La viande de bœuf britannique : quel accueil pour les consommateurs français ?

L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) a rendu le 19 septembre un avis favorable à la levée de l'embargo sur le boeuf britannique, que la France est aujourd'hui le seul pays d'Europe à maintenir. Le ministère de l'Agriculture a fait savoir dans la foulée que l'avis ministériel sur la levée ou non de l'embargo serait remis d'ici dix jours au Premier ministre Jean-Pierre Raffarin pour que le gouvernement arrête sa décision. S’appuyant sur les résultats de l’Observatoire de la Sécurité Alimentaire, Benoît Tranzer, Directeur Général d’Ipsos Observer, imagine un accueil des consommateurs Français réservé au bœuf britannique, si la levée de l'embargo était confirmée.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Si elle a finalement lieu, la décision de la levée de l'embargo du bœuf britannique se fera dans un contexte de méfiance : en France, les consommateurs considèrent toujours la viande de bœuf comme la catégorie de produit la plus sensible en termes de risques alimentaires.
Dans notre Observatoire de la Sécurité Alimentaire(*) nous avons en effet interrogé les Français sur plus de 50 catégories de produits différents. Nous leur avons demandé s'ils estimaient que "la consommation de ces produits présentait ou non un risque pour leur santé". Les résultats sont éloquents : contre un indice 100 exprimant ce risque perçu, la viande de bœuf hachée ou préemballée arrive en tête avec un indice de risque de 150, devant l'eau du robinet (indice 129), les plats cuisinés (indice 128), la viande de porc (indice 123) ou la charcuterie (indice 121).

Depuis l'apparition des différentes crises alimentaires de ces dernières années, de nombreux consommateurs ont changé leurs comportements et intégré ces éléments dans les achats et la consommation. Une typologie a ainsi pu être réalisée, en fonction d'une part du degré de réactivité des Français face aux crises alimentaire, et d'autre part par rapport à la perception plus ou moins négative que l'avenir leur réservait dans ce domaine (cf graphique ci-dessous). Au vu de ces résultats, on peut faire l'hypothèse qu'une grande majorité de Français réservera un accueil très réservé au bœuf britannique. Une très grande méfiance des consommateurs s'est installée dans le pays concernant ce problème et il faudra que tous les acteurs, qu'ils soient politiques, industriels, producteurs, distributeurs ou médias entreprennent un très gros travail commun de réassurance des citoyens/consommateurs pour l'inverser.

(*) Etude réalisée à l'aide d'un questionnaire auto-administré de plus de 120 questions auprès d'un échantillon représentatif national de 2034 Français âgés de 15 ans et plus sélectionnés selon la méthode des quotas


Au total, ce sont 64 % des Français qui se sentent directement concernés par les problèmes de sécurité alimentaire. Une grande majorité d'entre eux a déjà, par l'expérience des crises antérieures, modifié ses comportements alimentaires. Les populations les plus sensibles représentent près d'un tiers de la population (les "Contestataires militants", les "Gardiens du goût", les "Bio-éthiques" et les "ConsomActeurs").

N.B. :

"Les gardiens du goûts" (10%) : leurs inquiétudes pour l'avenir sont particulièrement fortes pour ce qui pourrait altérer le goût des aliments (OGM…). Ils ont déjà modifiés certains de leurs comportements de consommation et d'achat et le feront à l'avenir sur certaines catégories de produit. Ils ne sont pas insensibles à certains signifiants de qualité.

"Les ConsomActeurs" (8%) : ces Français qui ont fortement modifiés leur comportement de consommation particulièrement dans les domaines de la viande et de la charcuterie ont une vision très pragmatique de la sécurité alimentaire. Plutôt méfiants à l'égard des acteurs économiques ou politiques, ils n'en sont pas moins très influençables par certains émetteurs.

"Les Bio-éthiques" (8%) : les précédentes crises alimentaires les ont fait basculer dans de nouveaux comportements alimentaires dont le critère principal tient dans la qualité prouvée des aliments qu'ils consomment. Les achats des produits sont directement liés à la perception de qualité qu'ils peuvent avoir. Point intéressant seuls certains acteurs sont de nature à les influencer positivement.

"Les Contestataires militants" (4%) : Peu nombreux mais très virulents, leur vision très pessimiste du futur sur les risques alimentaires, les contrôles, le goût des aliments, l'environnement mais aussi l'impact de ces questions sur l'évolution des prix des produits les rendent méfiants face aux acteurs économiques et politiques. Ils sont à la recherche d'une forte réassurance sans quoi ils s'engageront plus avant dans la défense de ce qu'ils considèrent comme un droit à part entière : celui de consommer des aliments dont les risques ont été totalement écartés.


Pour plus d'informations vous pouvez joindre à Ipsos Observer :
Benoît Tranzer, Directeur Général au 01 53 68 28 90 ([email protected])

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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