La douleur : un mal inacceptable et nécessaire
L'étude Ipsos /Janssen-Cilag fait le point sur le rapport des Français à la douleur. Si la plupart d'entre eux conçoivent son utilité, pour sa fonction d'alerte médicale notamment, ils sont également plus de deux sur trois à la juger inacceptable et devant être rapidement traitée.
Utile pour sa fonction d'alerte médicale (83% des Français le reconnaissent), la douleur doit pouvoir disparaître dès la cause de cette alerte identifiée. Les contractions douloureuses de la femme sur le point d'accoucher seront par exemple, acceptées, parce qu'elles ont le don de signaler, d'alerter. En revanche, la douleur qu'elles occasionnent devra être traitée dès le diagnostic avéré (82% estiment ainsi qu'il n'est pas normal d'accoucher dans la douleur).
La douleur reste difficile à expliquer pour près de 8 Français sur dix ; elle ne doit pour autant pas être tue : 60% des "souffrants" n'hésitent d'ailleurs pas à en parler autour d'eux (contre 39%). Parce que sous une certaine forme son utilité est reconnue, parce que le sentiment d'impuissance face à elle est largement partagé (c'est le cas de plus de 6 personnes interrogées sur dix), il ne faut pas craindre que l'expression de sa douleur soit mal perçue, dévalorisante. Ainsi, moins d'un quart des Français considère qu'un homme ne doit pas se plaindre quand il a mal.
Si tous se sentent démunis face à la douleur, son acceptation varie sensiblement avec l'expérience. L'âge apparaît en effet comme un critère majeur dans l'expression des opinions que l'on peut avoir à son égard. Les plus jeunes pensent ainsi en majorité qu'il faut accepter la douleur dans certains cas (53%), alors que seuls 19% des plus de 60 ans partagent ce point de vue. Parallèlement, les plus jeunes sont aussi les plus nombreux à juger qu'il est normal d'accoucher dans la douleur.
Quatre attitudes face à la douleur :
On peut distinguer quatre types de "perçu et de vécu" de la douleur, se structurant en fonction de son acceptation et de la capacité que l'on peut avoir à l'exprimer :
- Pour 40% des Français, le refus de la douleur permet ou passe par son expression. Groupe majoritaire, le profil de ceux qui le composent est proche de celui de l'ensemble de la population.
- 28% refusent tout autant cette douleur sans toutefois pouvoir l'exprimer autant. Groupe le plus féminin, il est aussi le plus âgé (77% de plus de 35 ans) et le moins diplômé.
- 18% acceptent mieux la douleur et en parlent assez facilement. Il s'oppose donc dans l'idée mais aussi dans la composition au groupe précédent : masculin, jeune (59% de moins de 35 ans) et diplômé.
- Enfin, pour 11% de la population la douleur est acceptée, intégrée au point d'être muette. Ce groupe possède, en moins accentué, les mêmes caractéristiques que le précédent.
Les personnes qui composent ces groupes vont ainsi sensiblement adapter leurs comportements et attitudes en fonction de cette attitude face à la douleur.
Douleur et univers médical :
En cas de douleur inhabituelle et persistante, l'automédication reste pratiquée par plus d'un quart de la population, quand 8% déclarent ne rien faire, et 4% vont voir un pharmacien. Les autres (61%) n'hésitent pas à rapidement consulter un médecin, reconnu pour sa faculté d'entendre et d'interpréter le mal : 87% des personnes interrogées estiment qu'il est plutôt facile de lui en parler, 92% qu'il la prend en considération. L'écoute est le premier traitement de la douleur et le médecin a sensiblement progressé sur ce point dans les dernières années, pour près de sept Français sur dix. Sur la prise en charge de la douleur, les progrès des hôpitaux sont également relevés par 80% des personnes interrogées ; une personne sur quatre juge pourtant qu'il y a encore beaucoup à faire ,contre 66% de satisfaits.
Douleur et morphine :
Les Français conçoivent que traiter la douleur ne soit pas chose aisée. Si la morphine est considérée comme le plus puissant des anti-douleurs (74%), la dépendance à ce remède en est la contrepartie la plus souvent envisagée (63%). Dans cet état d'esprit, il est logique de constater que les Français considèrent que son utilisation doit être mesurée (66%). Les Français restent donc partagés sur son utilisation potentielle : 56% jugent la morphine peut-être trop dangereuse, ses effets secondaires trop préjudiciables, pour être administrée dans d'autres situations que le "tout dernier recours". 41% estiment à l'inverse que son utilisation peut se faire dans d'autres cas que le traitement des "douleurs ultimes".