La guerre contre le terrorisme concerne aujourd'hui l'ensemble du monde occidental

Pour Le Point et BFM, Ipsos a simultanément recueilli les réactions françaises et américaines aux attentats terroristes du 11 septembre. Même si l'on est plus nuancé en France qu'aux Etats-Unis, ces regards croisés montrent que l'onde de choc est durement ressentie de part et d'autre de l'Atlantique.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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En frappant l'Amérique le 11 septembre dernier, les terroristes ont touché le monde entier. Pour les trois quarts des Américains, et huit français sur dix, "la guerre contre le terrorisme concerne aujourd'hui l'ensemble du monde occidental", et non pas "d'abord les Etats-Unis". Les Français se sentent fortement concernés, même s'ils estiment pour les trois quarts d'entre eux que "la politique étrangère américaine porte une responsabilité dans la montée du fanatisme islamique". Cette opinion est d'ailleurs partagée par 45% des Américains, contre 51% d'avis contraire. Il n'empêche. La réaction de l'occident se veut à la hauteur du traumatisme subi. Si la moitié des personnes interrogées outre-Atlantique jugent que "les Etats-Unis doivent conserver la maîtrise des opérations et éviter que les alliés européens limitent la marge de manœuvre", l'hégémonie américaine est hors contexte pour 44% des interviewés qui estiment plutôt qu'il faut "absolument s'allier avec les Européens, même si cela limite l'autonomie de décision". Globalement d'ailleurs, les Américains croient fortement au soutien de leurs partenaires dans l'action militaire engagée. En particulier, 97% d'entre eux font confiance à l'Angleterre. Cette unanimité est à rapprocher des propos de Bush au congrès, qui a déclaré que l'Angleterre était l'allié le plus sûr. Ce pays est également celui qui, pour une large majorité (59%), a témoigné à l'égard des Etats-Unis la plus nette réaction de solidarité, devant le Canada (13% de citations), Israël (9%) et la France (5%).
Le langage commun nourrit peut-être aussi la proximité. Les pays anglophones arrivent en tête des nations testées en terme de solidarité, et suscitent également le plus grand crédit quant à leur appui sur le plan militaire. Ainsi, 93% des Américains font "confiance au Canada pour soutenir l'action engagée par les Etats-Unis contre le terrorisme". Mais la confiance envers l'Europe en général (89%), l'Allemagne (85%), la France (77%), Israël (74%) et même la Russie (65%) est à chaque fois largement majoritaire dans l'opinion. Seule la Chine suscite la défiance d'une personne sur deux, contre 42% d'avis contraire et 8% qui préfèrent ne pas se prononcer. De leur côté, les Français sont une majorité à faire "confiance à George W. Bush pour mener à bien la riposte militaire" (60%). Sans que l'on puisse à proprement parler de carte blanche - 36% ne font pas confiance au Président des Etats-Unis, et même 50% chez les sympathisants de la gauche plurielle - les Français dans leur ensemble ont approuvé "l'attitude de Bush depuis les attentats" (70%).Ils sont encore aujourd'hui largement favorables à "la participation de la France à une action militaire avec les Etats-Unis et l'Otan" (63%). Cet appui s'est toutefois nuancé en une semaine. Les avis favorables ont en effet diminué de cinq points (68% les 14 et 15 septembre derniers). Surtout, un Français sur trois se déclare aujourd'hui "plutôt réservé sur la participation française", contre un sur cinq une semaine auparavant (+13 points).
La France a en fait moins peur de contre-représailles terroristes sur son sol - 61% des Français interrogés estiment que "la guerre contre le terrorisme justifie ce risque", 35% d'avis contraire - que pour la vie de ses soldats. Si 46% des sondés jugent que cette "guerre justifie que la France prenne le risque d'un nombre important de pertes humaines parmi les militaires français", la majorité ne partage pas cet avis (51%). Même si, dans plus de 80% des cas, l'opinion des Français à l'égard des Etats-Unis et des Américains n'a pas changé depuis les attentats du 11 septembre, 52% se sentent "toujours aussi proches d'eux", et 32% "toujours réticents à leur égard", près d'une personne sur dix reconnaît que son opinion a "changé en bien". C'est en premier lieu "la solidarité dont ont fait preuve les Américains entre eux" qui a le plus impressionné l'opinion en France (46% de citations), bien avant "l'organisation des secours" (citée par un Français sur cinq), "la rapidité de progression de l'enquête du FBI" (17%), "les réactions de patriotisme" (17%) ou "la détermination à vouloir riposter" (16%). La menace terroriste laisse aujourd'hui les Français perplexes sur la politique étrangère à appliquer dans les années à venir. Si 42% des interviewés pensent qu'il serait bon de "se rapprocher de manière significative des Etats-Unis", 51% préférerait que la France "conserve ses distances". Sur cette question comme sur les précédentes, le clivage idéologique est assez marqué, les proches de la gauche plurielle étant plus réservés que les sympathisants de droite, toujours plus enclins à se rapprocher de l'Amérique.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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