L’an I de la consommation durable
Avec le prix Nobel de la paix décerné à Al Gore et au GIEC, l’année 2007 a consacré le début d’un nouveau cycle de consommation. Fini le temps des discours sur l’environnement, le temps des actes est venu. Pourtant, dans notre société de l’urgence où tout se périme très vite, des voix s’inquiètent déjà. Les consommateurs ne vont-ils pas se lasser ? Le catastrophisme de certains experts ne va-t-il pas les inciter à ne rien faire puisque les efforts à réaliser sont démesurés ? L’inflation qui augmente ne va-t-elle pas mettre un coup d’arrêt au début de l’engouement ?
D’abord, première constatation : le sujet de l’environnement reste extrêmement présent dans la tête des consommateurs. Le réchauffement climatique, par exemple, est une réalité pour la grande majorité des personnes interrogées. Pour 73% d’entre eux, les conséquences de celui-ci sont déjà visibles aujourd’hui. Le chiffre atteint 76% chez les moins de 35 ans et 78% pour ceux qui ont un ou plusieurs enfants. Seulement 11% des Français ne croient pas du tout à la réalité du réchauffement de la planète.
Les chemins de la consommation verte
Dans ce contexte, consommer des produits plus « durables » ou respectueux de l’environnement, apparaît sinon comme une nécessité, au moins comme un moyen d’action essentiel. Mais comment s’orienter dans l’offre émergente ?
De fait, selon les secteurs, la situation se présente de manière plus ou moins opaque aux yeux des consommateurs. Rares sont les secteurs pour lesquels les Français s’estiment suffisamment informés. Seule l’automobile a une longueur d’avance et obtient un chiffre au-dessus de la moyenne : 58% des consommateurs français se considèrent suffisamment informés sur l’impact environnemental de cette industrie. Les autres secteurs étudiés dans l’enquête sont moins bien lotis. Ainsi seulement 22% des consommateurs se sentent bien informés sur l’environnement dans le domaine de l’ameublement et de la décoration ou dans celui du textile. Pour les produits d’hygiène et de beauté, le chiffre s’établit à 28%. Autant dire que, pour ces catégories, tout reste à faire. D’autant que, compte tenu de l’influence de la sensibilité écologique aujourd’hui, les consommateurs qui se déclarent peu intéressés par le sujet sont une infirme minorité. D’une manière générale, les consommateurs veulent clairement en savoir plus sur l’impact des produits et services qu’ils consomment. Pour les trois catégories (textile, hygiène-beauté, ameublement), 10% seulement des consommateurs déclarent ne pas vouloir davantage d’informations – bien qu’ils reconnaissent eux-mêmes être « mal informés ». On notera la relative bonne performance, dans ce classement des produits électroménagers ainsi que des produits d’entretiens pour la maison : 40% environ des consommateurs estiment avoir une bonne information. Un bon début. Autre performance à souligner : celle des produits technologiques (téléphones portables, TV, ordinateurs…) : 36% des consommateurs s’estiment bien informés. Cela ne fait toujours qu’un tiers mais, là encore, c’est un bon capital de départ.
Existe-t-il des grandes différences selon l’âge ou le sexe ? Sur des sujets déjà largement traités comme l’automobile, ce n’est pas le cas. Les femmes comme les hommes estiment avoir le même niveau d’information. En revanche, sur les autres catégories, c’est en général les femmes qui veulent en savoir davantage. En technologie, 56% des femmes (contre 47% des hommes). Dans le domaine alimentaire, même tendance, mêmes chiffres. En termes d’âge, la demande d’information est transgénérationnelle.
Il va falloir répondre à cette demande nouvelle et majoritaire. L’an I de la consommation durable sera donc avant tout l’an I de l’information. C’est le premier enjeu fort de cette révolution verte dont on dit aux Etats-Unis qu’elle en est à peu près au niveau où l’ère Internet se situait au milieu des années 1990… Et l’on susurre déjà là-bas que le nouveau Bill Gates sera un entrepreneur dans le domaine de l’environnement…
Fiche technique :
Données techniques : Enquête réalisée par Ipsos Marketing pour Marketing Magazine en janvier 2008 auprès d’un échantillon représentatif de 500 personnes interrogées on-line