Jacques Chirac touché par l'affaire Méry
La dernière vague du baromètre Ipsos / Le Point montre que la popularité de Jacques Chirac a souffert des confessions posthumes de Jean-Claude Méry. Pour sa part, Lionel Jospin remonte la pente et récupère une petite partie de la forte baisse enregistrée ces deux derniers mois.
La réaction des Français aux révélations de l'affaire Méry, mettant directement en cause Jacques Chirac, ne s'est pas faite attendre. Le chef de l'Etat ne bénéficie aujourd'hui plus que de 55% de jugements favorables (-7 points par rapport au mois dernier), soit son plus mauvais score depuis juin 1998. Sa popularité diminue auprès des personnes proches de la gauche plurielle, des sympathisants UDF, RPF ou des proches de l'extrême droite. La popularité du Président chute plus lourdement auprès des femmes (-10 points) que des hommes (-3), et baisse quelle que soit la catégorie de revenus des répondants. Point important, il conserve en revanche la confiance et le soutien de la presque totalité des proches du RPR (87% de jugements favorables, stable par rapport au mois dernier). Plus ennuyeux peut-être car moins conjoncturel, c'est la troisième fois consécutive que la popularité de Jacques Chirac est orientée à la baisse. Les opinions favorables sur son action ont chuté de 12 points depuis juillet dernier, pour une augmentation de 12 points des opinions défavorables, soit une dégradation en terme de solde, de 24 points. Le chef de l'Etat ne devance plus Lionel Jospin que deux points.
A contrario, l'action du Premier ministre est à nouveau jugée favorablement par plus de la moitié des Français (53%). Il progresse chez les proches de la gauche plurielle, et obtient logiquement son meilleur score auprès des sympathisants socialistes (78% d'opinions favorables, +2). Le chef du gouvernement retrouve également des jugements plus cléments auprès des sympathisants RPR (45% de jugements favorables, +12 points) et chez les "proches d'aucun parti" (38%, +9). Le soutien des plus défavorisés progresse de façon conséquente (50%, +10 points chez ceux dont le revenu annuel est inférieur à 108 000F), mais Lionel Jospin obtient toujours ses meilleurs scores auprès des tranches supérieures de revenus (62% de jugements favorables chez les personnes dont le revenu annuel est compris entre 180 000 et 300 000 Francs, 57% dans la tranche "plus de 300 000F"). Pour autant, la remontée des bonnes opinions envers le Premier ministre ne compense pas la forte chute enregistrée le mois dernier, suite aux conflits sur les tarifs des carburants ou au débat sur le statut de la Corse. Elle lui permet toutefois de talonner de nouveau Jacques Chirac en terme de popularité.
Elisabeth Guigou peut s'en féliciter, son action au Ministère de la justice aura été bien accueillie par l'opinion publique. Pour la troisième fois consécutive, sa popularité progresse, pour atteindre aujourd'hui 59% de jugements favorables (+3 points). Ce résultat lui permet d'obtenir la troisième place au palmarès des personnalités politiques, derrière Bernard Kouchner et Jack Lang. Elisabeth Guigou quitte la place Vendôme forte du jugement favorable des trois quarts des proches de la gauche plurielle et de 57% des sympathisants de droite, soit quasiment son meilleur score depuis son entrée dans le baromètre en juillet 1997 (*).
Cela se passe un peu moins bien en revanche pour le Ministre de l'Economie et des Finances. Laurent Fabius enregistre ce mois-ci une baisse de 2 points des jugements favorables (43%) et une augmentation de 4 points des jugements défavorables (45%), pour un solde d'image qui redevient négatif (-2). Laurent Fabius est rejoint en terme de popularité auprès des sympathisants de gauche par le secrétaire général du Parti Communiste, Robert Hue (57% de jugements favorables chacun). Cette baisse contraste avec les progressions enregistrées auprès des proches de la gauche par les autres "ténors" du gouvernement, Jack Lang (78% de jugements favorables, +5) ; Elisabeth Guigou (73%, +4) ou Martine Aubry (73%, +4).
A droite, Philippe Séguin reste en tête du palmarès. Il obtient 63% de jugements favorables (inchangé) auprès de sympathisants de droite qui marquent là leur soutien à sa candidature à la mairie de Paris. La meilleure progression à droite est à mettre à l'actif de Charles Pasqua. Le leader du Rassemblement Pour la France progresse de huit points (62% de jugements favorables), pour occuper la deuxième place du classement selon les sympathisants de droite, à un point de Philippe Séguin. Parallèlement, le RPF progresse également au palmarès des partis politiques. A présent, plus d'un Français sur trois portent un jugement favorable sur son action du RPF (37%, +4 points contre 47% d'avis contraires), de même que 56% des sympathisants de droite (+4). A l'inverse, les rumeurs autour du financement du RPR coûtent au parti gaulliste 3 points d'opinions favorables sur l'ensemble des Français. Avec 42% d'opinions favorables contre 48% d'opinions défavorables, le solde d'image du RPR est de nouveau négatif (-5, soit son plus bas niveau depuis un an). Surtout, le RPR doit cette dégradation à la grogne des sympathisants de droite. S'il reste, avec 72% de jugements favorables, le parti le plus populaire à droite, la baisse de jugements favorables est importante, de 7 points en un mois. Avec 81% d'opinions favorables (+2), l'action du PS fait davantage consensus auprès des sympathisants de gauche
(*) sa popularité n'a été plus forte q'une seule fois depuis juillet 1997, en juillet dernier (62% de jugements favorables)