La tentation de la voie radicale peut paraître bien risquée pour le PS
Selon, Pierre Giacometti, directeur général d'Ipsos, gauche et droite ne pourront se passer d'intégrer dans leur stratégie l'instauration du quinquennat et l'inversion du calendrier électoral, qui rendent crucial le choix du "bon candidat" : la prochaine alternance potentielle se jouera sur une élection présidentielle. L'enquête Ipsos-Le Figaro-Le Point montre encore que s'il y a aujourd'hui pour la gauche de réelles opportunités de transformation, privilégier une lecture sur un clivage plus ou moins libéral du PS parait incompatible avec le caractère multidimensionnel des attitudes de l'électorat potentiel.
L'analyse en cours au PS selon laquelle l'abandon des valeurs traditionnelles de la gauche est à l'origine de sa défaite n'est-elle pas malmenée par les résultats de cette enquête ?
Les débats internes au PS sur les clivages traditionnels sont en partie caducs. Privilégier la lecture sur l'axe gauche-droite ou sur l'orientation plus ou moins libérale du PS ne me semble plus opérant au regard du caractère souvent multidimensionnel des attitudes des électeurs potentiels de la gauche. L'affirmation d'une sensibilité de gauche n'empêche pas des attitudes supposées "droitières" sur des sujets comme les retraites, les 35 heures ou l'instauration d'un service minimum dans le secteur public. Même constat quant au pragmatisme en matière de lutte contre l'insécurité.
Le PS devrait-il en conclure que son avenir est dans la social-démocratie ?
L'UMP n'a pas grande difficulté à identifier son "centre de gravité politique" : il est au centre-droit et ses électeurs le revendiquent en majorité. Pour la gauche, la question est plus délicate. De fait, le centre de gravité est à la fois moins accessible et potentiellement plus porteur d'originalité. La méfiance à l'égard des modèles anglo-saxons reste de mise, ce qui n'est pas contradictoire avec le pragmatisme affiché, notamment, par les plus jeunes générations. Il y a, à l'appui des attitudes de ces jeunes générations, une extraordinaire disponibilité pour une transformation de la gauche.
Le PS peut-il éclater s'il ne parvient pas à inventer de nouvelles valeurs capables de cimenter l'ensemble de la gauche ?
Le débat sur le statut de présidentiable des uns et des autres n'est bien sûr pas à l'ordre du jour. Pourtant, le PS, comme la droite, doit dès aujourd'hui intégrer dans sa stratégie les conséquences de l'instauration du quinquennat et de l'ordre des échéances électorales. Contrairement à l'après-1965, 1969, 1974, 1981, 1988 et 1995 – l'échéance décisive était législative – la prochaine alternance potentielle se jouera sur une élection présidentielle. Au-delà de la contrainte du choix de la personnalité qui symbolise la synthèse, la tentation de la voie "radicale" sur le plan idéologique peut paraître bien risquée au regard de cette contrainte.