La place du mort angoisse les femmes

Les femmes passagères ont peur en voiture, mais ont du mal à en parler. Les résultats de l'enquête Ipsos / Ministère des Transports montrent aussi qu'elles éprouvent quelque difficulté à mettre en cause le comportement de leur conducteur.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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A l'occasion du cinquantième anniversaire de la Sécurité routière, Ipsos a sondé pour le ministère des Transports les états d'âme des femmes passagères. Cette enquête inédite donne des résultats plutôt inquiétants. En effet, plus de huit passagères sur dix déclarent avoir peur en voiture, souvent (30%) ou plus rarement (53%). Les visages se crispent surtout lorsque "les conditions climatiques sont mauvaises", lorsqu'il y a "beaucoup de monde sur la route" ou lorsque "le conducteur a consommé de l'alcool", plutôt sur les "petites routes de montagne" et les autoroutes. Pourtant, les femmes n'en veulent apparemment pas à leur conducteur. Plus de huit sur dix ont un avis positif sur la conduite de leur pilote, qu'elles jugent tantôt "prudente", tantôt "correcte", parfois même "excellente" ou "avec réflexes". Même si 70% d'entre elles avouent qu'il prend des risques au volant, rarement (59%), et même souvent (9%) et si ces risques remettent en cause leur sécurité, souvent (10%) ou rarement (51%), 60% des passagères anxieuses estiment que "ce n'est pas la faute du conducteur du véhicule, mais celle de l'environnement, des autres conducteurs ou des conditions climatiques".

Les femmes ont peur en voiture, mais ont du mal à en parler. Les trois quarts d'entre elles jugent difficile d'exprimer sa peur avec un conducteur que l'on connaît mal, et même un quart alors qu'elles connaissent bien leur chauffeur. Il faut vraiment un cas de "dépassement dangereux", de "vitesse excessive" ou de "non-respect de stops ou de feux rouges" pour qu'elles osent s'exprimer, le plus souvent en invoquant "les sanctions du code de la route" ou en lui rappelant qu'il a des enfants…. Même dans les cas d'extrême danger, 10% des copilotes préfèrent se cramponner et se taire, craignant "d'aggraver la situation" ou "d'énerver le conducteur". Ce mutisme est d'autant plus dommage que les deux tiers des passagères affirment que "le conducteur tient compte de leurs remarques dans sa manière de conduire".

La France compte toujours plus de morts sur les routes que la Suède, la Grande-Bretagne, l'Allemagne ou l'Italie. Cette enquête originale pourrait renouveler les thèmes de campagne en faveur de la sécurité routière, en responsabilisant les chauffards par l'intermédiaire de leurs angoissées compagnes.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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