L’absentéisme scolaire et le placement dans des établissements adaptés

Selon l’enquête Ipsos réalisée pour le Ministère de l’Education Nationale, les deux tiers des Français seraient favorables à la suspension du versement des allocations familiales pour les parents en cas d’absentéisme de leurs enfants scolarisés. Si cette mesure est jugée efficace a priori, certains craignent tout de même qu’elle ne vienne sanctionner plutôt que responsabiliser des familles qui rencontrent déjà des difficultés.

La majorité des Français et des parents d’élèves se montre favorable à la suspension du versement des allocations familiales pour les parents en cas d’absentéisme de leurs enfants scolarisés.

En effet, deux Français sur trois (65%) sont favorables à la suspension du versement des allocations familiales pour les parents en cas d’absentéisme de leurs enfants scolarisés.
Signe d’un bon accueil de cette mesure, 34% y sont même « tout à fait » favorables.
En revanche, 32% sont opposés à cette mesure.
Le niveau d’adhésion à cette mesure ne faiblit pas parmi les parents d’enfants scolarisés (62% y sont favorables, 38% se disant même « tout à fait favorables » à sa mise en oeuvre).

L’adhésion est nettement plus marquée parmi les partisans de l’UMP (85%, dont 54% de personnes « tout à fait » favorables) que des proches de la gauche parlementaire. Ces derniers se prononcent toutefois majoritairement en faveur de sa mise en place (55%, dont 21% de « tout à fait » favorables).

On observe en outre que l’opinion relative à cette mesure varie sensiblement selon la catégorie socioprofessionnelle des répondants.
Ainsi, les Français les plus modestes se montrent plus réservés à l’égard de la suspension du versement des allocations familiales en cas d’absentéisme des enfants scolarisés : 39% y sont opposés, logiquement plus sensibles à toute mesure signifiant une réduction potentielle de leurs revenus.
Les personnes titulaires d’un diplôme d’au moins bac+3 sont parmi les plus réservées, seulement 54% d’entre elles étant favorables au projet et 45% y étant opposées. Ceci est en partie corrélé au niveau d’adhésion enregistré parmi les sympathisants de gauche, au sein desquels l’on trouve traditionnellement une part importante de personnes diplômées de l’enseignement supérieur.

Si cette mesure est jugée efficace a priori, certains craignent qu’elle ne vienne sanctionner plutôt que responsabiliser des familles qui rencontrent déjà des difficultés

Aux yeux de 60% des Français et de 59% des parents d’élèves, cette mesure pourrait permettre de lutter efficacement contre l’absentéisme des élèves si elle venait à être appliquée. Toutefois, 39% des Français et 41% des parents d’élèves sont d’un avis contraire.
Logiquement, 82% des personnes se disant favorables à cette mesure pensent qu’elle sera efficace.
Une fois encore, les sympathisants de l’UMP se montrent de loin les plus convaincus de l’efficacité de cette mesure (75%, dont 38% qui pensent qu’elle sera « sûrement » efficace). Les sympathisants de gauche se montrent plus circonspects, mais néanmoins convaincus à une courte majorité (52%).
Là encore, les personnes titulaires d’au moins un bac + 3 sont plus réticentes et doutent majoritairement, 51% d’entre elles déclarant que cette mesure ne permettra pas de lutter efficacement contre l’absentéisme des élèves.

Le même rapport de force se dessine lorsque l’on demande aux Français d’exprimer leur opinion sur les fondements et les effets de cette mesure sur les familles. En effet, 59% estiment qu’il s’agit d’une mesure efficace qui permettra de responsabiliser les parents, tandis que 39% jugent que cette mesure est injuste car elle sanctionnera des familles qui rencontrent déjà des difficultés.
Si trois sympathisants UMP sur quatre (77%) estiment que cette mesure permettra de responsabiliser les parents, les partisans de gauche se montrent très partagés, 51% pensant qu’il s’agit d’une mesure injuste tandis que 47% jugent qu’elle serait efficace.
Le sentiment des plus modestes est également mitigé, 53% percevant cette mesure comme efficace alors que 44% considèrent qu’elle est injuste.

Le placement des élèves qui perturbent les cours dans des établissements adaptés est majoritairement bien accueilli

Trois Français sur quatre (75%) et 71% des parents d’élèves sont favorables à ce que l’on place dans des établissements adaptés les élèves qui perturbent les cours et ne peuvent suivre une scolarité normale.
L’adhésion à ce projet est largement majoritaire aussi bien à droite (85% des sympathisants UMP) qu’à gauche (78%).
Les personnes interrogées accueillent diversement les différents effets attendus de cette mesure.
Une large majorité (82% des Français et 78% des parents d’élèves) est convaincue que le placement de ces élèves en établissements adaptés améliorera les conditions d’enseignement des élèves dans les établissements normaux. Les sympathisants de droite (90%) comme de gauche (78%) en sont très majoritairement persuadés.
De même, 72% des Français et 70% des parents d’élèves estiment que cette mesure favorisera la réussite scolaire des élèves placés en établissements adaptés. Si 80% des sympathisants UMP sont de cet avis, l’opinion des personnes de gauche est plus partagée, bien que majoritairement favorable (64%).

Enfin, comme cela était déjà le cas à propos de la suspension des allocations familiales, l’opinion publique se montre quelque peu plus réservée quant aux effets de la mesure sur les parents. Les répondants adhèrent en effet plus modérément à l’argument selon lequel le placement des élèves qui perturbent les cours dans des établissements adaptés permettra de responsabiliser leurs parents. Si 64% des Français et des parents d’élèves sont convaincus par cet argument, celui-ci génère un net clivage parmi les répondants.
On observe ainsi que les sympathisants de droite sont nettement plus nombreux que ceux de gauche à penser qu’une telle mesure responsabilisera les parents des élèves concernés (72% contre 57%). Le fait que les catégories socioprofessionnelles supérieures, particulièrement nombreuses au sein de l’électorat de gauche, se montrent circonspectes à l’égard de cet argument (respectivement 56% et 48% des plus aisés et des personnes ayant au moins un diplôme de niveau bac +3) vient corroborer ce constat.

Auteur(s)

  • Stéphane Zumsteeg - Directeur Opinion et Recherche Sociale, Public Affairs
    Stéphane Zumsteeg
    Directeur du Département Opinion et Recherche Sociale, Public Affairs

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