L’accession à la propriété reste un objectif pour la majorité des Français
L'enquête réalisée par Ipsos pour le Crédit Foncier montre que la plupart des Français rêvent toujours de devenir propriétaires. Les craintes qui demeurent au moment de franchir le pas sont d'abord d'ordre psychologique, et moins liées au prix de l'immobilier ou à son financement.
L’accession à la propriété reste un idéal…
Sept Français non propriétaires sur dix se déclarent intéressés par la possibilité de devenir propriétaires de leur propre logement, 34% se disent même très intéressés. Les moins de 35 ans, très pessimistes face à la conjoncture immobilière sont aussi plus nombreux que le reste des Français non propriétaires à être intéressés par l’accession à la propriété. C’est le cas de plus des trois quarts d’entre eux (77%) quand les 35 ans et plus ne sont que 64%.
C’est que devenir propriétaire semble être considéré comme une étape de la vie par une majorité de Français, qu’ils soient eux-mêmes propriétaires ou non. Ainsi, 83% d’entre eux pensent qu’il est indispensable de donner la possibilité à chaque individu de pouvoir devenir un jour propriétaire de son propre logement : plus qu’une étape, l’accession à la propriété acquiert presque le statut de droit. Là encore, on observe un clivage générationnel : 90% des moins de 35 ans estiment qu’il est indispensable que chacun ait cette possibilité contre 80% des 35 ans et plus. Ces deux résultats restent certes très élevés, mais l’écart de 10 points entre les deux tranches d’âges n’est pas négligeable.
Parallèlement, les Français partagent aussi très largement l’idée selon laquelle être propriétaire de son propre logement au moment de la retraite c’est disposer de réelles assurances quant à son futur niveau de vie (83%) : acheter un logement permettrait ainsi de combler les failles du système social actuel, dont beaucoup doutent de la capacité à pouvoir assurer le niveau de vie des futurs retraités (notamment des baby-boomers). Fait intéressant, aucun clivage ne divise les Français, jeunes ou moins jeunes, sur cette dernière affirmation. On remarque tout de même que les non propriétaires sont un peu plus nuancés puisqu’ils sont 73% à être d’accord avec cette affirmation, contre 89% des propriétaires.
Enfin, si vu le contexte, les Français ont plus souvent du mal à penser que la propriété est un rempart contre la précarité, près de 7 personnes sur 10 soutiennent toutefois cette opinion (69%). Les non propriétaires se montrent une nouvelle fois bien plus nuancés, 60% d’entre eux étant d’accord (contre 73% des propriétaires) : étant eux-mêmes non propriétaires, ils ne mettent pas ce facteur en première position des risques vers la précarité et se rendent compte, au quotidien, que ne pas être propriétaire de son logement n’est pas un synonyme de précarité, même potentielle.
… qu’ils pensent pouvoir atteindre à moyen terme malgré les difficultés pour y arriver
En moyenne, les non propriétaires estiment qu’il leur faudrait huit ans pour disposer des moyens suffisants pour acheter un logement. Les plus jeunes sont plus nombreux à se projeter à court ou moyen terme dans l’achat d’un logement : 63% des moins de 35 ans pensent disposer de moyens suffisants d’ici à 10 ans, dont 39% disent qu’il leur faudra 5 ans au plus. Les 35-44 ans sont 62% à évaluer à 10 ans maximum le temps nécessaire à l’accession à la propriété alors que les 45 ans et plus ne sont que 23%. Par ailleurs, plus les non propriétaires sont âgés et plus ils sont nombreux à penser qu’ils ne pourront jamais accéder à la propriété : ils sont seulement 3% chez les moins de 35 ans, 9% entre 35 et 44 ans quand ils sont 36% parmi les 45 ans et plus. Ce clivage lié à l’âge semble logique, l’accession à la propriété étant vécue comme un processus assez long, l’espoir de devenir un jour propriétaire s’estompe à mesure que l’âge augmente.
Toutefois les Français considèrent qu’il est plus difficile de devenir propriétaire ces dernières années (78%). Aussi, pour une large majorité de Français (83%), sans dispositifs d’aides adaptés, il est très difficile aujourd’hui de devenir propriétaire de son logement et 80% pensent cela l’est particulièrement pour les plus jeunes.
Les freins de l’accession à la propriété sont plus liés à des facteurs psychologiques qu’aux prix de l’immobilier ou à son financement
Le premier obstacle cité par les non propriétaires est la crainte de s’endetter pour longtemps (38%). En seconde position, ils citent l’incertitude de leurs revenus à moyen terme (35%).
Les freins liés au crédit arrivent derrière : 31% des non propriétaires pensent que les difficultés pour obtenir un crédit sont démotivantes et 30% que les taux sont trop élevés. L’incertitude sur l’évolution des prix de l’immobilier, le manque d’aides financières et le manque d’information sur les différents dispositifs d’aide ferment la marche avec respectivement 15%, 10% et 5% de non propriétaires qui les citent.
Si les non propriétaires se montrent très majoritairement intéressés par le fait d’acheter leur propre logement, ils ne sont qu’une minorité à avoir entamé des recherches : 20% cherchent à acheter dont seulement 5% le font activement. Les 15% restants se partagent entre 10% qui attendent que les prix du marché baissent et 5% freinés par les difficultés d’obtention des prêts et le niveau élevé des taux d’intérêts. Restent donc 78% de Français non propriétaires qui aimeraient l’être mais qui ne cherchent pas à acheter de logement en ce moment, dont 16% à cause des prix trop élevés de l’immobilier. Plus de six non propriétaires sur dix (62%) intéressés par l’accès à la propriété disent ne pas chercher pour d’autres raisons, sans doute liées à une crise de confiance plus profonde.
Les Français ont besoin d’être mieux informés et sollicitent d’abord l’aide des banques et des pouvoirs publics
Peu informés sur l’ensemble des aides dont on peut bénéficier pour acheter son logement (58% se disent mal informés, dont 20% qui déclarent même être très mal informés) les Français non propriétaires sollicitent l’aide d’acteurs qu’ils considèrent légitimes dans le domaine de l’immobilier. C’est vers leur banque qu’ils se tourneraient en premier lieu pour obtenir des informations s’ils voulaient devenir propriétaires (52%). C’est aux collectivités locales qu’ils feraient ensuite le plus confiance (50%) et aux établissements financiers spécialisés (45%). Là encore, l’âge est un critère clivant : les moins de 35 ans citent d’abord les collectivités locales (58%) puis leur banque (49%) et des établissements financiers (45%) contrairement aux 35 ans et plus (56% iraient d’abord voir leur banque, 46% les établissements financiers et 42% leur collectivité locale). L’Etat et les médias sont les derniers acteurs cités par l’ensemble des non propriétaires (respectivement à 25% et 13%).
Conscients des difficultés d’accès au logement, les Français connaissent peu les récentes mesures prises par le gouvernement mais quand c’est le cas, ils se montrent globalement optimistes quant à leur efficacité. La construction de logements sociaux destinés à la vente aux particuliers convainc 43% des personnes interrogées, contre 10% qui ne pensent pas que cette mesure sera efficace. Plus de la moitié des personnes interrogées (55%) ne dispose pas d’assez d’informations pour juger de son efficacité ou n’en a même pas entendu parler. Le doublement du prêt à taux zéro est perçu comme pouvant être efficace aux yeux de 40% des Français, 10% pensant le contraire et 48% n’ayant pas assez d’informations ou n’en ayant pas entendu parler.
Enfin, l’extension du Pass foncier n’est jugée potentiellement efficace que par 27% des Français contre 26% qui disent l’inverse. Notons toutefois que près d’un Français sur deux (45%) estime ne pas avoir assez d’informations ou ne connaît pas cette mesure.