Internet : fin de l'hégémonie américaine

La deuxième vague du baromètre "The Face of the Web", vaste enquête menée par Ipsos-Reid dans 35 pays, sur les comportements, usages et pratiques liés au Web, montre que les taux de connections commencent à stagner outre-Atlantique, alors que l'on enregistre toujours de forts taux de croissance en Europe ou dans le Sud-Est asiatique. La Suède et le Canada comptent déjà, en proportion, plus d'internautes que les Etats-Unis.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Alors que le marché de l'internet aux Etats-Unis semble aujourd'hui être arrivé à maturité (59% d'internautes réguliers dans la population en 2000 comme en 1999), la croissance est toujours très forte en Europe et dans les autres pays anglophones. La Suède, qui compte dans sa population 65% d'internautes réguliers (contre 53% en 1999, +12), est la plus connectée des 35 nations testées. Le Canada, deuxième avec 60% d'internautes réguliers (+4) a également doublé les Etats-Unis, désormais troisième de ce classement. La forte croissance enregistrée en Hollande (57% d'internautes réguliers, +17), en Suisse (51%, +6), ou en Finlande (53%, +9), pays leaders en Europe en proportion d'internautes, laisse à penser qu'à court terme, les Européens devraient être plus nombreux que les Américains à surfer sur la toile. L'hégémonie américaine, effective depuis la création du réseau des réseaux, devrait également souffrir de l'arrivée massive d'internautes du Sud-Est asiatique et d'autres pays anglophones. D'ores et déjà, la Corée du Sud et Singapour comptent parmi leur population 45% d'internautes assidus (+14), et plus d'un Australien sur deux surfe régulièrement (54%, +6). La Grande-Bretagne et l'Allemagne ferment la marche des pays leaders sur la toile, avec un peu plus d'une personne sur trois régulièrement connectée. La population d'internautes devient donc inéluctablement de plus en plus cosmopolite. Juste derrière les nations leaders se dégage un deuxième groupe de pays "émergents" dont environ le tiers de la population se connecte régulièrement, avec des taux de progression relativement forts. Ainsi en est-il de la Belgique, en tête de ce groupe avec 36% d'internautes (+8), voire de l'Italie, qui ne compte encore que 28% d'internautes réguliers, mais dont la progression en un an est forte (+12). La France, avec 30% d'internautes (+8), fait parti de ce groupe. Viennent ensuite un ensemble de pays qui comptent parmi leur population environ un quart d'internautes, mais dont la progression du nombre de connectés est faible ou nulle, comme si le marché était déjà arrivé à maturité. Il semblerait en fait qu'il existe dans ces pays un véritable fossé entre les internautes et le reste de la population, qui pour des raisons sociales ou économiques, est encore loin d'avoir accès à la toile. On trouve dans ce groupe les zones urbaines d'Amérique du Sud (Brésil, Mexique, Argentine et Colombie), les zones urbaines de Chine ou d'Afrique du Sud, la Pologne, et même l'Espagne.

Même si 27% des Espagnols surfent régulièrement, la faible progression du nombre d'internautes sur la péninsule ibérique (+2 points en un an) semble indiquer qu'une large part de la population reste coupée du réseau mondial. Les faibles différences entre le nombre d'internautes réguliers et occasionnels mesurées dans ces pays corroborent d'ailleurs cette hypothèse de fortes inégalités sociales dans l'accès aux nouvelles technologies. Dans ces pays, la fracture numérique se superpose désormais à la fracture sociale.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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