Le centre-ville attire les Français

Une vaste enquête Ipsos pour Le Moniteur fait le point sur les choix de résidence et de déplacement des Français. Cette enquête met en lumière l'attraction exercée par le centre des agglomérations. Elle montre aussi que les contraintes professionnelles pèsent lourdement sur l'habitat.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Un Français sur trois considère qu'il vit dans un village, à la campagne

Deux tiers des Français déclarent vivre dans une agglomération, soit dans sa principale commune (26 %), soit dans une commune proche (34 %) ou éloignée (6 %). La résidence dans une agglomération près de la principale ville est majoritaire chez ceux qui habitent dans un ensemble urbain composé de 20 000 à 100 000 habitants.

Un lieu d'habitation choisi avant tout pour son cadre mais aussi pour des raisons professionnelles

Quand on leur demande quels sont les éléments qui ont le plus compté dans le choix de leur lieu d'habitation, les Français avancent deux raisons principales. La qualité de l'environnement et du cadre de vie est ainsi citée par plus d'un tiers d'entre eux (35 %, mais plus encore par les personnes vivant en zone rurale) et la proximité par rapport à son lieu de travail par 33 % (plus particulièrement les personnes vivant en agglomération et celles, logiquement, exerçant une activité professionnelle).

Les autres raisons avancées tiennent principalement à la proximité par rapport à sa famille (21%, tout type d'habitat confondu), aux équipements scolaires et universitaires (18 %, surtout en agglomération), aux commerces et équipements culturels (14 %) ou aux transports en commun (11 % de l'ensemble mais 25 % en agglomération parisienne). Plus surprenant, la recherche d'un certain type de logement (11 %) ou les raisons financières (10%) ne sont avancées que par une part marginale de la population. Cette dernière réponse est sans doute sous-estimée par la difficulté d'avouer que l'on est contraint de ses finances personnelles. Le choix du lieu de résidence semble ainsi principalement déterminé par son environnement général et le caractère pratique que ce lieu offre (proximité professionnelle, éducative pour les enfants, commerciale ou culturelle, proximité des transports…). Les contraintes financières, si elles restent bien évidemment indissociables du choix de son logement, ne constituent qu'un postulat de départ : on choisit d'abord sa zone d'habitation selon ses priorités ou ses souhaits, pour ensuite y chercher un logement en fonction de ses moyens financiers.

Compte tenu de ce constat (et de la faible importance des raisons financières dans le choix de l'endroit), 75 % des personnes interrogées considèrent logiquement qu'elles ont choisi l'endroit où elles habitent malgré des contraintes professionnelles ou financières (49 % considèrent même qu'elle l'ont tout à fait choisi). Rappelons néanmoins qu'un choix de vie aussi important que le lieu de résidence appelle généralement un discours d'auto-justification.

Ce sentiment, partout largement majoritaire est toutefois plus nuancé chez les plus jeunes (sans doute parce qu'ils vivent souvent chez leurs parents ou qu'étudiants, leurs moyens financiers sont limités) mais aussi chez les personnes vivant en agglomération mais loin de la principale ville et celles utilisant quotidiennement ou presque des trains grandes lignes.

Des villes méridionales plus attirantes que les autres

Les villes dans lesquelles les Français préféreraient vivre sont surtout celles situées au sud du pays et réputées disposer d'un climat plus agréable qu'au nord. Ainsi, Montpellier et Toulouse sont les villes les plus citées (respectivement 19 % et 18 %) devant des villes situées moins au sud mais réputées dynamiques et assez proches du littoral telles que Nantes et Bordeaux (12 %).

Paris mais aussi des villes réputées plus " froides " telles que Clermont-Ferrand, Lyon, Strasbourg et Lille ne sont que très peu privilégiées. En outre, Marseille, ville pourtant littorale et bénéficiant d'un climat attractif, semble toujours pâtir d'une mauvaise réputation (à l'exception des moins de 25 ans pour qui Marseille est la ville la plus attrayante).

Par ailleurs, les villes proposées semblent plus attirantes pour les personnes habitant dans des départements ou des régions proches de celles-ci : ainsi, ce sont par exemple les habitants du Sud-Ouest qui choisissent le plus volontiers Toulouse, Bordeaux ou Montpellier, ceux du Sud-Est qui citent le plus Lyon ou les Franciliens qui préfèrent Paris. La capitale est particulièrement prisée par les cadres supérieurs et les titulaires de hauts revenus.

Fait révélateur, 13 % des personnes interrogées ont répondu qu'elles ne préféreraient vivre dans aucune de ces villes, signe qu'une part non négligeable de la population considère comme peu enviable de vivre dans une grande ville (cette tendance est encore plus accentuée chez les personnes âgées de plus de 60 ans).

Des temps de trajet d'autant plus longs que l'on habite en agglomération, mais loin de la principale ville

70 % des personnes exerçant actuellement une activité professionnelle travaillent dans l'agglomération la plus proche de chez elles : 48 % dans la principale commune (plus particulièrement les personnes y habitant déjà) et 22 % à sa périphérie. 16 % des Français travaillent dans une autre agglomération de celle dans laquelle ils habitent (plus particulièrement les hauts revenus), 9 % à la campagne et 4 % à leur domicile.

De manière générale, 78 % des Français utilisent chaque jour une voiture. Son usage est d'autant plus fréquent que l'on habite la campagne (90 %) alors qu'il n'est que de 65 % pour les personnes habitant la ville principale d'une agglomération et de 54 % pour les habitants de l'agglomération parisienne. 18 % utilisent quotidiennement ou presque les transports en commun (mais c'est le cas d'un quart des personnes vivant en agglomération), 7 % seulement un deux-roues et 2 % un train grandes lignes. Les transports publics sont plus souvent utilisés par les femmes que par les hommes, par les jeunes et le vieux que par les tranches d'âge moyennes.

En moyenne, les personnes exerçant une activité professionnelle mettent 20 minutes à se rendre à leur travail (mais 30 minutes en Ile-de-France). L'ensemble des Français met en moyenne 13 minutes pour se rendre de chez eux au centre ville le plus proche et 14 minutes pour se rendre dans une zone commerciale. De manière générale, les personnes habitant en agglomération mais loin de la principale ville sont celles qui mettent le plus de temps.

Un arbitrage entre commerces de centre ville et grandes surfaces qui dépend du type d'achats

Pour leurs sorties, les Français privilégient majoritairement les magasins de centre ville (68%) par rapport aux grandes surfaces (18 %). C'est également le cas, quoique dans une moindre mesure en ce qui concerne leurs achats de vêtements (56 %, surtout en ville centre, contre 38 % même si le rapport est inversé en Ile-de-France où l'on se rend majoritairement dans les centres commerciaux pour ce type d'achats). Les revenus modestes sont les plus enclins à fréquenter les centres commerciaux pour s'habiller.

En revanche, les Français privilégient massivement les grandes surfaces pour leurs achats d'équipement (71 %) et leurs achats domestiques (77 %). De manière générale, ce sont les Franciliens qui sont les plus prompts à utiliser les grands centres commerciaux. Cette pratique est sans doute liée à l'habitude d'effectuer des achats regroupés le week-end.

Une utilisation extra-professionnelle de l'Internet qui concerne surtout les loisirs

29 % des Français ont aujourd'hui accès à l'Internet, chez eux ou sur leur lieu de travail. Son accès est plus répandu chez les hommes, les moins de 45 ans, les cadres supérieurs, les actifs et en région parisienne.

42 % des Français ayant accès à l'Internet l'utilisent pour leurs loisirs.
Ils ne sont toutefois que très peu nombreux à l'utiliser pour leurs achats, qu'il s'agisse de l'équipement du logement, des achats domestiques ou de vêtements.

En revanche, si l'Internet le permet facilement à l'avenir ou s'ils en dispose un jour, une part non négligeable de la population déclare qu'elle s'en servira surtout pour ses loisirs (43 % de l'ensemble mais 70 % de ceux y ayant déjà accès) mais aussi, quoique dans une proportion très minoritaire, pour ses achats. Ce sont naturellement les personnes qui disposent déjà d'un accès à la Toile mondiale qui sont les plus promptes à déclarer compter s'en servir davantage à l'avenir. Mais, au stade actuel, la méfiance envers le commerce électronique demeure massivement majoritaire en France.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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