Jospin, l'argentin du tournoi présidentiel
Bien qu'officiellement retiré du jeu depuis maintenant deux ans, le potentiel électoral présidentiel de Lionel Jospin(*) est toujours resté l'un des plus forts des personnalités de gauche. Sur chaque vague du baromètre, l'ancien Premier ministre est même sorti en tête du palmarès établi par les sympathisants de gauche, sauf en avril quand Ségolène Royal, fort de son succès aux régionales, le devance de justesse. Aujourd'hui, près des trois quarts des proches de la gauche parlementaire envisagent de voter pour lui s'il était candidat en 2007, un score que doivent lui envier les autres têtes de séries du camp socialiste : Jack Lang, Bertrand Delanoë, Martine Aubry, François Hollande ou Bernard Kouchner sont relégués à environ 10 points ; Dominique Strauss-Kahn ou Laurent Fabius sont encore plus loin, respectivement 17 et 23 points. Le retour de Lionel Jospin a surtout gonflé le camp des supporters invétérés, ceux qui sont d'ores et déjà "certains de voter pour lui" s'il se présentait en 2007 : ils représentent aujourd'hui près du quart des sympathisants de gauche (23%), quand la moyenne pour les autres personnalités se situent autour de 10%.
Il faut alors se pencher vers la droite pour trouver un adversaire en mesure de rivaliser. Le style diamétralement opposé de Nicolas Sarkozy fédère le soutien de 84% des sympathisants de droite. L'attaquant de la classe politique est aussi le seul à bénéficier d'un camp d'aficionados équivalent à celui de Lionel Jospin (22% de certains de voter pour lui chez les proches de la droite parlementaire). Le chemin jusqu'à la finale s'annonce toutefois long et périlleux. Pour sortir de la poule de droite, le ministre des Finances devra surtout gagner le duel fratricide avec le Président sortant. Avec l'expérience comme meilleur coup, Jacques Chirac est d'ores et déjà bien placé. Il dispose lui aussi d'un potentiel électoral intéressant, 75% des proches de la droite envisageant de voter pour lui (15% en sont certains). Comparativement, Jean-Pierre Raffarin (potentiel de 65%) ou Alain Juppé (58%) semblent moins bien armés.
(*) part des personnes interrogées par Ipsos qui envisagent de voter pour lui s'il était candidat en 2007