Internet : les Français rattrapent les Anglo-saxons

Les Français, de plus en plus nombreux à se connecter au Net, comblent peu à peu leur retard sur les Britanniques et les Allemands. Si la population internaute demeure majoritairement jeune, masculine, et de statut social élevé, l'enquête Ipsos - Vue du Net prouve que l'accès au réseau des réseaux se démocratise quelque peu.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Au lendemain de la rentrée scolaire en Europe, plus du tiers de la population des principaux pays européens (35%) dispose d'une connexion internet, chez soi ou sur son lieu de travail (+5 points par rapport à mars 2000). Plus d'une personne sur quatre dispose d'une connexion à la maison (26%, +6 points), soit un peu plus que ceux bénéficiant d'une connexion au bureau (18%, +2 points). La proportion des internautes "duplicants" (disposant d'une connexion à la maison et au bureau) progresse également (9%, +2 points).

Si les Britanniques restent toujours les Européens les plus connectés (42%, + 2 points), ils sont aujourd'hui rejoint par les Allemands (42%, +4 points). En effet, aux cours des 6 derniers mois, les Allemands se sont équipés massivement pour se connecter au Web sur leur lieu de travail (27%, +7 points). Ainsi, l'Allemagne est le pays qui présente aujourd'hui le plus grand nombre de connectés duplicants (15%, +6 points).Viennent ensuite, en troisième position, les Italiens : près d'un sur trois (32%) dispose d'au moins une connexion (+5 points). Comme l'ensemble des Européens, ils sont nettement plus souvent connectés à la maison (25%, +7 points), qu'au bureau (13%, sans changement).La France se situe toujours en quatrième position de ce classement (29%). Mais ce sont les Français qui se sont le plus équipés au cours des 6 derniers mois, avec une progression globale de 6 points. La proportion de connectés à la maison (19%, +6 points) ne devance que légèrement les connectés au bureau (18%, +6 points). Les Français se classent d'ailleurs en seconde position du classement européen en terme de connexion sur le lieu de travail.L'Espagne toujours en fin de classement des différents pays testés, enregistre toutefois également une progression importante de ses internautes (20%, +6 points), en particulier pour les connexions à domicile (14%, +6 points).Avec un rythme de progression supérieur aux autres pays européens, la France tend à combler son retard en terme d'accès à internet. A l'inverse, les Britanniques et les Allemands, plus nombreux à être connectés, voient leur rythme de progression se ralentir. Malgré l'augmentation importante des accès à internet en Europe au cours des 6 derniers mois, le profil des internautes évolue peu. L'internaute Européen est toujours jeune (48% des moins de 35 ans sont connectés, contre seulement 9% des "seniors" - plus de 60 ans). Les étudiants européens sont les champions incontestables de l'accès à internet : plus d'un sur deux dispose d'une connexion (53%). Par ailleurs, le niveau de revenu du foyer apparaît comme le facteur le plus discriminant : 71 % des foyers européens les plus aisés dispose aujourd'hui d'au moins une connexion ; à l'inverse, les foyers les plus démunis ne sont que 16% à être connectés.De manière plus anecdotique, l'analyse des internautes en fonction de leur proximité partisane montre qu'on trouve le plus d'internautes dans les rangs des … écologistes : 53% dispose d'au moins une connexion. Les partis de gauche modérée (38%) ou de droite modérée (36%) atteignent des niveaux similaires. On trouve en fin de classement les sympathisants d'extrême droite (18%).

L'analyse détaillée des connexions en France indique que le profil des internautes français diffère assez peu de la moyenne européenne. Internet en France concerne avant tout une population jeune (40% de connectés chez les moins de 35 ans contre 24% chez les plus âgés), disposant de revenus confortables (66% auprès des foyers les plus aisés contre 14% chez les plus défavorisés), avec des fonctions hiérarchiques élevées (81% de connectés chez les cadres contre 12% pour les ouvriers). C'est également une population plutôt masculine, habitant dans les grandes agglomérations.Toutefois si l'on compare les résultats de cette nouvelle enquête à celle de mars dernier, certains clivages tendent à s'estomper. En effet, les catégories de la population qui enregistrent les plus fortes progressions ne sont plus les plus connectées : les employés (41% de connectés, +14 points) tendent à combler leur retard sur les cadres, les foyers à revenus moyens-supérieurs (48%, +13 points) rattrapent les revenus supérieurs, les 35-49 ans (34%, +12 points) cherchent à rejoindre les moins de 35 ans, les femmes (25% de connectés, +10 points) reprennent un peu de terrain sur les hommes. On est cependant encore assez loin d'une démocratisation touchant l'ensemble de la population : par exemple, les progressions enregistrées auprès des catégories sociales les moins favorisées restent en retrait.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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