Jeunes et seniors : regards croisés sur l'entreprise
L'enquête Ipsos/CGPME/Planète PME réalisée parallèlement auprès des jeunes de moins de 25 ans et des actifs âgés de 45 ans et plus révèle une perception convergente du monde de l'entreprise dans ces deux catégories. Jeunes et seniors s'accordent sur l'attractivité de la fonction publique et des PME par rapport aux grandes entreprises et aux multinationales, sur une préparation à l'entrée dans la vie active jugée souvent insuffisante, ou sur l'apport pour les jeunes de l'expérience des plus âgés.
Les principaux enseignements de l'enquête "jeunes"
Des jeunes plutôt confiants à l'égard de leur avenir professionnel…
Aujourd'hui, les trois quart des jeunes âgées de 15 à 25 ans se déclarent confiants quand ils évoquent leur avenir professionnel. Ce sentiment, révélateur d'une certaine sérénité, est majoritaire dans toutes les catégories de jeunes interrogés, quel que soit leur classe d'âge, leur origine sociale ou leur niveau d'instruction.
Toutefois, il convient de noter que cette confiance est relative, la plupart de ces jeunes émettant un jugement plus nuancé qu'enthousiaste (59 % sont ainsi plutôt confiants contre 15 % tout à fait confiants).
Indépendamment des résultats d'ensemble, ce sont les 15-19 ans, les hommes et ceux qui n'exercent pas encore une activité professionnelle qui se révèlent les plus optimistes, alors que leurs aînés (les 20-25 ans), les femmes et les personnes travaillant déjà apparaissent un peu plus en retrait.
… qui se révèlent plus attirés par la fonction publique et les PME que par les grandes entreprises et les multinationales.
A l'instar des années précédentes, les jeunes Français déclarent qu'ils souhaiteraient idéalement travailler dans la Fonction publique (36 %) ou dans une PME (35 %). En revanche, les entreprises de plus grande taille peinent toujours à susciter leur préférence. La désaffection des jeunes pour les multinationales continue de se renforcer (15% seulement choisiraient une multinationale, contre 20% en 2004 et 24% en 2003) tandis que les entreprises de 250 salariés sont toujours citées à un niveau très bas (12% contre 11% en 2004). Les jeunes expriment là un manque de proximité de plus en plus prégnant avec la grande entreprise. Il est d'ailleurs probable que ce phénomène nourrit a contrario la plus forte affection qu'ils ont aujourd'hui pour les PME et la Fonction Publique.
Même si la Fonction publique et les PME apparaissaient déjà en tête des souhaits des moins de 25 ans l'an passé, l'écart se ressert aujourd'hui entre ces deux structures pour ne plus être que d'un point (respectivement 36 et 35 %). La Fonction publique semble être plus particulièrement recherchée par les femmes, les 20-25 ans, les actifs, les provinciaux mais aussi les personnes dont le niveau d'études est au moins de bac+3. Pour les PME en revanche, on ne constate pas de différences de taille selon le sexe, l'âge ou le statut d'activité de personnes interrogées.
4 jeunes sur 10 pensent d'ores et déjà évoluer plus tard au sein d'une PME
Indépendamment de leurs préférences quant à la structure dans laquelle ils souhaitent évoluer, de nombreux jeunes estiment qu'ils travailleront le plus vraisemblablement au sein d'une PME (40 %), loin devant la Fonction publique (30 %) et plus encore les grandes entreprises (16%) et les entreprises multinationales (9%).
Les plus prompts à considérer qu'ils évolueront dans une PME se recrutent principalement au sein des actifs mais aussi auprès des plus de 20 ans, soit les catégories qui travaillent déjà (pour partie) et qui évoluent sans doute déjà dans une PME.
La Fonction publique et la communication : les deux secteurs les plus attirants pour les jeunes
A l'instar des précédentes enquêtes, la Fonction Publique et la communication apparaissent comme les secteurs les plus susceptibles de susciter de l'envie de la part de cette classe d'âge sur le point d'intégrer la vie active.
Aujourd'hui, environ 3 jeunes sur quatre se révèlent très ou assez tentés par un travail dans la Fonction publique (77 %) ou du secteur de la communication (73 %). Au total, ces deux domaines attirent bien plus que des secteurs tels que l'informatique (62%), le secteur médical ou médico-social (60 %), l'aéronautique (51 %), la restauration et l'hôtellerie (45 %), l'industrie automobile (48 %) ou le bâtiment (34 %).
Toutefois, cet attrait pour les deux secteurs précédemment cités doit être relativisé : la plupart du temps, les jeunes ne rechignant pas à l'idée d'y travailler émettent un jugement assez nuancé : il s'agit le plus souvent de réponse qui traduisent plus l'absence de rejet qu'une véritable appétence pour ce secteur (les oui, pourquoi pas étant nettement plus nombreux que les oui, j'y vais tout de suite). Ainsi, dans le cas bien précis de la Fonction publique, les jeunes ne sont en fait que 29 % à déclarer être prêts à y aller tout de suite.
Des jeunes assez partagés sur leur préparation à la vie active et sur la durée idéale de leur formation initiale
Les Français âgés de 15 à 25 ans ne sont aujourd'hui que 57 % à considérer que l'enseignement qu'ils ont reçu ou qu'ils reçoivent les a suffisamment aidés à se préparer à entrer dans la vie active. A l'inverse, 41 % d'entre eux émettent un jugement plus critique, déclarant le contraire.
Ce résultat est révélateur d'une réelle insatisfaction à l'égard de certains aspects de l'enseignement reçu, une part non négligeable des jeunes en soulignant l'insuffisance. Cette critique s'exerce surtout chez les plus âgés d'entre eux (l'enseignement reçu est insuffisant selon 48 % d'entre eux), c'est-à-dire au sein de la classe d'âge déjà entré dans la vie active ou sur le point de le faire, et qui se trouve sans doute confrontée à une certaine inadéquation entre l'enseignement reçu et les qualités requises dans le cadre d'un métier.
Parallèlement, les jeunes interrogés se répartissent en deux parts quasiment égales sur la question de savoir s'il est préférable de choisir une formation courte et entrer le plus vite possible dans la vie active (50 %) ou au contraire de mener une formation plus longue pour disposer d'un maximum d'atouts en entrant dans la vie active (49 %).
A l'instar de la question précédente, les résultats de celle-ci viennent corroborer l'impression qu'une part importante des jeunes exerçant déjà une activité ou sur le point de le faire jugent avec une certaine sévérité la formation qu'ils ont suivie : ce sont en effet les actifs (et logiquement les 20-25 ans) qui considèrent plus que les autres qu'il vaut mieux choisir une formation courte. En outre, cette question fait également apparaître un clivage très net selon le sexe des personnes interrogées : les hommes plébiscitent plus une formation longue alors que les femmes privilégient dans leurs jugements une formation courte.
Les jeunes manifestent également dans cette enquête un très fort pragmatisme quand ils évoquent leur arrivée sur le marché du travail : pour près des deux tiers d'entre eux (63 %), il vaut mieux choisir l'entreprise qui offre le plus rapidement un emploi, quitte à chercher plus tard à aller travailler ailleurs plutôt que de chercher à travailler dans l'entreprise la plus intéressante mais qui exige que l'on retarde son entrée sur le marché du travail. Là encore, ce jugement est plus le fait des actifs et, de manière générale, des personnes qui privilégient plus que les autres une formation courte ou qui soulignent l'insuffisance de la formation reçue pour se préparer à l'entrée dans la vie active.
La formation par des collègues plus âgés : un apport qui ne fait pas de doute
La très grande majorité des jeunes reconnaît que pour un jeune qui débute, être formé par un collègue beaucoup plus âgé permet d'acquérir une expérience et un savoir-faire inégalables (86 %) et permet d'être moins stressé car il y a quelqu'un pour réparer les erreurs (76 %). En outre, les jeunes s'accordent pour considérer qu'être formé et accompagné par un collègue beaucoup plus âgé est un avantage tant pour le jeune (90 % le pensent) que pour l'entreprise ou la structure dans laquelle il travaille (87 %). Enfin, ce type de relations et de transmission du savoir-faire se fait, de l'avis des jeunes interrogés, sans effets secondaires particuliers, 70 % considérant que cela n'entraîne pas de tensions liées à la différence d'âge et 78 % qu'un tel encadrement n'empêche pas le jeune de progresser ou de faire ses preuves.
Les principaux enseignements de l'enquête "seniors actifs"
Parallèlement à l'enquête réalisée auprès des jeunes, Ipsos a également interrogé un échantillon d'actifs âgés de 45 ans et plus. A bien des égards, leurs réponses viennent confirmer les tendances observées chez les jeunes, en les renforçant parfois.
Des seniors actifs dont le niveau de confiance est moindre que celui des jeunes
Si les actifs âgés de 45 ans et plus manifestent majoritairement une certaine confiance à l'égard de leur avenir professionnel (60 % sont confiants contre 38 % pas confiants), leur sentiment sur ce sujet reste néanmoins en deçà de ce qu'éprouvent les jeunes (dont 74 % manifestent leur confiance). Outre les résultats d'ensemble, cette question laisse apparaître un certain nombre de clivages importants : ainsi, les hommes, les cadres et les hauts revenus se révèlent plus sereins que les femmes et les revenus modestes à l'égard de l'avenir de leur activité.
Des seniors fréquemment tentés par une activité au-delà de la date prévue de leur départ à la retraite
Aujourd'hui, près de la moitié des personnes interrogées (47%) déclarent, si elles en avaient la possibilité, être disposées à travailler encore quelques temps après la date prévue de leur départ à la retraite dans une structure de leur choix (c'est notamment le cas des cadres).
Deux éléments viennent souligner la motivation d'une partie importante de l'échantillon.
D'une part, les personnes très motivées sont aussi nombreuses, voire plus nombreuses que les personnes disposées à la faire sans plus (24 % des actifs de 45 ans et plus le feraient certainement et 23 % probablement). En outre, ce sont les actifs les plus âgés (ceux qui ont au moins 55 ans), c'est-à-dire ceux qui partiront bientôt à la retraite qui se révèlent les plus motivés (34% de certainement), signe qu'il existe une véritable demande ou attente de la part de cette population en faveur d'une poursuite d'une activité, même à un rythme moindre que celui suivi aujourd'hui.
Preuve de la bonne image générale dont bénéficient les PME dans l'opinion, c'est très majoritairement dans une structure de ce type que les actifs désireux de poursuivre leur activité souhaiteraient travailler (73 %), bien loin devant les multinationales (12%) ou les grandes entreprises (8%).
Alors que les actifs de 45 ans et plus déclarent que si c'était à refaire, ils auraient souhaité évoluer dans la Fonction publique (42 %) ou une PME (31 %), leur choix pour une poursuite d'activité s'exprime très nettement en faveur des PME.
A ce titre, quand on leur demande les secteurs qu'ils estiment être les plus attrayants, leurs réponses restent très proches de celles des jeunes en ce qui concerne l'envie de travailler dans la Fonction publique, le secteur médical et médico-social et le bâtiment.
En revanche, ils trouvent plus attirant le secteur aéronautique et moins tentant la communication, l'informatique, la restauration et l'industrie automobile.
Un sentiment partagé avec les jeunes à l'égard de la formation initiale : une préparation insuffisante à l'entrée dans la vie active
La critique émise par les jeunes à l'égard de l'enseignement qu'ils ont reçu lors de leur formation se retrouve dans les jugements des seniors actifs : 40 % d'entre eux le jugent insuffisant pour bien les préparer à entrer dans la vie professionnelle (c'était le cas de 41 % des jeunes).
De la même manière, ils manifestent un pragmatisme semblable à celui des jeunes en matière d'entrée dans la vie active : 53 % d'entre eux privilégient les filières courtes plutôt que les filières longues et 74 % estiment que pour un jeune, il vaut mieux choisir de travailler dans l'entreprise et le secteur qui offrent le plus rapidement un emploi, plutôt que de choisir l'entreprise ou le secteur intéressant le plus ce jeune. A travers ces réponses, il est très clair que les seniors actifs veulent souligner le fait qu'expérience et savoir-faire s'acquièrent plus facilement une fois entré dans le monde du travail que lors de sa formation initiale.
Des seniors encore plus convaincus que les jeunes de l'apport de collègues plus âgés
Les actifs seniors sont quasiment tous d'accord (et le plus souvent tout à fait d'accord) pour reconnaître qu'être formé par un collègue beaucoup plus âgé permet à un jeune d'acquérir une expérience et un savoir-faire inégalables (92 %) et permet d'être moins stressé car il y a quelqu'un pour réparer les erreurs (87 %). A l'image des jeunes, les seniors ne semblent pas non plus redouter des tensions avec ceux-ci dans le cadre d'un tutorat : 74 % considèrent qu'un tel encadrement n'entraînera pas de tensions importantes et 79 % que cela n'empêchera pas le jeune de progresser et de pouvoir faire ses preuves.
Au total, une telle formule représente selon eux un avantage important, voire très important tant pour le jeune lui-même (94 %) que pour l'entreprise dans laquelle il travaille (92 %).
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Sommaire :
1ère partie : Les jeunes & l'entreprise
- Le niveau de confiance à l'égard de son avenir professionnel
- Leur souhait quant à la structure de travail
- Leur avenir quant à la structure de travail
- Vie professionnelle et secteurs d'activité
- La qualité de l'enseignement reçu
- La durée idéale de la période de formation
- Les choses à faire en début de carrière
- L'apport des collègues plus âgés
2ème partie : Les seniors & l'entreprise
- Le niveau de confiance à l'égard de son avenir professionnel
- La structure idéale pour travailler
- Le souhait de travailler à temps partiel après la date prévue de départ à la retraite
- La structure idéale pour continuer à travailler
- Vie professionnelle, secteur d'activité
- La qualité de l'enseignement
- La durée idéale de la période de formation
- Le choix à faire en début de carrière
- L'apport des collègues plus âgés
- Le niveau de confiance à l'égard de son avenir professionnel
- Le souhait de travailler à temps partiel après la date prévue de départ à la retraite
- Vie professionnelle et secteurs d'activité
- La qualité de l'enseignement reçu
- La durée idéale de la période de formation
- Les choses à faire en début de carrière
- L'apport des collègues plus âgés
Fiche technique :
1ère partie : Les jeunes & l'entreprise
2ème partie : Les seniors & l'entreprise
Tableaux récapitulatifs