L'aménagement du territoire, un enjeu d'importance pour les Français
L'enquête réalisée par Ipsos pour la DATAR (*) montre que les Français accordent une grande importance à l'aménagement du territoire. Pour presque tous les interviewés, ce domaine doit constituer une priorité du gouvernement, au service de la protection de l'environnement et du développement économique.
L'aménagement du territoire est perçu comme devant être "une priorité de l'action gouvernementale au cours des prochaines années" pour une large majorité de Français (79%). Parmi les différentes missions de l'aménagement du territoire, la sauvegarde de l'environnement et les actions de développement ou de reconversion économique sont considérées par le grand public comme ses objectifs prioritaires.
Au delà de ces priorités, une proportion significative de Français assignent également à la politique d'aménagement du territoire les objectifs d'une meilleure répartition des richesses entre les régions et d'une amélioration de l'attractivité économique de sa propre région.
Les objectifs liés à la dimension européenne de l'aménagement du territoire sont perçus avec moins d'acuité.
Un domaine principalement du ressort des collectivités locales mais dont on entend assez peu parler
Pour 68 % des Français, ce sont les collectivités locales qui doivent avant tout s'occuper de ce domaine en France, ce jugement progressant par rapport à 1997 (+ 11 points).
L'Etat, quant à lui, n'est plus cité que par 26 % de l'échantillon (-5 points) alors que l'Europe n'est considérée comme l'acteur principal que par une part très faible de la population (3% contre 8 % en 1997).
On peut penser que le débat actuel sur la poursuite de la décentralisation a eu un impact direct sur la perception qu'ont les Français des rôles respectifs des acteurs associés à l'aménagement du territoire.
Si ce souhait de confier l'aménagement du territoire à l'échelon local dont on se sent traditionnellement le plus proche doit être souligné, il ne signifie pas pour autant que les actions d'aménagement du territoire soient à l'heure actuelle fortement perçues dans le quotidien des Français. Plus d'un enquêté sur deux n'en entend parler que rarement (42 %) ou jamais (11 %) alors qu'une proportion un peu moins importante en entend parler très souvent (10 %) ou assez souvent (37 %).
Au-delà de ces résultats d'ensemble, le niveau de notoriété de ces mesures dépend largement du profil des personnes interrogées. En particulier, les Provinciaux en entendent plus parler que les Franciliens, la notoriété de ces actions étant par ailleurs plus forte dans le Nord et l'Est de la France, régions très concernées par les actions de reconversion industrielle menées ces dernières décennies.
Tel qu'il ressort de ce sondage, le niveau de notoriété de la DATAR (Délégation à l'Aménagement du Territoire et à l'Action Régionale) dépasse le résultat auquel on pouvait légitimement s'attendre s'agissant d'un organisme technique.
Cependant, si 41% des personnes interrogées "connaissent" la DATAR, seulement 7 % d'entre eux déclarent en connaître les missions.
Un jugement très partagé sur l'attractivité économique de la France
Les Français se partagent en deux groupes presque égaux en ce qui concerne l'attractivité qu'ils prêtent à leur pays pour encourager les entreprises souhaitant s'y implanter. 51 % d'entre eux considèrent qu'il s'agit d'un pays attractif alors que 47 % estiment le contraire.
Les éléments qui contribuent à rendre la France attractive pour les entreprises souhaitant s'y installer sont de diverses natures. La dimension physique est citée (sa position centrale en Europe, premier élément, cité par 45 % des personnes interrogées), mais aussi les dimensions économique (la qualité de sa main d'œuvre, 38 %), politique (les aides publiques et les subventions accordées aux entreprises, 33 %) et patrimoniale (sa qualité de vie, 32 %).
La principale raison évoquée par les personnes considérant que la France n'est pas attractive pour les entreprises souhaitant s'y implanter tient à la lourdeur des charges fiscales et sociales pesant sur les entreprises (87 %).
D'autres raisons sont également avancées mais dans de moindres proportions. On reproche aussi à la France un certain manque de souplesse (la durée légale du travail ou le droit du travail en matière d'embauches et de licenciements, respectivement cités par 28 % et 21% des Français) mais aussi un climat social parfois trop conflictuel (31 %), souvent considéré comme une spécificité française, susceptible de rebuter les investisseurs.
L'Europe, acteur méconnu de l'aménagement du territoire en France
Même si très peu de Français considèrent que l'Europe doit être l'acteur principal de l'aménagement du territoire en France, 19 % des enquêtés (notamment les catégories sociales supérieures) estiment néanmoins que l'Union européenne le finance de façon importante.
La moitié des Français pensent en revanche que l'Europe ne le finance que de façon peu importante. Ce jugement s'explique aisément : peu de Français connaissent bien un sujet aussi technique que l'aménagement du territoire (près d'un quart des personnes interrogées ne s'est d'ailleurs pas prononcé sur cette question). La contribution de l'Etat échappant largement à l'opinion publique, il n'est pas étonnant que peu d'entre eux connaissent le rôle réel joué par l'Union européenne.
Une perception significative des inégalités territoriales entre les régions françaises
Plus des trois quarts des Français considèrent que les différences de niveau de développement entre les régions françaises sont très ou plutôt importantes. Les domaines dans lesquels ils souhaitent que soient réduites en priorité ces différences illustrent dès lors la définition qu'ils donnent à ces inégalités.
Leurs réponses sont intimement liées aux problématiques du désenclavement de certaines régions et de l'égal accès de tous aux services publics. Les infrastructures de transports et de communications (42 %) et les services publics tels que les hôpitaux ou la Poste (38 %) sont ainsi les deux domaines vers lesquels doivent converger prioritairement les efforts pour réduire les différences entre les régions.
Hormis ces deux aspects les plus cités, les différences dans des domaines plus économiques et financiers sont également avancées (le développement économique, 35%, ainsi que les moyens financiers dont disposent les collectivités locales, 34 %).
En revanche, des infrastructures plus spécifiques tels que les équipements et moyens éducatifs (25 %) mais surtout les équipements sportifs et culturels (11 %) sont considérés comme plus accessoires pour réduire les différences entre les régions (à l'exception des plus jeunes qui privilégient davantage que les autres les équipements sportifs et culturels ainsi que les femmes, plus préoccupées par les équipements et moyens éducatifs). Ce résultat peut traduire, au contraire, que sur ces thèmes, les personnes interrogées ne perçoivent sans doute pas d'inégalités territoriales criantes.