La popularité de l'exécutif orientée à la baisse

Entre Jacques Chirac, qui perd huit points de bonnes opinions et Lionel Jospin qui en perd cinq, il semble que le ralliement de l'opinion derrière les deux têtes de l'exécutif suite aux attentats du 11 septembre s'estompe. La dernière vague du baromètre de l'action politique Ipsos-Le Point met également en évidence la baisse de popularité de Jean-Pierre Chevènement à droite, et la performance exceptionnelle d'Arlette Laguiller, qui devient la troisième personnalité politique préférée des Français.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Moins huit points de jugements favorables (55%), plus cinq points de jugements défavorables (35%), la popularité du Président de la République retrouve des niveaux comparables à ceux enregistrés avant les attentats du World Trade Center et du Pentagone. La baisse de soutien est surtout sensible chez les jeunes (moins 10 points en terme de solde* chez les moins de 35 ans), et chez les sympathisants de gauche (de 54 à 36% de jugements favorables en trois mois chez les proches de l'extrême gauche, du PC et du PS). En revanche, Jacques Chirac continue d'enregistrer des taux de popularité record chez les sympathisants de droite (94% d'avis favorables chez les proches du RPR, et 86% de bonnes opinions sur l'ensemble des proches de la droite parlementaire), qui lui permettent de tenir le Premier ministre à distance. Ce dernier ne bénéficie en effet pas du même soutien dans son propre camp, avec 71% de bonnes opinions chez les proches de la gauche plurielle. Les sympathisants écologistes notamment sont assez nuancés, avec seulement 53% de bonnes opinions (-11 points), contre 37% de mauvaises.

En repassant sous la barre des 50% de jugements favorables sur l'ensemble des Français (48%, moins 5 points), la popularité de Jospin entre à nouveau en zone de turbulences. Outre une nouvelle baisse auprès des sympathisants de droite (pour le Premier ministre aussi, la hausse du soutien des proches de droite dont il a bénéficié suite aux attentats est totalement effacée), il enregistre également une baisse de popularité chez ceux qui constituaient il y a quelques mois encore de forts pôles de soutien. On enregistre ainsi une dégradation de onze points en terme de solde chez les cadres supérieurs (53% d'avis favorables contre 42% d'avis contraires), où il conserve malgré tout l'avantage sur Chirac. La hiérarchie s'est en revanche inversée auprès des professions intermédiaires. Alors que le Premier ministre enregistrait régulièrement des taux de popularité supérieurs à ceux du chef de l'Etat dans cette catégorie socioprofessionnelle, il est ce mois-ci, et pour la troisième fois consécutive, devancé par Chirac dans cette PCS (55% de jugements favorables pour Lionel Jospin contre 60% pour Chirac). La cristallisation de l'électorat conservateur autour de Jacques Chirac n'a pas pour l'instant de symétrique à gauche, le ralliement des proches de la gauche plurielle derrière Jospin étant beaucoup moins net.

Le palmarès des autres leaders politiques voit ce mois-ci une nouvelle très bonne performance d'Arlette Laguiller, qui bat son record absolu de popularité depuis son entrée dans notre baromètre, en février 1999. Avec une majorité absolue de jugements favorables (52%; +3 points), la leader trotskiste s'empare même de la troisième place du palmarès des leaders politiques. Même si l'on connaît les ressorts d'une popularité qui doit beaucoup à la constance, à la longévité, à la personnalité de la tête de file de Lutte Ouvrière, cette troisième place est quand même tout à fait exceptionnelle pour une personnalité d'extrême gauche. La situation semble aujourd'hui un peu moins favorables pour les autres personnalités engagées dans la course à l'Elysée. Jean-Pierre Chevènement, qui voit s'effriter le soutien des sympathisants de droite (52% de jugements favorables, moins 17 points), ne bénéficie plus au total que de 49% de bonnes opinons sur l'ensemble des Français (-8). La popularité de Noël Mamère est en baisse de 8 points auprès des sympathisants de gauche, (de 56 à 48% de jugements favorables) mais le candidat écologiste est tout de même soutenu par 70% des proches des Verts. La popularité de Noël Mamère est toutefois loin de celle de Robert Hue, qui progresse de 4 points pour bénéficier à présent dans l'électorat potentiel de gauche de 59% de bonnes opinions. A droite, François Bayrou progresse de six points (53% d'avis favorables contre 33% d'avis contraires). Mais Philippe Douste-Blazy reste le plus populaire des centristes. Le maire de Toulouse est notamment la personnalité qui cristallise chez les sympathisants de droite le moins de jugements défavorables (19%, contre 65% de jugements favorables).

* différence entre jugements favorables et défavorables

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  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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