Internet révolutionne le monde de l'entreprise
L'enquête Ipsos / New Biz auprès de 400 cadres du secteur privé montre que l'arrivée d'Internet dans les bureaux est vécue comme une véritable révolution. La majorité des cadres ne peuvent déjà plus se passer de certaines des fonctionnalités du réseau.
Internet a fait une entrée remarquée au sein de l'entreprise. Son utilisation au bureau est aujourd'hui largement répandue chez les cadres du secteur privé : près de quatre cadres français sur dix se connectent "tous les jours ou presque", et 12% "deux ou trois fois par semaine". Les plus assidus sont les jeunes cadres (47% l'utilisent tous les jours ou presque), les Parisiens (53%) et ceux disposant d'un revenu annuel supérieur à 300.000 francs (52%). Par ailleurs, plus les cadres sont rodés à la pratique du Net, et plus ils l'utilisent : 79% des personnes qui surfent depuis plus de deux ans l'utilisent aujourd'hui tous les jours ou presque ; ce n'est le cas que de seulement 23% des cadres dont la pratique date de moins de six mois. Autrement dit en la matière, l'essayer, c'est l'adopter.
L'utilisation n°1 est bien entendu le courrier électronique : 87% des cadres interrogés échangent déjà des mails professionnels, ou comptent le faire dans quelques mois. Mais l'utilisation du Net ne se résume pas à cette gigantesque boite aux lettres électronique et instantanée. La plupart des cadres l'ont d'ores et déjà compris, Internet est une ressource inépuisable d'information. Entre les fils d'agences de presse, les journaux et magazines, généralistes ou spécialisés, du monde entier, il y a largement de quoi satisfaire sa curiosité. Ainsi, 54% des cadres se sont déjà informés sur l'actualité via le Net, et 17% comptent le faire dans les mois qui viennent.Internet est également un puissant outil de veille. Près de 70% des cadres reconnaissent l'intérêt du web pour rechercher de l'information sur des prestataires. Et plus d'une personne interrogée sur deux utilise ou utilisera Internet pour se procurer de l'information sur la concurrence, ou sur des prospects.En revanche, les usages strictement personnels (réponse à des offres d'emploi, réservation de billets de transports pour des voyages personnels, opérations bancaires…) n'occupent encore, si l'on en croit les interviewés, qu'une place secondaire dans la hiérarchie des pratiques.
L'arrivée du Net s'apparente donc à une véritable révolution pour le monde de l'entreprise. Près de 60% des cadres interrogés s'accordent à dire qu'Internet a eu des conséquences importantes "sur l'organisation de leur entreprise" et, pour 50% d'entre eux, "sur leur manière personnelle de travailler".
Moins nombreux sont ceux qui estiment que les relations avec les clients (44%), les fournisseurs (33%), les collègues (32%) ou la hiérarchie (24%) se sont sensiblement modifiées depuis qu'ils ont la possibilité de se connecter.
Pour autant, les cadres n'adhèrent pas totalement à la nouvelle économie. Ils en dressent même un portrait sans concession. La forte majorité s'accorde à considérer que les termes "explosion des nouveaux outils de communication", "mondialisation", "gain en bourse" ou "enrichissement rapide" correspondent bien à l'idée qu'ils se font de la "nouvelle économie". Mais on ne trouve pas trace des habituelles dimensions philanthropiques ou communautaires associées au réseau. Ainsi, pour la moitié d'entre eux (51%), la nouvelle économie est aussi synonyme de "multiplication des exclus", et seule une minorité l'associe à des notions telles que la "croissance durable et plein emploi" (respectivement 46% et 41%).
Précisons toutefois que cette enquête a été réalisée quelques semaines après les turbulences des marchés financiers de mars dernier. Certains commentateurs n'ont pas hésité, à l'époque, à enterrer le mythe naissant de la nouvelle économie. Force est de constater que l'attrait perdure. Près d'un cadre sur deux (43%) serait ainsi tenté d'intégrer une start-up. Les cadres de moins de 34 ans (52%) sont ici les plus enthousiastes.Les motivations présentées par ces candidats à l'aventure ont trait au souhait de donner une nouvelle impulsion à leur carrière (46%), au sentiment qui serait le leur de "participer à une aventure humaine" (31%) ou encore au souhait d'entrer "dans un nouveau type d'entreprise" (27%). Le souhait de donner une nouvelle impulsion à sa carrière professionnelle est notamment le fait des hommes (51%), des 35-44 ans (52%) et des cadres qui ont bénéficié d'une formation technique (64%). On ajoutera à ces premières catégories les utilisateurs récents d'Internet (58%).
Ces cadres vont d'ailleurs au bout de leur logique, intégrant les stratégies propres à la nouvelle économie. Les deux tiers d'entre eux (65%) se disent ainsi prêts à accepter le principe d'une baisse de leur salaire mensuel si on leur proposait parallèlement des stocks-options, et ceci dans des proportions non négligeables : plus d'un sur deux (55%) accepterait une baisse de 10 à 30% de son salaire mensuel. Nouvelle économie ou nouvel eldorado ?