Le bilan positif des enquêtes préélectorales Ipsos
Le bilan des enquêtes préélectorales effectuées par Ipsos pour le Point est globalement satisfaisant, si l’on veut bien se rappeler des limites de l’instrument et prendre en compte les enquêtes confidentielles, réalisées mais non publiées, pendant la dernière semaine de la campagne électorale.
Cet exercice était rendu, pour ce scrutin, particulièrement difficile en raison du faible niveau d’intérêt manifesté et de l’indécision inhabituellement prolongée des électeurs. Ce désintérêt s’est traduit par une faible mobilisation le jour du scrutin, et parallèlement, par une prise de décision tardive. Pour une part non négligeable du corps électoral, la décision définitive s’est opérée le jour même du scrutin.
Les choix de la dernière période, voire des derniers jours, expliquent pour partie les différences observables entre les derniers sondages publiés et les résultats. Ces divergences s’expliquent mieux en étudiant l’évolution de l’opinion telle que les ultimes enquêtes la révélaient. C’est ainsi que la chute de la liste Sarkozy-Madelin est lisible dans le tableau que nous publions : de 17% des intentions de vote fin mai, elle recule régulièrement jusqu’à 13,5% la veille du scrutin pour finir à 12,7% au fond des urnes. En sens inverse, la montée en puissance de la liste Pasqua-Villiers a été plutôt bien estimée. Quant à la liste Hollande, son résultat est très proche de celui qui lui était attribué par deux des trois enquêtes confidentielles Ipsos. La " sous-estimation " de la dernière mesure est significative des hésitations de l’électorat socialiste ou bien des difficultés à apprécier une sensibilité électorale devenue centrale.
A cette exception près, le résultat définitif ne s’écarte de plus d’un point du dernier sondage Ipsos que pour trois listes. L’impact de celle du PCF semble avoir été surestimé, peut-être en raison de la difficulté d’apprécier le niveau de mobilisation réel de l’électorat populaire, sans doute aussi parce qu’une partie de l’électorat communiste s’est dispersé vers d’autres listes que celle de Robert Hue le jour du scrutin. Pour des raisons qui peuvent être analogues, les ultimes intentions de vote pour la liste du FN se sont révélées trop élevées. Un phénomène inverse s’est manifesté dans le cas de la liste " Chasse, pêche, nature et traditions ". Créditée la veille du scrutin de 4,5%, elle a effectivement rassemblé 6,8% des voix. Cette erreur, même si Ipsos a estimé à 5% cette liste à deux reprises, est sans doute à mettre au compte du manque de stabilité de cet électorat, qui a émergé depuis dix ans, mais qui prend aujourd’hui une dimension nationale nouvelle.