte des enfants. Et combien de parents se sont fait expliquer internet par leurs propres enfants ? Mais il est également clair que le web est victime du discours ambiant, et que le résultat que nous avons enregistré ici - ce résultat concerne aussi bien les foyers équipés que les foyers non équipés - est une forme d'écho aux excès constatés et dénoncés depuis quelques mois.
Le premier réflexe pousse donc à la méfiance. Mais au delà, cette méfiance n'entravera certainement pas le développement d'Internet. Par exemple, ces mêmes parents concèdent au web de réelles vertus pédagogiques et culturelles : la recherche documentaire, la consultation de sites éducatifs ou encore la pratique de langues étrangères sont à même de conforter l'image d'un web conciliant cadre familial et nouveau média. C'est la mise en valeur de ces perspectives qui rassurera les parents sur l'intrusion d'Internet au sein du foyer.
2. Quels sont les principaux dangers identifiés par les parents ? Cette liste correspond-elle selon-vous aux menaces les plus sensibles pour les enfants ?
La pornographie est de loin la principale crainte des parents, mais on note également la place de choix réservée à la diffusion de contenus idéologiques ou à la violence. Finalement, ce sont bien des craintes d'adulte. Il n'est pas certain que cette même liste, soumise cette fois à des parents interrogés sur leurs propres craintes, présenterait des résultats différents.
Il y a ici une sorte de généralisation des craintes, sans considérer que les enfants peuvent être soumis à des sollicitations moins spectaculaires mais plus pernicieuses. L'article de Libération fait explicitement référence à la possibilité laissée à l'enfant de laisser ses coordonnées sur un chat ou un forum. C'est sans doute là que se situent pour les parents les principales zones sinon de danger, du moins de désagrément.
3. Quel type de contrôle les parents préconisent-ils ? Ces mesures coïncident-elles avec les protections existantes ?
Il est clair qu'aux yeux des parents, la responsabilité d'interdire ou non l'accès à un site leur incombe directement, bien avant l'Etat ou les professionnels du secteur. En cela, Internet ne se distingue pas des autres domaines que sont la télévision ou la lecture. Mais parallèlement, force est de constater que peu de parents regardent la télévision aux côtés de leurs enfants lorsque les programmes concernent directement ces derniers. Or, plus d'un tiers des parents estime qu'il faut être à côté de son enfant lorsque celui surfe, signe d'une réelle méfiance à l'égard du net. Ce problème vient sans doute de ce que l'outil n'est pas ici prédictif de son contenu.
Aux Etats-Unis, les jeunes surfent plus, mais sont plus surveillés
L'étude internationale menée par Ipsos Reid dans 16 pays auprès d'internautes de 16 à 24 ans montre que c'est aux Etats-Unis que les jeunes se connectent le plus longtemps. Ils sont en revanche plus surveillés par leurs parents qu'en Europe. Synthèse de l'étude (en anglais) sur le site d'Ipsos Reid)