Jospin paie pour la cagnotte

L'hiver est rigoureux pour la sphère politique. La dernière vague du baromètre de l'action politique Ipsos / Le Point témoigne de la baisse de popularité de la plupart des personnalités politiques. Le Premier ministre est particulièrement touché.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Le solde de popularité de Lionel Jospin a lourdement chuté. Il n'a pas été aussi bas depuis juin 1998. En un mois, les opinions favorables à l'action du Premier ministre ont perdu sept points, les opinions défavorables ont progressé de sept points, soit un solde négatif de -14 points. On retrouve ce phénomène quelle que soit la proximité politique des répondants, des sympathisants PC aux proches du FN. Il semblerait que l'affaire de la cagnotte, les polémiques sur "l'opacité" des finances publiques accompagnant les spéculations sur l'ampleur du "bonus fiscal" aient été particulièrement mal perçues dans l'opinion publique. La fronde de l'opinion a peut-être également été amplifiée du fait de l'annonce par Lionel Jospin du report au printemps prochain de l'organisation d'un collectif budgétaire, réclamé tout autant par la droite que par la majorité, censé statuer sur l'affectation des fruits de la croissance. En cette période de croissance économique plus soutenue, la question de la répartition et de la redistribution des richesses redevient un thème majeur du débat politique.

La popularité du chef de l'Etat a également perdu des points ce mois-ci : -3 points d'opinions favorables, +2 points d'opinions défavorables. Ce phénomène est toutefois d'une moindre ampleur que pour Lionel Jospin, car essentiellement dû à la très forte baisse du soutien des sympathisants de l'extrême droite. Leur vive réaction (-32 points d'opinions favorables, +28 points d'opinions défavorables) est sans doute à rapprocher des critiques du Président de la République envers l'extrême droite en général, et la politique intérieure autrichienne en particulier. Lors de la conférence de presse commune avec José Maria Aznar, il déclarait en effet que l'Autriche s'était "en quelque sorte mise en situation de rupture de contrat" par rapport à l'Union européenne en intégrant l'extrême droite dans son nouveau gouvernement. A contrario, la cote de popularité de Jacques Chirac a plutôt augmenté chez les sympathisants de la droite modérée alors qu'elle est restée stable auprès des sympathisants de la gauche plurielle.

Pour la plupart des leaders politiques, le baromètre est à la baisse en ce mois de février. La quasi-totalité des personnalités politiques voient leur solde d'image auprès de l'opinion se détériorer. La popularité de Dominique Voynet, mise à mal le mois dernier par le naufrage de l'Erika et la marée noire sur les côtes bretonnes ne se redresse pas, au contraire, puisque la ministre de l'Environnement perd encore deux points d'opinions favorables. Le cas de Michèle Alliot-Marie est encore plus critique. Repoussée dans le dernier quart du palmarès, la présidente du RPR enregistre le plus faible taux d'opinions favorables (30%, -9 points) depuis son entrée dans le baromètre. Elle n'obtient même plus 50% d'opinions favorables auprès des sympathisants de son propre parti. On enregistre surtout pour Alliot-Marie un taux de non-réponses record : plus de 41% des personnes interrogées ne se prononcent pas, et particulièrement plus du tiers des proches du RPR. Ces taux de "NSP", exceptionnellement importants, prouvent que l'action de la présidente du RPR est encore mal identifiée, et manque pour le moins de lisibilité.
Au final, les seuls à tirer leur épingle du jeu sont les prétendants, déclarés ou supposés, à la mairie de Paris. Jack Lang revient ainsi à la deuxième place du palmarès, avec 55% d'opinions favorables (+2 points), et Philippe Séguin, qui sort de sa retraite québécoise pour revenir sur le devant de la scène politique française, gagne lui aussi du terrain, avec 46% d'opinions favorables (+3 points). Nul doute que cette popularité penchera dans la balance à l'heure du choix du candidat de la gauche et de la droite pour mener la bataille des municipales de 2001 dans la capitale.

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  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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