Jacques Chirac est atteint par le scrutin européen
La cote de popularité Ipsos-le Point du président de la République est en baisse après l'élection européenne et la fin du conflit des Balkans. Ce recul se manifeste également dans l'électorat de droite. La popularité de Lionel Jospin se dégrade sensiblement moins.
Jacques Chirac semble subir le contrecoup des déboires de l'opposition aux élections européennes. Selon le dernier baromètre Ipsos-le Point, le président de la République perd, en un mois, neuf points d'opinions favorables tandis que les jugements défavorables se gonflent de douze points. La cote du chef de l'Etat demeure certes largement positive, mais elle retombe à peu près au niveau où elle se situait avant le climat de "convergence nationale" déclenché par la guerre des Balkans.
Le chef naturel de l'opposition perd logiquement les faveurs d'une partie de l'électorat de gauche, interrogé quelques jours après une bataille électorale. Mais Chirac enregistre aussi une chute sensible de sa popularité à droite, tout particulièrement parmi les sympathisants de l'UDF.
Lionel Jospin est moins atteint par le regain de clivage droite-gauche consécutif à la campagne européenne et à la fin des bombardements de l'Otan. Il ne perd que trois points d'opinions favorables mais le camp de ceux qui sont hostiles à son action progresse de seize points par rapport à l'enquête précédente. C'est essentiellement à droite, et notamment au RPR, que l'image du Premier ministre se détériore.
Le gouvernement n'apparaît pourtant pas avoir souffert du scrutin du 13 juin, loin s'en faut. Neuf des dix personnalités les plus populaires, selon ce baromètre, appartiennent à la majorité dont sept au gouvernement. Six d'entre elles font même désormais l'objet d'un jugement favorable d'une majorité absolue de personnes interrogées : dans l'ordre, Bernard Kouchner, Martine Aubry, Elisabeth Guigou, Dominique Strauss-Kahn, Dominique Voynet et Jean-Pierre Chevènement.
La tête de liste socialiste aux élections européennes, arrivée en tête de ce scrutin, y gagne une notoriété qui lui faisait défaut. Avec 51% d'opinions favorables, le premier secrétaire du PS gagne dix points et se hisse au sixième rang de ce hit-parade.
A l'exception de Nicolas Sarkozy – en baisse de cinq points – les autres têtes de listes sont généralement cotées à la hausse. Charles Pasqua progresse de sept points et décroche un solde tout juste positif. Le fondateur du "Rassemblement pour la France" est désormais très populaire à droite (60% de jugements favorables), spécialement parmi les électeurs proches du RPR (72%). Ceux-là ne sont que 47% à avoir une bonne opinion de Sarkozy…
François Bayrou le talonne avec 46% de jugements favorables – et cinq points de hausse. La tête de liste centriste semble bien placée pour hériter de l'électorat UDF : 75% des électeurs qui se reconnaissent dans cette étiquette ont une bonne opinion de son action, alors que ce n'est le cas que de 60% pour Alain Madelin. Dans l'ensemble de l'opinion, le dirigeant de Démocratie libérale demeure nettement impopulaire.
Arlette Laguiller est en progression de quatre points et se juche à 44% d'opinions favorables. Ce chiffre, exceptionnel pour la dirigeante d'une formation extrémiste, lui permet de devancer Robert Hue de trois points.
Daniel Cohn-Bendit est la tête de liste qui profite le plus de la campagne européenne : sa cote personnelle gagne treize points. Mais "Dany" reste globalement impopulaire avec seulement 37% d'opinion positives contre 49% de négatives. Il se situe loin derrière Dominique Voynet, soutenue par 51% des sondés. Le contraste est également frappant avec l'image des Verts, appréciée par 63% des personnes interrogées. La locomotive européenne des Verts est plus controversée que le courant écologiste en ces temps de dioxine et de boissons qui font peur.