L'adhésion à l'euro progresse dans toute l'Europe

La dernière vague du baromètre Ipsos-AFP "Tendance des Opinions Publiques en Europe" montre que le soutien à la monnaie unique progresse dans les cinq principaux pays européens. En revanche, l'inquiétude demeure majoritaire en ce qui concerne l'évolution de la situation économique et sociale dans chaque pays.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Moins d'un an avant la suppression des monnaies nationales et le passage à la monnaie unique dans les pays de la zone euro, (les pièces et billets nationaux seront définitivement retirés de la circulation le 28 février 2002 au plus tard), l'adhésion à la monnaie unique européenne progresse sensiblement dans les principaux pays de l'union. Aujourd'hui, pour 58% des européens, l'euro évoque "quelque chose de positif" (+5 points par rapport à la vague de novembre dernier). Le soutien à l'euro devient très fort dans les pays du sud de la zone, en Espagne (69%, +7 points), en Italie (66%, +1) et en France (63%, +7). Au Nord, l'approbation redevient majoritaire en Allemagne (53%, +7), ce qui n'était plus arrivé depuis plus d'un an. Bien que toujours minoritaire, on enregistre également une progression du soutien en Grande-Bretagne (43%, +4 points, contre 50%).

Pour la deuxième fois consécutive, le moral "économique et social" des Européens progresse, pour retrouver le niveau qui était le sien avant les grèves de la rentrée. La vague de pessimisme relative à l'augmentation du prix des carburants qui avait inondé l'Europe en septembre dernier est amortie. Globalement, l'inquiétude quant à l'évolution de la situation économique et sociale du pays est légèrement majoritaire sur les cinq pays de l'étude (54% "d'inquiets", contre 43% de "confiants"), mais cette moyenne masque de fortes disparités entre pays. L'inquiétude est forte en Allemagne (60%, -1), et en Italie (55%, +2). Les Français sont plus partagés (51% d'inquiets contre 48% de confiants), à l'instar des Espagnols (49% d'inquiets, 46% de confiants). Les Britanniques sont quant à eux les seuls à être majoritairement optimistes (50% se déclarent confiants, contre 44% d'avis contraire).

Bien que la perception du climat économique s'améliore, les opinions restent sévères à l'égard de leurs dirigeants politiques. Dans les cinq pays testés, la défiance face à l'action gouvernementale et sa "capacité à faire face aux principaux problèmes du pays" est majoritaire. Cette défiance augmente sensiblement en France (51%, +5 points) et atteint des records en Italie (60%, +5 points). C'est au contraire la confiance qui progresse en Grande-Bretagne (43%, +9 points, mais une majorité absolue de Britanniques est toujours sceptique face à l'action du gouvernement de Tony Blair). Majoritaire dans toute l'Europe, la circonspection semble toutefois s'adresser à la sphère politique en général plutôt qu'au gouvernement en particulier. Elle ne s'accompagne en effet pas d'un fort souhait d'alternance. Dans l'hypothèse d'élections législatives anticipées, il n'y a qu'en Italie où l'on souhaiterait majoritairement la victoire de l'opposition (31%, contre 25% favorables au maintien du pouvoir en place).

Et encore, la Botte compte une majorité de personnes ne souhaitant ni la victoire de l'Ulivo, le gouvernement Amato, ni celle de l'opposition, ou qui préfèrent ne pas se prononcer (44%).

Dans les autres pays, le souhait de victoire du gouvernement en place l'emporte sur le souhait d'alternance. Le soutien des gouvernements Schröder en Allemagne et Blair en Grande-Bretagne progresse même depuis la dernière vague (respectivement 45%, +4 et 44%, +5). En France, le tiers des personnes interrogées souhaiterait la victoire de la gauche, contre 27% celle de la droite. Mais comme en Italie et en Espagne, la majorité des Français interrogés préfère choisir l'option "ni l'un ni l'autre" ou ne pas se prononcer (37%). La classe politique européenne souffre incontestablement d'un déficit de crédibilité.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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