Jospin : le temps des secousses revenu

Après la tourmente de la rentrée 2000, la cote de popularité du Premier ministre entre à nouveau en zone de turbulences. Les opinions favorables à son égard chutent de six points dans le baromètre Ipsos/Le Point du mois d'avril, réalisé avant son intervention télévisée sur France 2. Plus qu'à une radicalisation des oppositions, cette baisse est avant tout due à un effritement de ses soutiens naturels, sympathisants de gauche et milieux populaires. Le président de la République ne profite que très modestement des difficultés de 'son' premier ministre : sa popularité recule aussi, mais dans de moindres proportions.

Dans un contexte de mauvaise humeur sociale (licenciements chez Danone et Marks & Spencer, inondations dans la somme) et un climat médiatique et politique plutôt tendu (colère contre des journalistes lors de son voyage en Amérique latine), la popularité du Premier ministre enregistre ce mois une réelle érosion. Même si elles restent à un bon niveau (50%), les opinions favorables à son encontre chutent de six points par rapport à mars. Si l'on compare à l'avant municipales (février 2001), la baisse est désormais de dix points. Dans le même temps en deux mois, le nombre de mécontents a cru de sept points.
Deux facteurs sont décisifs pour expliquer cette tendance à la baisse : la contestation grandissante du Premier ministre au sein de son électorat et le décrochage des milieux modestes à son égard. Ainsi, alors que sa popularité est parfaitement stable auprès des sympathisants de droite, elle enregistre un recul de onze points en un mois et de seize points en deux mois auprès de l'électorat de gauche, retrouvant ainsi son étiage de septembre dernier, après la forte baisse liée à la crise des carburants. L'effritement du soutien ne concerne pas que la gauche la plus radicale : même au sein des sympathisants socialistes, les jugements favorables sont en baisse de neuf points ce mois.
Visiblement, et ce baromètre le montre, le Premier ministre peine à satisfaire les demandes sociales qui montent au sein de l'électorat de gauche et des milieux modestes. Les "ajustements" politique décidés par Matignon la semaine dernière n'ont pas suffi : le "décrochage" des classes populaires à l'égard du Premier ministre se poursuit. La popularité de Lionel Jospin perd neuf points (et dix-sept points en deux mois) auprès des bas revenus et six auprès des revenus moyens-inférieurs. Par comparaison, la popularité du Premier ministre reste en revanche stables auprès des personnes gagnant plus de 300 000 francs par an…

C'est donc bien, après celui de la rentrée 2000, un nouveau temps de secousses pour le Premier ministre. Il n'y a toutefois, pour l'instant, rien d'irréversible dans cette baisse. Depuis juin 97, le Premier ministre a en effet toujours fait preuve d'une réelle capacité à rebondir après les crises. La remontée de sa popularité après l'effondrement de septembre 2000 en est le dernier exemple.

Le mouvement d'humeur de l'opinion n'épargne pas non plus le président de la République. Sa popularité, à 53%, perd trois points. En deux mois, le recul est de huit points. Comme le Premier ministre, le président enregistre sa plus forte baisse auprès des milieux modestes (moins huit points), signe que leur mécontentement s'adresse aujourd'hui à l'ensemble du monde politique.

Enfin, après les fortes évolutions du mois passé liées aux résultats des municipales, la popularité des personnalités politiques se rééquilibrent.Fortement touchés après leur défaite, Elisabeth Guigou et Jack Lang regagnent ce mois quatre points de popularité.

Comme le mois dernier à la suite de sa victoire à Toulouse, Philippe Douste-Blazy (42%, -1 point) est la personnalité de droite la mieux classée du baromètre. On relèvera aussi que la popularité de Philippe Séguin reste à son étiage (26%) alors que, sans explication évidente, celle de Martine Aubry connaît ce mois le plus fort recul (47%, -7 points). Quant à Bernard Kouchner, et malgré une baisse de 5 points, il continue de trôner en tête de cette hiérarchie, avec 62% d'opinions favorables.

Auteur(s)

  • Stéphane Zumsteeg - Directeur Opinion et Recherche Sociale, Public Affairs
    Stéphane Zumsteeg
    Directeur du Département Opinion et Recherche Sociale, Public Affairs

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