John McCain, révélation des primaires américaines

Le favori à l'investiture républicaine, George W. Bush, est menacé par la montée en puissance de John McCain. Celui-ci mord sur l'électorat centriste et indépendant. Il pourrait l'emporter, s'il était candidat, sur le démocrate Al Gore.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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John McCain est la révélation de la première phase de la course à la Maison Blanche. Le sénateur de l'Arizona, candidat à l'investiture républicaine, ne cesse de gagner du terrain sur George W. Bush qui faisaient jusqu'à présent figure de favori. Grâce à une campagne dynamique jouant sur le rejet de l'establishment, l'outsider McCain vient de remporter les primaires dans son Etat mais aussi dans le Michigan.

Les sondages réalisés à la sortie des bureaux de vote montrent que McCain est bien placé pour incarner une sorte de "nouveau centre" américain. L'ancien héros de la guerre du Vietnam, qui s'est fait connaître initialement par une vigoureuse campagne en faveur d'une réforme du financement de la vie politique, séduit un électorat qui dépasse largement les frontières traditionnelles du Parti républicain. Significativement, selon l'enquête post-électorale CNN  réalisée dans le Michigan, 66% des électeurs s'identifiant comme républicains ont choisi Bush tandis que 82% des démocrates et 67% des indépendants apportaient leurs suffrages à McCain dans cette primaire "ouverte".

Le fils de l'ancien président attire la droite républicaine classique. Il domine son rival dans les tranches de revenu les plus élevées, chez ceux qui se sentent idéologiquement conservateurs, qui sont opposés à l'avortement ou plus encore qui appartiennent à la "droite religieuse". Inversement, McCain l'a emporté parmi les Noirs, les revenus modestes, les libéraux et les modérés. Relevons cependant qu'il obtient ses meilleurs scores chez les plus de 45 ans et qu'il arrive en tête à la fois chez les électeurs les moins et les plus éduqués. Le phénomène McCain lui permet d'agréger un public assez disparate. Son image de réformateur et d'homme de conviction semble être deux atouts forts pour le sénateur de l'Arizona.

L'ensemble des enquêtes d'opinion recensées par le site PollingReport.com montre, qu'au fil des mois et des semaines, McCain rattrape son retard sur Bush.

Selon le baromètre Gallup-CNN-USA Today, Bush est aujourd'hui nationalement préféré à McCain par 58% contre 31% des électeurs républicains. Mais l'avance de "W" n'est plus aujourd'hui que de 27 points alors qu'elle était de 47 points en novembre 1999. Le même mouvement est enregistré par CBS News Poll, le Pew Research Center for the People & Press survey, Zogby International ou encore ABC News. Dans tous les cas, le coeur des Républicains continue cependant, au stade actuel, de pencher en faveur de Bush.

Du côté des Démocrates, les jeux semblent être faits. Au fil des enquêtes, Al Gore enfonce de plus en plus Bill Bradley. Le dernier baromètre Gallup attribue 67% d'intentions de vote démocrates au vice-président sortant contre seulement 26% à son rival. L'écart est de 41 points en faveur de Gore alors qu'il ne s'élevait qu'à 22 fin novembre 1999.

Les batailles internes aux deux grandes formations qui dominent la vie politique américaine seront enfin influencées par le rapport des forces entre les différents candidats qui briguent la présidence.Là encore, les évolutions les plus récentes apparaissent favorables à McCain. Selon toutes les enquêtes réalisées aux Etats-Unis, Bush ne battrait actuellement Gore dans l'ensemble du pays qu'avec une marge assez courte : de un à neuf points selon les mesures (avec même une victoire de Gore selon Zogby International). La position de McCain, bien qu'appréciée de manière diverse, semble plus enviable. Si ABC, CBS ou encore Newsweek donnent les deux candidats dans un mouchoir de poche, Gallup, Fox News et Zogby International attribuent à McCain une avance sur Gore supérieure à douze points. L'évolution en cours place le sénateur de l'Arizona de plus en plus en situation de battre le candidat démocrate. Sa capacité à mordre sur le centre de l'électorat américain est susceptible de fragiliser les chances de Gore.

Il reste encore et surtout à McCain à franchir l'épreuve délicate de l'investiture républicaine. Les prochaines primaires seront fermées, c'est-à-dire qu'il ne pourra compter sur l'électorat indépendant pour battre Bush. McCain doit d'abord convaincre son camp, fort des perspectives de succès qu'il ouvre, avant de se lancer à l'assaut de la Maison Blanche. Le sénateur de l'Arizona a, en toutes hypothèses, réussi à susciter un véritable mouvement d'opinion aux Etats-Unis.

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  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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