Le baromètre de l'action politique tire les leçons des régionales

D'ordinaire au lendemain d'une élection, l'opinion sanctionne les battus. Selon cette règle, la dernière vague du baromètre de l'action politique Ipsos-Le Point confirme bien la portée nationale du scrutin du 28 mars. L'impopularité de l'exécutif progresse sensiblement : le chef de l'Etat passe la barre des 50% de mauvaises opinions, le Premier ministre en est quant à lui à 61%. A l'inverse, malgré sa défaite surprise en Pays de la Loire, François Fillon profite d'une notoriété plus forte pour gagner dix points d'avis favorables. A gauche, Ségolène Royal encaisse les subsides de sa victoire sur les terres du Jean-Pierre Raffarin : elle entre directement dans le top 5 du palmarès des leaders politiques établi par l'ensemble des Français, et à la première place du classement des sympathisants de gauche.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Après le score historique réalisé par la gauche aux régionales, la nomination du gouvernement "Raffarin III" et l'annonce du nouveau "cap social" n'a pas vraiment infléchi la gronde des Français face à l'exécutif. Pour la première fois depuis 7 ans, et la période précédant la dissolution de l'Assemblée nationale de 1997, Jacques Chirac passe la barre des 50% d'avis défavorables (51%, +3). Il conserve toutefois la confiance de 46% des Français, essentiellement des sympathisants de droite (85% de bonnes opinions chez les proches de l'UMP). Comparativement, la situation du chef du gouvernement semble plus périlleuse. Jean-Pierre Raffarin n'atteint pas encore les records d'impopularité d'Alain Juppé (jusqu'à 75% d'avis défavorables fin 96), mais s'en rapproche. Son action est aujourd'hui critiquée par 61% des Français, par 89% des proches du PS, et même par près du tiers des sympathisants de droite (31%).

Ce désaveu de l'exécutif n'atteint toutefois pas les membres du "nouveau" gouvernement, qui bénéficient de leur exposition médiatique pour progresser en notoriété. Cela dit en valeur absolue, l'augmentation des avis favorables est souvent supérieure à la baisse des "sans opinions". On relèvera la progression de Dominique de Villepin, qui grimpe à la quatrième place du palmarès des leaders politiques (57% d'avis favorables, +16 points par rapport au mois dernier), et surtout celle de Jean-Louis Borloo (+20 points, 48% de bonnes opinions). Le ministre de l'Emploi talonne à présent Michèle Alliot-Marie (51%, +10 points). Philippe Douste-Blazy, nouveau ministre de la Santé, s'attaque quant à lui au dossier de la Sécurité Sociale avec un crédit de 43% de bonnes opinions (+9 points). Bien qu'en progression, la popularité de ces personnalités reste toujours assez loin de celle de Nicolas Sarkozy, que son passage de l'Intérieur aux Finances n'altère pas. Il recueille le soutien de deux Français sur trois (+8 points) et de la quasi-totalité des sympathisants de droite (92%). Fort de la relative bienveillance du peuple de gauche (44% d'avis favorables), il reste et de loin le ministre le plus populaire.
Seul bémol pour la majorité, l'entrée discrète dans le baromètre de Jean-François Copé. Antépénultième au classement, juste devant Olivier Besancenot et Jean-Marie Le Pen, il ne bénéficie que de 30% d'avis favorables ; le porte parole du gouvernement souffre surtout d'un déficit de notoriété (39% de non-réponse, le plus fort taux des 30 personnalités testées).

A gauche, la prime aux vainqueurs a fonctionné à plein. Nouvelle figure de proue du PS, Ségolène Royal profite d'une nette victoire sur les terres de Jean-Pierre Raffarin pour entrer directement à la première place des leaders politiques préférés des sympathisants de gauche (79% d'avis favorables). Ce satisfecit lui permet d'atteindre la cinquième place sur l'ensemble de l'échantillon (56% de bonnes opinions). François Hollande n'est pas en reste, puisqu'il progresse de 9 points (42% de bonnes opinions, 68% chez les proches de la gauche). Bien que n'ayant pas été candidat, Bertrand Delanoë bénéficie de la dynamique favorable à la gauche pour retrouver le podium du baromètre (58% d'avis favorables, +6 points, 77% dans son propre camp). Un ton en dessous, les popularités de Dominique Strauss-Kahn 41%, +8 points) et de Laurent Fabius (37%, +5) sont également orientées à la hausse. Quant au Parti socialiste, il est aujourd'hui crédité de 51% de bonnes opinions (+5 points), un score qu'il n'avait pas atteint depuis mars 2002


Fiche technique :

SONDAGE EFFECTUE POUR : LE POINT
DATE DU TERRAIN : Les 2 et 3 Avril 2004
ECHANTILLON : 958 personnes constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
METHODE : Etude réalisée par téléphone.
Quotas : sexe, âge, profession du chef de famille, catégorie d’agglomération, région.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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