La participation du PCF au gouvernement acceptée par les Français

Le communisme ne fait plus peur. Une majorité de personnes interrogées par Ipsos pour l'Humanité magazine estiment que l'existence de ministres communistes est une bonne chose pour le PCF.

Huit ans après la chute du mur de Berlin, le communisme n'est pas une idée morte en France. Cet enseignement du sondage Ipsos-L'Humanité magazine a de quoi réjouir le PCF. D'autant plus qu'une analyse détaillée de ses résultats montre que la relative popularité du "communisme" renvoie à une image renouvellée de celui-ci. Les jeunes générations semblent plus sensibles au discours du parti de Robert Hue que ce n'était le cas dans la période antérieure.

Un bon tiers des personnes interrogées estiment que "l'apport du PCF et des idées communistes est nécessaire pour réussir une politique de gauche en France au cours des prochaines années". Cette opinion est naturellement écrasante parmi les sympathisants communistes mais elle est également nettement majoritaire chez ceux du PS. Si contestée au début des années quatre-vingt, la "participation de ministres communistes au gouvernement" est aujourd'hui largement acceptée par l'opinion. La vision d'un PCF constructif et ne se limitant pas à sa traditionnelle "fonction tribunicienne" est approuvée par plus des trois-quart des électeurs de gauche, mais est également perçue favorablement par une moitié des sympathisants de droite. Le PCF ne fait plus peur à grand monde et la droite se trouve désormais privée du classique argument de l'anti-communisme. Près d'une personne interrogée sur deux pense d'ailleurs que "le communisme est une idée qui a encore de l'avenir à condition d'en repenser les principes", une condition il est vrai assez fondamentale.

Tiraillée entre sa participation au pouvoir et son soutient aux mouvements sociaux, la politique du PCF est plutôt appréciée par l'opinion. Les avis se partagent sur le point de savoir si ce parti en fait trop, pas assez ou suffisamment dans la critique de la société française. Sur ce point précis, les sympathisants communistes aimeraient visiblement que leur parti soit plus pugnace tandis que les socialistes se satisfont du positionnement actuel du PCF.

La meilleure image de celui-ci vient aussi du fait qu'une fraction non négligeable de l'opinion souhaiterait que "la gauche défende un projet plus à gauche qu'aujourd'hui". On remarque que c'est le cas d'un tiers des sympathisants socialistes. La majorité des sondés constate, au demeurant, que la droite et la gauche défendent actuellement des "projets de société" assez proches.

Cela ne signifie pas obligatoirement que l'opinion, même à gauche, espère voir ressurgir l'affrontement d'idéologies manichéennes. La "gauche réaliste" chère à Lionel Jospin, obtient les faveurs d'une majorité relative des personnes interrogées. Celles-ci privilégient le trio pauvreté-drogue-insécurité parmi les maux auquels la gauche doit s'opposer prioritairement. La prise en compte des "questions de société" rencontre une très forte demande. En positif, c'est le triple mot d'ordre travail-justice-sécurité qui l'emporte. Les sympathisants de gauche lui préfèrent la variation travail-justice-égalité.

Cette enquête confirme que l'univers de prédilection du PCF n'est plus la "classe ouvrière". L'apport du communisme pour "réussir une politique de gauche "est nettement plus apprécié chez les professions intermédiaires (45%) et les employés (41%) que parmi les ouvriers (36%). Cette analyse positive du rôle du PCF est d'ailleurs plus fréquente chez les personnes de niveau d'études supérieures que chez les "primaires". Autre évolution sociologique marquante : les communistes renouent avec une certaine écoute dans la jeunesse. La foi en l'avenir d'un communisme rénové est d'autant plus partagée que les personnes interrogées sont jeunes.

Notons enfin l'ambiguïté qui entoure l'opinion majoritaire selon laquelle la participation du PCF au gouvernement est une "bonne chose" pour lui-même. Partagée dans l'ensemble des catégories socio-professionnelles, cette opinion l'est particulièrement chez les revenus les plus élevés. Ceux qui pensent que la gauche devrait être "moins à gauche qu'aujourd'hui" ou qui estiment que le PCF est "trop critique" vis-à-vis de la société répondent également majoritairement que cette participation gouvernementale est une "bonne chose". Visiblement, ils se situent ici du point de vue du PCF, et non pas du leur. A moins que cette réponse ne révèle qu'une fraction de l'opinion apprécie que la solidarité gouvernementale limite l'ardeur contestatrice des communistes.

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