La moitié des Français juge favorablement l'action d'Arlette Laguiller

L'opinion publique confirme ses quartiers d'été. Ni l'actualité politique en général, il est vrai traditionnellement pauvre en cette période de l'année, ni le dossier corse en particulier, ne provoque de mouvements significatifs dans notre baromètre.
Les cotes de popularité des deux têtes de l'exécutif baissent à peine, de deux points pour Jacques Chirac et d'un point pour Lionel Jospin. Avec 55% de jugements favorables, le Président de la république devance toujours légèrement le Premier ministre (52% de bonnes opinions), ce dernier ne souffrant pour l'instant pas des polémiques autour du dossier corse et des accords de Matignon. Cette relative stabilité ne doit cependant pas masquer une tendance à la radicalisation de l'opinion. A peu de choses près, les deux hommes gagnent en soutien dans leur propre camp ce qu'ils perdent dans le camp adverse. Ainsi, si Jacques Chirac est toujours largement soutenu à droite (84%), seulement 39% des sympathisants de gauche jugent favorablement son action, soit la proportion la plus faible depuis février 1998. Symétriquement, Lionel Jospin est maintenant soutenu par les trois quarts des sympathisants de gauche, mais ne recueille de jugements favorables que du tiers des proches de la droite parlementaire (contre la moitié l'été dernier). Le durcissement de la cohabitation marqué par les déclarations des deux hommes en juillet, comme le rapprochement des échéances électorales, expliquent pour partie cette cristallisation de l'opinion autour des deux principaux candidats à la future présidentielle.

Peu de changements non plus concernant la popularité des autres leaders politiques français. Bernard Kouchner reste en tête du palmarès, fort de deux tiers de jugements favorables, assez loin devant Jack Lang (55 %, -1 point) et Jean-Pierre Chevènement (53%, inchangé par rapport au mois dernier). Ce dernier, malgré une progression de quatre points auprès des sympathisants de gauche (60% de jugements favorables), demeure, comme le mois dernier, plus populaire à droite (61%). Alain Juppé est toujours derrière Jacques Chirac la personnalité la plus appréciée des conservateurs, tandis qu'à gauche, Martine Aubry gagne trois points (73% de jugements favorables) pour talonner Jack Lang (74%, +2 points) et Bernard Kouchner (76%, +1).

A noter tout de même l'exceptionnelle popularité d'Arlette Laguiller. Bénéficiant pour la première fois d'une majorité absolue d'opinions favorables (50% sur l'ensemble des Français, et même 65% chez les sympathisants de gauche), contre un tiers seulement de jugements défavorables, la leader trotskiste refait son apparition parmi les cinq personnalités politiques les plus appréciées des Français. A titre de comparaison, Robert Hue n'enregistre que 33% d'opinions favorables, contre 49% de défavorables, soit un solde largement négatif. La popularité de Laguiller s'appuie sur un succès d'estime, relatif tant à sa longévité sur l'échiquier politique, qu'à sa constance idéologique. Mais on constate aussi que cette popularité dépasse le cadre de sa propre personnalité. Son image est en effet nettement moins consensuelle que celle des autres leaders de gauche. Soutenue par près des deux-tiers du "peuple de gauche" (catégories socioprofessionnelles inférieures, revenus modestes ou plus généralement "sympathisants de gauche"), elle recueille toujours une majorité d'avis défavorables auprès des autres catégories de population. Après la bonne tenue des listes d'extrême gauche aux municipales, la place d'Arlette Laguiller dans ce baromètre confirme en tous cas que l'extrême gauche bénéficie aujourd'hui d'un contexte d'opinion favorable. Son score à la présidentielle de 2002 sera à surveiller : l'hypothèse que la candidate de Lutte Ouvrière devance le candidat communiste n'est aujourd'hui plus à exclure, même si cette popularité, hors norme pour une personnalité d'extrême gauche, ne garantit en rien une performance électorale.

Concernant enfin l'image des partis politiques, seuls les Verts (57%) et le PS (51%) conservent une majorité de jugements favorables auprès des Français. Le RPR comme l'UDF ont au cours du mois d'août perdu ce privilège.