La crise "profite" à Nicolas Sarkozy, François Bayrou et Marine Le Pen

La dernière vague du baromètre de l'action politique Ipsos/Le Point révèle une progression de la popularité des personnalités de droite, dans le sillage d'un Nicolas Sarkozy qui profite du leadership affiché au G20 et de son rôle central dans l'accord de stabilisation de la zone euro. Fédérant les eurosceptiques, Marine Le Pen est également toute proche de son record de popularité. A l'inverse, le tassement des cotes des leaders de gauche montre que l'opinion a bel et bien tourné la page des primaires citoyennes.

Auteur(s)
  • Brice Teinturier Directeur Général Délégué France, Ipsos (@BriceTeinturier)
  • Federico Vacas Directeur de département - Public Affairs
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La gestion de la crise de la dette grecque, le rôle central dans l'accord de stabilisation de la zone euro, une certaine complicité affichée avec Barack Obama à l'occasion du G20 de Cannes... Si l'impact de chacun de ces éléments est difficile à quantifier, ils concourent à une nouvelle progression des bonnes opinions à l'égard du chef de l'Etat. Nicolas Sarkozy reste certes impopulaire (59% des Français se déclarent critiques à l’égard de son action), mais les jugements favorables progressent de deux points par rapport au mois d’octobre, de sept points depuis juin, pour atteindre 37%, son meilleur score depuis les élections régionales de mars 2010. Massivement soutenu par les sympathisants UMP (84% d'avis favorables, dont 20% d’avis "très" favorables), le Président de la République peine néanmoins toujours à convaincre au-delà de son propre camp, y compris parmi les sympathisants du Modem (34%, -6 points) ou du Front National (27%, +3 points). La défiance des catégories populaires est un autre point faible, avec seulement 28% de bonnes opinions auprès des ouvriers (en baisse de 2 points).

Malgré l'annonce du plan de rigueur, François Fillon gagne quant à lui un point de jugements favorables (46%). Le Premier ministre affiche malgré tout un solde d’image encore légèrement négatif (solde de -2, avec 48% d’opinions négatives). Mais dans l'ensemble, on assiste pour cette vague du baromètre à un rééquilibrage des cotes de popularité, après la séquence des primaires très favorable à la gauche. Christine Lagarde progresse ainsi de cinq points (56% de jugements positifs contre 34% d’opinions négatives) et reprend la tête du palmarès des personnalités politiques préférées des Français. Même tendance pour Alain Juppé, en hausse de quatre points (52%), qui pointe désormais à la troisième place du classement, derrière la Directrice générale du Fond Monétaire International et Bertrand Delanoë (52%, stable).

Pour la première fois depuis cet été, la dynamique est ainsi globalement positive pour la droite, avec les hausses de popularité de Frédéric Mitterrand (47%, +3 points), de Xavier Bertrand (36%, +6 points), de Valérie Pécresse (32%, +4 points), de Jean-François Copé (31%, +3 points) ou de Claude Guéant (28%, +6 points).

Le contexte profite également à François Bayrou, dont la popularité s’améliore sensiblement pour le deuxième mois consécutif. A 46% de bonnes opinions, le leader du MoDem gagne quatre points en un mois (huit points depuis septembre) et atteint son plus haut niveau depuis la "dégringolade" enregistrée au moment des élections européennes de juin 2009. Il progresse notamment à droite, avec une hausse de quatorze points chez les sympathisants UMP (40% d’avis favorables), mais aussi à gauche (55% chez les proches du PS, +6 points). Ces résultats n’annoncent pas nécessairement la même progression en termes d'intentions de vote, mais révèlent que François Bayrou suscite aujourd'hui une certaine bienveillance, considéré à droite comme à gauche comme un partenaire possible, plutôt qu'un adversaire à redouter.

Egalement en hausse à 31% de jugements favorables (+2 points), Marine Le Pen se rapproche quant à elle de son record de popularité (32% enregistré en mars dernier). La présidente du Front National, qui semble fédérer les eurosceptiques, enregistre ses plus hauts scores chez les ouvriers 42% (+7), soit nettement plus que ce que recueille Nicolas Sarkozy (28%) auprès de cette catégorie de population. Elle élargit peut-être aussi sa base électorale, atteignant pour la première fois depuis son entrée dans ce baromètre en janvier 2007 les 40% de jugements favorables chez les employés (+5 points).

A gauche en revanche, l’effet des primaires citoyennes semble se tasser et la tendance est plutôt baissière. François Hollande perd ainsi 4 points d'opinions favorables, à 52%, contre 40% de jugements critiques (en hausse de sept points). Il recule ainsi de la 1ère à la 4ème place au classement général, mais reste tout de même le mieux classé des candidats à l’élection présidentielle. Dans une moindre mesure, la plupart des autres ténors socialistes voient leur cote de popularité se dégrader : Martine Aubry (46% d'avis favorables, -1 point), Arnaud Montebourg (38%, -2 points) ou Ségolène Royal (32%, -2 points) sont concernés. Les candidats de la gauche non socialiste sont également touchés : Jean-Luc Mélenchon recule d’un point à 29% d'avis favorables, Eva Joly en perd deux (30%).

Auteur(s)
  • Brice Teinturier Directeur Général Délégué France, Ipsos (@BriceTeinturier)
  • Federico Vacas Directeur de département - Public Affairs

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